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FAURE EDGAR (1908-1988)

Homme politique, historien, juriste, académicien, Edgar Faure ne pouvait pas rester longtemps loin du pouvoir et des honneurs. Cacique de la IVe République, il a siégé plus de six ans dans sept gouvernements et en a présidé deux sous Vincent Auriol et René Coty. Dignitaire de la Ve République, ministre de l'Agriculture et de l'Éducation nationale auprès du général de Gaulle, ministre d'État de Georges Pompidou, président de l'Assemblée nationale de 1973 à 1978, candidat pendant quelques jours à la présidence de la République en 1974, il a marqué plus de quarante ans de la vie politique française. Une intelligence aiguë et toujours en éveil, servie par une immense culture et une mémoire sans faille, une éloquence remarquable et un talent d'exposition qui lui permettait de rendre simples les questions les plus complexes, un goût prononcé pour la dialectique caractérisaient ce magicien du verbe qui, doué du génie de la conciliation, semblait avoir une vocation naturelle à occuper le devant de la scène publique.

Edgar Faure naît le 18 août 1908 à Béziers, d'un père médecin militaire et d'une mère issue d'une famille de médecins. Les diverses affectations de son père lui valent une scolarité mouvementée : classes enfantines à Verdun, collège à Narbonne. Après le lycée d'Orléans, il poursuit ses études secondaires au lycée Voltaire à Paris. Bachelier à quinze ans et demi, il obtient un accessit en histoire au concours général. Il s'ouvre au monde qui l'entoure, lit plusieurs quotidiens, est séduit par la pensée de Charles Maurras. Inscrit à la faculté de droit et aux langues orientales où il étudie le russe, il se lie d'amitié avec Pierre Mendès France. Il crée avec quelques camarades le Club de l'université de Paris, qui reçoit des étudiants de diverses sensibilités politiques pour de courtoises polémiques. Inscrit à la conférence du stage au barreau de Paris, il devient deuxième secrétaire de la conférence à dix-neuf ans. Il choisit pour thème de son discours de rentrée : « Pascal : le procès des Provinciales. » Il rencontre Lucie Meyer, nièce de Julien Cain, administrateur de la Bibliothèque nationale, qu'il épouse en 1931. Au début de la guerre, Edgar Faure est affecté à la censure, à l'agence Havas. Il passe avec sa famille en Tunisie et gagne Alger où il devient l'adjoint de Louis Joxe qui assure les fonctions de secrétaire général du Comité français de libération nationale. Rentré à Paris, il est membre du cabinet de Pierre Mendès France, ministre de l'Économie, puis, après la démission de ce dernier, il occupe le poste de procureur général adjoint auprès de François de Menthon, au tribunal militaire international de Nuremberg.

Après avoir été battu aux élections de 1945 à Paris, il envisage de se présenter sous l'étiquette M.R.P. dans le Puy-de-Dôme, mais finalement il se tourne vers le Parti radical et est élu lors de la troisième consultation électorale de 1946. Edgar Faure se révèle rapidement un ardent défenseur de la Franche-Comté : député du Jura jusqu'en 1958, maire de Port-Lesney en 1947, président du conseil général du Jura en 1949. Après la vague gaulliste de 1958, qui l'élimine, il entre sans difficulté au Sénat avant de revenir en 1967 à l'Assemblée nationale comme représentant du Doubs, dont il sera élu sénateur en 1980. Il se révèle un habile stratège et devient l'un des meilleurs navigateurs des couloirs du Palais-Bourbon. Il accède, en 1949, au côté de Maurice Petsche, ministre des Finances, au rang de secrétaire d'État, avant d'être promu ministre du Budget en 1950. Deux ans plus tard, il est président du Conseil, mais, pris dans l'opposition des modérés et des socialistes sur la politique économique, son gouvernement, qui compte quarante[...]

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Pour citer cet article

Jean-Claude MAITROT. FAURE EDGAR (1908-1988) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Edgar Faure, 1955 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Edgar Faure, 1955

Autres références

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...pensent mater sans peine une rébellion très minoritaire. Ils se trompent. Le 5 février 1955, Mendès France doit démissionner et, le 3 avril, le gouvernement Edgar Faure promulgue l'état d'urgence en Algérie. La censure est établie, mais officiellement on ne parle encore que d'« événements ». Jusqu'alors,...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - La période post-gaullienne (1969-1981)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 6 934 mots
    • 4 médias
    ...soutien. Plusieurs leaders de la majorité ont envisagé de se présenter. Deux vont très vite renoncer : Pierre Messmer, Premier ministre en exercice, et Edgar Faure, président de l'Assemblée nationale depuis 1973, ministre de l'Éducation nationale à partir de 1968, pendant longtemps notable radical, qui...
  • FAURE LUCIE (1908-1977)

    • Écrit par Juliette M. TURLAN
    • 651 mots

    Lucie Meyer, née à Paris, descend d'une famille alsacienne qui a fui l'occupation allemande. En 1931, elle rencontre Edgar Faure, jeune avocat. C'est une attirance spontanée, réciproque et définitive. De leur mariage sont nées deux filles, Sylvie et Agnès, qui deviendront toutes deux psychanalystes....

  • GUERRE D'ALGÉRIE

    • Écrit par Benjamin STORA
    • 6 112 mots
    • 13 médias
    ...pensent mater sans peine une rébellion très minoritaire. Ils se trompent. Le 5 février 1955, Mendès France doit démissionner et, le 3 avril, le gouvernementEdgar Faure promulgue l'état d'urgence en Algérie. La censure est établie, mais officiellement on ne parle encore que d'« événements ». Jusqu'alors,...

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