TAÏWAN [T'AI-WAN] (FORMOSE)
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Nom officiel | Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971] |
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Chef de l'État | Tsai Ing-wen (depuis le 20 mai 2016) |
Chef du gouvernement | Su Tseng-chang (depuis le 14 janvier 2019) |
Siège du gouvernement | Taipei |
Langue officielle | chinois mandarin |
Unité monétaire | nouveau dollar de Taïwan (TWD) |
Population | 23 196 000 (estim. 2022) |
Superficie (km2) | 36 197 |
La république de Chine
Le statut international
Décidée à l'occasion des conférences internationales du Caire (1943) et de Potsdam (1945), la restitution de Taïwan à la Chine devint effective en août 1945, immédiatement après la capitulation japonaise. Les forces aéronavales américaines permirent aux troupes du Kuomintang de débarquer immédiatement dans l'île, d'obtenir la reddition de la garnison japonaise et de réoccuper Taïwan.
Tchiang Kai-chek, Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill se rencontrent du 22 au 26 novembre 1943, lors de la conférence du Caire (Égypte), pour régler des questions de stratégie militaire en Asie, et notamment contre le Japon.
Crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images
Mais le pouvoir du K.M.T. était aussi précaire à Taïwan que dans le reste du pays. Les étudiants de Taïwan participèrent à la grève générale des étudiants chinois de décembre 1946, pour protester contre le viol d'une étudiante de Pékin par un soldat américain. Le 28 février 1947, une révolte contre le K.M.T., dirigée par des éléments du centre démocratique et soutenue par les communistes, éclata à Taïwan ; du 8 au 16 mars, plus de dix mille opposants furent tués par la police et l'armée du Kuomintang (massacre du 2-28).
L'autorité de Chiang Kai-shek n'était pas bien établie à Taïwan quand, en 1949, les communistes parvinrent au pouvoir. Acculé à la défaite, Chiang décida de se réfugier sur l'île, avec l'aide militaire et l'appui politico-financier des Américains. En juin 1950, alors qu'une offensive communiste contre Taïwan semblait imminente, éclatait la guerre de Corée, fournissant aux États-Unis l'occasion de renforcer leur contrôle sur Taïwan.
Naissance de la République populaire de Chine, 1949
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Crédits : The Image Bank
Le 27 juin 1950, un executive order du président Truman décidait que l'avenir de Taïwan ne pouvait être décidé qu'une fois la paix revenue et que l'île était provisoirement « neutralisée ». La VIIe flotte américaine, en conséquence, prenait position dans le détroit de Formose. Mais Washington abandonna vite cette solution d'attente. Une mission militaire américaine arriva dans l'île dès mai 1951. En 1953, le principe de neutralisation posé en 1950 par Truman fut officiellement abandonné par Eisenhower, qui annonçait que les nationalistes chinois de Taïwan étaient « lâchés », laissés libres d'attaquer la Chine populaire. En 1954, après la fin des guerres de Corée et d'Indochine, les États-Unis signaient des traités militaires avec Syngman Rhee, le président sud-coréen, d'une part, Chiang Kai-shek de l'autre, garantissant leur pouvoir et leur accordant leur plein appui militaire, diplomatique et financier.
Taïwan était donc complètement intégrée au système géopolitique américain d'encerclement de la Chine populaire en Asie orientale, système fondé sur une chaîne de régimes autoritaires, impopulaires, largement subventionnés de l'extérieur : Corée du Sud, Philippines, Vietnam du Sud, Thaïlande et Taïwan.
Sur le plan diplomatique international, ce statut nouveau de Taïwan eut d'importantes conséquences pour le fonctionnement de l'Organisation des Nations unies. Dès la fondation de celle-ci, en effet, la Chine détenait un siège permanent au Conseil de sécurité, assorti du droit de veto. En 1950 (et jusqu'en 1971), la majorité proaméricaine de l'O.N.U. reconnut le gouvernement du K.M.T. réfugié à Taïwan comme titulaire de ce siège, refusant du même coup l'accès de l'O.N.U. à la Chine populaire.
Taïwan se trouva ainsi constituer une sorte de test pour la politique extérieure d'un gouvernement, tant en ce qui concerne le vote à l'O.N.U. sur la question du titulaire du siège chinois qu'en ce qui concerne les relations bilatérales entre États. Pendant toute cette période, la décision d'entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan plutôt qu'avec Pékin était un signe sûr de l'orientation proaméricaine d'un gouvernement. Mis à part le cas des régimes autoritaires d'Extrême-Orient déjà mentionnés plus haut, qui étaient unis à Taïwan par une solidarité naturelle, la compétition entre Taïwan et Pékin fut particulièrement vive dans trois régions : l'Europe occidentale, l'Afrique noire et le Moyen-Orient. En Europe occidentale, alors que la Grande-Bretagne et les pays du Nord-Ouest traditionnellement liés à elle (pays scandinaves, Pays-Bas, Suisse) préférèrent reconnaître Pékin dès 1950 et rompirent avec Taïwan, les autres pays « atlantiques » décidèrent de choisir Taïwan. En Afrique noire, où de très nombreux territoires coloniaux grands et petits accédèrent à l'indépendance à partir de 1960, les choix s'opérèrent en fonction de l'orientation intérieure des nouveaux régimes et de leur degré d'all [...]
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Écrit par :
- Philippe CHEVALÉRIAS : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
- Évelyne COHEN : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
- Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
- François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
- Adrien GOMBEAUD : journaliste
- Frank MUYARD : responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient, maître de conférences à l'université nationale centrale, Taïwan
- Angel PINO : professeur à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne, responsable du département d'études chinoises, directeur du Centre d'études et de recherches sur l'Extrême-Orient
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
- Charles TESSON : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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Voir aussi
Pour citer l’article
Philippe CHEVALÉRIAS, Évelyne COHEN, Jean DELVERT, François GODEMENT, Adrien GOMBEAUD, Frank MUYARD, Angel PINO, Pierre SIGWALT, Charles TESSON, « TAÏWAN [T'AI-WAN] (FORMOSE) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/taiwan-t-ai-wan/