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PARIS ÉCOLES DE

La seconde école de Paris

L'expression « seconde, ou nouvelle, école de Paris » renvoie, quant à elle, à un ensemble d'artistes bien différents. Comprise dans sa définition la plus large, elle se réfère à tout ce que la capitale compta d'artistes indépendants dans les années entourant la Seconde Guerre mondiale, et intègre aussi bien les tendances figuratives réalistes que les expressions picturales abstraites. Dans un souci de pertinence, il est préférable de restreindre ce qualificatif aux peintres qui ont véritablement revendiqué et popularisé à cette époque les tendances non figuratives. Ainsi, on privilégiera des peintres comme Jean Bazaine (1904-2001), Alfred Manessier (1911-1993), Roger Bissière (1886-1964), Jean Le Moal (1909-2007), Édouard Pignon (1905-1993) ou Maurice Estève (1904-2001). Ces artistes ont pratiqué une forme d'art proche de l'abstraction pure dans les années où le régime nazi mettait au ban, sous le nom d'art dégénéré, les tendances modernistes. Ils exprimèrent, durant cette époque troublée, une résistance à l'oppression d'un réalisme de propagande dont la France n'était pas exempte.

Ces artistes non figuratifs se sont beaucoup regroupés pour exprimer la vitalité de l'art français et des tendances modernistes. La plupart de ceux qui viennent d'être cités furent à l'origine de la création du Salon de mai, une manifestation fondée en 1943 par le critique d'art Gaston Diehl. Ils y côtoyaient des artistes d'obédience figurative, sans autre clivage qu'un goût prononcé pour la modernité et le refus de tout académisme. Plus restreint fut le Salon des réalités nouvelles, fondé en 1946 et exclusivement réservé à des artistes abstraits.

Dans les années 1950, l'expression « seconde école de Paris » fut conservée pour continuer de désigner ces représentants des tendances abstraites françaises. Certains galeristes, tels Raymond Nacenta ou Denise René, présentaient régulièrement leurs œuvres dans des expositions qui tenaient lieu de manifestes esthétiques. Pourtant, il convient de ne pas dresser de barrières trop infranchissables entre les tendances figuratives et non figuratives de l'époque. L'œuvre d'un artiste comme Jean Fautrier (1898-1964), représentant majeur de l'art informel avec Jean Dubuffet (1901-1985), illustre bien la nécessité d'une nuance mesurée. Sa série des Otages, inspirée par son expérience de la Seconde Guerre mondiale, oscille entre le monde de la forme et du difforme pour aboutir à une expression mi-figurative, mi-abstraite très caractéristique des années 1940.

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire de l'art contemporain

Classification

Pour citer cet article

Claire MAINGON. PARIS ÉCOLES DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Nu couché les bras ouverts</it>, A. Modigliani - crédits : Electa/ AKG-images

Nu couché les bras ouverts, A. Modigliani

Autres références

  • L'ÉCOLE DE PARIS 1904-1929, LA PART DE L'AUTRE (exposition)

    • Écrit par Isabelle EWIG
    • 971 mots
    • 1 média

    Après avoir montré au début de l'année 2000 le rôle moteur des artistes français dans l'éruption du fauvisme et son expansion en Europe, le musée d'Art moderne de la Ville de Paris entendait nuancer cette image en mettant en évidence, pour une période allant de 1904 (arrivée de Picasso...

  • BLOND MAURICE (1899-1974)

    • Écrit par Jacques ZEITOUN
    • 282 mots

    Dans le groupe des artistes russes qui, par sa diversité, ses audaces et son intensité expressive, a constitué l'élément le plus vivant de ce qu'on a appelé l'école de Paris, le peintre Maurice Blond occupe une place à part.

    Maurice Blond, quoique russe, est né en Pologne en 1899....

  • BYZANTIOS KONSTANTINOS (1924-2007)

    • Écrit par Christophe CHICLET
    • 637 mots

    Peintre grec installé à Paris, Konstantinos Byzantios, appelé aussi « Dikos », a fait partie des grandes figures de l'école de Paris avec l'Espagnol Eduardo Arroyo et le Russe Serge Poliakoff.

    Né à Athènes en novembre 1924, il entre à l'école des Beaux-Arts d'Athènes dans les ateliers...

  • DUFOUR BERNARD (1922-2016)

    • Écrit par Fabrice HERGOTT
    • 1 039 mots

    Peintre, dessinateur, mais aussi photographe et écrivain, Bernard Dufour, né à Paris le 21 novembre 1922, est l'auteur d'une œuvre considérable. Élevé dans une famille d'artistes et de médecins, il connaît une jeunesse parisienne heureuse. Sa découverte passionnée de la nature dans la propriété de son...

  • ESTÈVE MAURICE (1904-2001)

    • Écrit par Philippe BOUCHET
    • 758 mots

    Né le 2 mai 1904 à Culan (Cher), Maurice Estève était l'un des derniers peintres de la génération qui constitua, dans l'immédiat après-guerre, la Nouvelle École de Paris dont il fut d'ailleurs l'un des principaux représentants.

    Élevé à la campagne par ses grands-parents,...

  • Afficher les 19 références

Voir aussi