Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PARIS ÉCOLES DE

Il n'est pas simple de donner des limites stables et pertinentes à l'expression souvent employée « école de Paris ». Elle peut tout aussi bien être utilisée pour situer les toiles cubistes peintes par Pablo Picasso à Montmartre au début du siècle, que pour désigner la peinture non figurative d'un Alfred Manessier dans les années 1950. L'appellation « école de Paris » désigne en effet une pluralité artistique et temporelle, qui trouve place à la fois dans les années qui entourent la Première et la Seconde Guerre mondiale. Le point commun de ces artistes étant le refus de tout académisme et de toute soumission à un dogmatisme formel et intellectuel.

La première vocation de cette expression fut de regrouper sous une même bannière les talents étrangers venus pratiquer l'art indépendant et l'avant-garde dans la capitale, alors principal centre d'attraction cosmopolite et culturel. Cette formule fut ensuite conservée après 1945 pour désigner à peu près tout ce que la scène artistique parisienne comptait d'artistes engagés dans les voies de la modernité, entre expression figurative et abstraite, et par opposition aussi bien à l'école dite de New York qu'à la naissance du groupe Cobra dans les mêmes années.

La première école de Paris

Utilisée pour la première fois par le critique André Warnod (1885-1960) dans le journalComoedia en 1925, l'expression « école de Paris » désigne alors la vague d'artistes étrangers venus participer à la vie intellectuelle de la capitale dans les deux premières décennies du xxe siècle. À cette époque, et notamment grâce aux expositions universelles qui l'ont consacrée Ville Lumière, Paris représentait le premier foyer culturel et intellectuel mondial. Les artistes étrangers ont été très nombreux à venir y chercher un esprit de liberté. Il s'agissait non seulement de peintres, de sculpteurs, mais aussi de poètes, de musiciens et de photographes, de romanciers et de danseurs. Ainsi, l'expression « école de Paris » peut être appliquée largement à ceux qui ont entrepris d'écrire l'histoire de la modernité au tournant du xxe siècle.

<it>Nu couché les bras ouverts</it>, A. Modigliani - crédits : Electa/ AKG-images

Nu couché les bras ouverts, A. Modigliani

Dans le champ de la création picturale, il appartient à Pablo Picasso (1881-1973) d'être reconnu comme la figure emblématique de la première école de Paris. D'origine barcelonaise, il vint s'établir dans la capitale en 1904. Menant une vie de bohème dans le quartier de Montmartre, où il habitait le Bateau-Lavoir, il est avec Georges Braque (1882-1963) l'initiateur du cubisme, considéré comme l'une des premières avant-gardes à rompre avec les codes traditionnels de la figuration. Mais le noyau dur de la première école de Paris peut s'étendre à quelques autres artistes étrangers qui ont vécu dans la même ambiance bohème du Paris du début du siècle : l'Italien Amedeo Modigliani (1884-1920), le Hollandais Kees Van Dongen (1877-1968), le Biélorusse Chaïm Soutine (1893-1943), le Russe Marc Chagall (1887-1985) et le Polonais Moïse Kisling (1891-1953). On doit leur associer le Japonais Léonard Foujita (1886-1968), le Bulgare Jules Pascin (1885-1930) et un certain nombre de sculpteurs tels que l'Ukrainienne Chana Orloff (1888-1968) ou le Lituanien Jacques Lipchitz (1891-1973). Les photographes, tels que l'Américain Man Ray (1890-1976) ou le Hongrois André Kertész (1894-1985), comptent également parmi les dignes représentants de cette école de Paris. Un nombre important d'entre eux étaient des juifs immigrés d'Europe de l'Est. Preuve de leur inscription dans la culture française, ces artistes ont généralement adopté la forme francisée de leur prénom, voire de leur patronyme. S'ils ne partagèrent pas les mêmes expressions artistiques, tous produisaient une forme d'art en marge des normes académiques qui existaient tant à Paris que dans leur pays[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences en histoire de l'art contemporain

Classification

Pour citer cet article

Claire MAINGON. PARIS ÉCOLES DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Nu couché les bras ouverts</it>, A. Modigliani - crédits : Electa/ AKG-images

Nu couché les bras ouverts, A. Modigliani

Autres références

  • L'ÉCOLE DE PARIS 1904-1929, LA PART DE L'AUTRE (exposition)

    • Écrit par Isabelle EWIG
    • 971 mots
    • 1 média

    Après avoir montré au début de l'année 2000 le rôle moteur des artistes français dans l'éruption du fauvisme et son expansion en Europe, le musée d'Art moderne de la Ville de Paris entendait nuancer cette image en mettant en évidence, pour une période allant de 1904 (arrivée de Picasso...

  • BLOND MAURICE (1899-1974)

    • Écrit par Jacques ZEITOUN
    • 282 mots

    Dans le groupe des artistes russes qui, par sa diversité, ses audaces et son intensité expressive, a constitué l'élément le plus vivant de ce qu'on a appelé l'école de Paris, le peintre Maurice Blond occupe une place à part.

    Maurice Blond, quoique russe, est né en Pologne en 1899....

  • BYZANTIOS KONSTANTINOS (1924-2007)

    • Écrit par Christophe CHICLET
    • 637 mots

    Peintre grec installé à Paris, Konstantinos Byzantios, appelé aussi « Dikos », a fait partie des grandes figures de l'école de Paris avec l'Espagnol Eduardo Arroyo et le Russe Serge Poliakoff.

    Né à Athènes en novembre 1924, il entre à l'école des Beaux-Arts d'Athènes dans les ateliers...

  • DUFOUR BERNARD (1922-2016)

    • Écrit par Fabrice HERGOTT
    • 1 039 mots

    Peintre, dessinateur, mais aussi photographe et écrivain, Bernard Dufour, né à Paris le 21 novembre 1922, est l'auteur d'une œuvre considérable. Élevé dans une famille d'artistes et de médecins, il connaît une jeunesse parisienne heureuse. Sa découverte passionnée de la nature dans la propriété de son...

  • ESTÈVE MAURICE (1904-2001)

    • Écrit par Philippe BOUCHET
    • 758 mots

    Né le 2 mai 1904 à Culan (Cher), Maurice Estève était l'un des derniers peintres de la génération qui constitua, dans l'immédiat après-guerre, la Nouvelle École de Paris dont il fut d'ailleurs l'un des principaux représentants.

    Élevé à la campagne par ses grands-parents,...

  • Afficher les 19 références

Voir aussi