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BÉRÉGOVOY PIERRE (1925-1993)

Homme politique français. Pierre Bérégovoy est né le 23 décembre 1925 à Déville-lès-Rouen (Seine-Maritime). Son père, un « Russe blanc », capitaine du tsar et menchevik, tient un café-épicerie. À cinq ans, l'enfant est confié à sa grand-mère, qui l'éduquera. Bon élève, il obtient le brevet élémentaire à douze ans, puis un C.A.P. d'ajusteur au lycée technique d'Elbeuf. Voilà pour les diplômes de celui qui dirigera des cohortes d'énarques et de polytechniciens.

Après six mois passés dans une entreprise normande comme fraiseur, l'adolescent entre à la S.N.C.F. Débuts modestes comme commis, élève de bureau, où l'on s'occupe des billets, des colis et où l'on passe le balai à l'occasion. Un de ses camarades se souvient de l'avenir tel qu'ils l'imaginaient alors : « On rêvait de devenir sous-chef de gare. » Très vite, c'est la guerre. À sa place, Pierre Bérégovoy est de la bataille du rail. Le voici agent de liaison dans la Résistance avant de participer, les armes à la main, à la libération d'Elbeuf. Il pense un moment faire une carrière militaire mais, finalement, n'est pas admis dans une école d'officiers. Retour à la S.N.C.F., mais avec une conscience syndicale et politique. Même s'il connaît, depuis la Résistance, un autre cheminot qui fera carrière, Roland Leroy, le jeune homme s'oriente plutôt vers la S.F.I.O. et F.O. que vers le P.C.F. et la C.G. T. Est-ce l'héritage d'un père qui a souffert de son engagement social-démocrate ? En 1950, Pierre Bérégovoy rejoint Gaz de France comme agent technico-commercial. Par promotion interne, il devient attaché de direction, chef de subdivision, adjoint au directeur de la Société pour le développement de l'industrie du gaz en France. C'est la réussite. Mais Pierre Bérégovoy a déjà placé son ambition sur un autre terrain, celui de la politique, où il peut continuer à « grimper » dans la société tout en gardant un lien avec ses origines : la gauche, qu'il sert et qu'il incarne. En 1958, il quitte la S.F.I.O. pour fonder avec Pierre Mendès France le P.S.A. (Parti socialiste autonome), qui ne tardera pas à devenir le P.S.U. « Il m'a donné sa confiance », aime-t-il à rappeler. Au-delà de cet adoubement, « Béré » apprend de « P.M.F. » tout ce qui fera ensuite sa marque politique : « Mendès, c'est l'histoire d'une génération dont il trace le chemin spirituel. Mendès, c'est la rigueur économique au service de l'ambition sociale. »

Pierre Bérégovoy sera l'un des rares hommes à passer de Mendès à Mitterrand. Bien lui en a pris. Car, si Mendès est l'honneur de la gauche, Mitterrand est la gauche au pouvoir. Il participe à son côté à l'élan du nouveau Parti socialiste issu du congrès d'Épinay en 1971. Le voici secrétaire national aux affaires sociales puis aux relations extérieures. Maire de Nevers en 1983, député de la Nièvre en 1986, Bérégovoy aura attendu la consécration du suffrage universel. Mais, sous la Ve République, point n'est besoin d'avoir un mandat pour faire une carrière. À partir de 1982, il est ministre : de la Solidarité et des Affaires sociales, d'abord, de l'Économie et des Finances, ensuite (1984-1986 et 1988-1992). Le symbole, le vrai, cependant, il faut le chercher dès l'élection de François Mitterrand. Pierre Bérégovoy est alors chargé de diriger l'« antenne présidentielle », c'est-à-dire d'assurer la liaison et le passage de témoin avec l'équipe sortante. Et, quand François Mitterrand entre enfin à l'Élysée, l'ouvrier fraiseur devient secrétaire général de la présidence de la République. Le premier signe du changement, c'est lui.

« Le Président a nommé Fabius, parce que c'était le[...]

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Pierre Bérégovoy et Édith Cresson - crédits : Pool Bassignac/ BUU/ Hires/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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