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CINQUIÈME RÉPUBLIQUE La période gaullienne (1958-1969)

Le référendum de 1969 : la fin de la période gaulliste

Edgar Faure, 1955 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Edgar Faure, 1955

Georges Pompidou est remplacé au poste de Premier ministre par Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères depuis 1958. Présentée par Edgar Faure, une loi d'orientation de l'enseignement supérieur, qui instaure l'autonomie des universités et la participation des étudiants à leur gestion, est votée à la quasi-unanimité à l'automne. Le président souhaite poursuivre dans la voie des réformes et ne veut pas se contenter de la victoire du parti de l'ordre. Il veut instaurer des formes de participation des forces économiques et sociales aux décisions publiques, dont les événements de 1968 lui semblent montrer l'absence. Il propose en fait deux réformes, la création des régions et une transformation du Sénat, qui serait désormais une chambre seulement consultative, représentant à la fois les collectivités territoriales et les acteurs économiques et sociaux. Ces deux réformes constitutionnelles sont soumises à un référendum comportant une unique question. L'électeur est ainsi invité à redire une fois de plus son soutien au chef de l'État, conformément à la logique gaullienne des rapports entre le président et le peuple. Les critiques de ces projets sont nombreuses et portent aussi bien sur la forme (jugée comme en 1962 anticonstitutionnelle) que sur le fond : l'affaiblissement du rôle du Sénat apparaît comme une sanction envers une Chambre qui s'est souvent opposée aux intentions de la majorité. Une large partie des républicains indépendants, derrière Valéry Giscard d'Estaing, désapprouve la réforme du Sénat, comme toute la gauche et le centre d'opposition. Aux yeux de nombreuses personnes, les réformes proposées semblent très éloignées de l'ambition de participation qui les motivent. La sanction tombe le 27 avril 1969 : le non recueille 52,4 p. 100 des suffrages, avec pourtant une participation forte de 80,6 p. 100 des inscrits. Comme il l'avait annoncé, le général démissionne immédiatement. Il mourra brutalement le 9 novembre 1970. Selon l'expression de Georges Pompidou : « La France est veuve ».

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Écrit par

  • : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)

Classification

Pour citer cet article

Pierre BRÉCHON. CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - La période gaullienne (1958-1969) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Charles de Gaulle, 1955 - crédits : Keystone/ Getty Images

Charles de Gaulle, 1955

Départ des soldats français de Saigon, 1956 - crédits : Keystone/ Getty Images

Départ des soldats français de Saigon, 1956

Charles de Gaulle, 1946 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles de Gaulle, 1946

Autres références

  • ASSEMBLÉE NATIONALE (France - Ve République)

    • Écrit par Arnaud LE PILLOUER
    • 5 795 mots
    • 2 médias

    L’Assemblée nationale est l’une des deux chambres composant le Parlement français, sous la Ve République, l’autre étant le Sénat.

    Cette dénomination provient du tout début de la Révolution française, lorsque les députés du tiers état, rejetant la division de la société en ordres,...

  • CONSTITUTION DE LA Ve RÉPUBLIQUE (France)

    • Écrit par Arnaud LE PILLOUER
    • 3 433 mots
    • 4 médias

    Contrairement à une opinion dominante, le texte constitutionnel de 1958 a en partie seulement été inspiré par les idées du général de Gaulle. Certes, rappelé au pouvoir à la suite des événements du 13 mai 1958 et apparaissant aux yeux de tous comme l'unique recours, il a été en mesure d'imposer...

  • PROMULGATION DE LA CONSTITUTION DE LA Ve RÉPUBLIQUE (France)

    • Écrit par Wanda MASTOR
    • 208 mots
    • 1 média

    Adoptée par référendum le 28 septembre et promulguée le 4 octobre 1958, la Constitution de la Ve République a pu être présentée au départ comme consacrant un régime parlementaire. Les critères permettant habituellement d'identifier un tel régime sont bien réunis : exécutif bicéphale,...

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...est investi par l'Assemblée nationale. De Gaulle se rend à Alger dès le 4 juin et lance le fameux : « Je vous ai compris. » La IVe République se meurt. Le 28 septembre 1958, en Algérie, Européens et musulmans (dont les femmes), réunis en un collège unique, votent massivement en faveur de la Constitution...
  • BÉRÉGOVOY PIERRE (1925-1993)

    • Écrit par Christian SAUVAGE
    • 1 071 mots
    • 1 média

    Homme politique français. Pierre Bérégovoy est né le 23 décembre 1925 à Déville-lès-Rouen (Seine-Maritime). Son père, un « Russe blanc », capitaine du tsar et menchevik, tient un café-épicerie. À cinq ans, l'enfant est confié à sa grand-mère, qui l'éduquera. Bon élève, il obtient le brevet élémentaire...

  • BICAMÉRISME ou BICAMÉRALISME

    • Écrit par Raymond FERRETTI
    • 5 328 mots
    • 2 médias
    Notons que c'est d'ailleurs toujours le cas aujourd'hui, puisque le Sénat de laVe République est élu par un collège électoral constitué au niveau départemental et composé de représentants de l'ensemble des collectivités territoriales : les communes bien sûr, mais aussi les départements et les régions...
  • BORNE ÉLISABETH (1961- )

    • Écrit par Universalis, Blaise MAGNIN
    • 1 314 mots
    • 2 médias

    Haute fonctionnaire et femme politique française, Élisabeth Borne a été Première ministre du président Emmanuel Macron de mai 2022 à janvier 2024. Après Édith Cresson, elle est la deuxième femme à diriger un gouvernement français.

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Voir aussi