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CHIANG CHING-KUO (1909-1988)

Chiang Ching-kuo, 1975 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Chiang Ching-kuo, 1975

Fils de Chiang Kai-chek (Tchiang Kai-chek) qui l'envoie, adolescent, suivre les cours de l'université Sun Yat-sen à Moscou, Chiang Ching-kuo (Jiang Jingguo) ne regagne la Chine qu'en 1937, soit dix ans après la rupture intervenue entre son père et Moscou. En Union soviétique, le jeune Chiang est entré au Parti communiste, a travaillé comme cadre administratif dans une usine de l'Oural et s'est marié avec une Soviétique ; on le dit alors « récupéré » par les Russes et reniant son père qu'il qualifie de contre-révolutionnaire. En 1940, deux ans après son retour en Chine, Chiang se voit malgré cela confier par son père des fonctions de commissaire administratif dans le Jiangxi, puis de commissaire économique à Shanghai, en 1948. L'année suivante et jusqu'à 1952, Chiang Kai-chek lui confie l'organisation du Guomindang à Taiwan ; à partir de 1950 également, il dirige le département de politique générale au ministère de la Défense et établit un réseau de commissaires dans l'armée ; empruntant encore au modèle soviétique, il crée le Mouvement des jeunesses de Chine, à l'instar du komsomol. En 1957, pour mieux contrôler l'armée (il a déjà la police secrète), Chiang établit un organisme ayant pour fonction d'assurer l'assistance professionnelle auprès des anciens combattants ; une telle mesure renforce bien évidemment la confiance de l'armée dans le gouvernement, confirme le prestige du jeune Chiang et permet d'étendre le contrôle aux populations civiles par le biais des activités professionnelles. Ministre de la Défense en 1965, il devient Premier ministre en 1972 et, pour mieux unir les Taiwanais et se rendre populaire, il engage une lutte à tous les niveaux contre la corruption. Soucieux de réduire les inégalités sociales et de faire respecter la justice en matière intérieure, il se montre opposé aux ouvertures en politique extérieure. Souple avec les États-Unis (le traité de défense mutuelle et l'aide des États-Unis sont des garanties essentielles pour Taibei), il a violemment critiqué le voyage du Premier ministre japonais Tanaka à Pékin en septembre 1972. En 1974, il devait contribuer à faire adopter la décision d'interdire l'atterrissage des avions de la Japan Air Lines sur le sol de Formose après que Tōkyō eut décidé de reconnaître la seule Chine communiste à l'O.N.U. et d'établir une ambassade nippone à Pékin.

Chiang devient président en 1978. La fin de son mandat verra le régime taiwanais s'assouplir : abolition de la loi martiale, autorisation accordée aux résidents de rendre visite à leur famille en Chine populaire (1987) ; libéralisation de la réglementation sur la presse (1988). À sa mort, le Parti communiste chinois envoie ses condoléances au Guomindang.

— Yves SUAUDEAU

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Pour citer cet article

Yves SUAUDEAU. CHIANG CHING-KUO (1909-1988) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Chiang Ching-kuo, 1975 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Chiang Ching-kuo, 1975

Autres références

  • TAÏWAN [T'AI-WAN]

    • Écrit par Philippe CHEVALÉRIAS, Évelyne COHEN, Jean DELVERT, Universalis, François GODEMENT, Adrien GOMBEAUD, Frank MUYARD, Angel PINO, Isabelle RABUT, Pierre SIGWALT, Charles TESSON
    • 23 403 mots
    • 11 médias
    Depuis lors, le président Chiang Ching-kuo (fils et successeur de Chiang Kai-shek), poussé il est vrai par les progrès de l'électorat d'opposition et par les pressions américaines, a franchi les étapes d'une libéralisation prudente : jusqu'en 1986, celle-ci a concerné les libertés d'expression et le...