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AUGUSTIN saint (354-430)

Les œuvres

Jérusalem céleste - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Jérusalem céleste

L'œuvre est immense ; le biographe d'Augustin, Possidius, se demande si « un seul homme pourrait tout lire et tout connaître » : 113 traités, certains de dimensions considérables comme La Cité de Dieu, le De Trinitate ; 218 Lettres, plus de 500 Sermons nous ont été conservés. Les dimensions mêmes d''une telle œuvre, sa variété ne permettent qu'une présentation schématique. Il est évident que c'est l'événement qui, la plupart du temps, a inspiré à Augustin le désir de rédiger tel traité : sa théologie est souvent occasionnelle. C'est là un trait profond de son caractère que cette hâte à rédiger une réfutation, à prendre parti. Mais, fréquemment, le temps lui manque pour terminer l'œuvre, surtout si elle est d'une certaine ampleur : il a mis vingt ans à rédiger les quinze livres du De Trinitate, treize pour ses douze livres Sur la Genèse, quatorze pour achever La Cité de Dieu. À la fin de sa vie, il se préoccupera de dresser le catalogue de ses œuvres, d'en expliquer l'élaboration, de réfuter encore certains arguments adverses, de mieux expliquer sa théorie. Essayant à son tour de rendre compte de l'œuvre de son maître, Possidius s'est contenté d'en classer les divers éléments selon les adversaires d'Augustin. Il distingue ainsi les œuvres écrites contre les païens, contre les astrologues, contre les juifs, contre les manichéens, contre les priscillianistes, contre les donatistes, contre les pélagiens, contre les ariens, contre les apollinaristes. Un tel classement mutile la réalité historique, car il s'en faut que ces divers adversaires aient présenté la même importance et aient donné lieu à des écrits comparables. Récemment, H. Marrou, se livrant « à ce petit jeu du digeste », a condensé en quatre formules l'activité littéraire et doctrinale d'Augustin : « Philosophe de l'essence contre les manichéens ; docteur de l'Église contre les donatistes ; théologien de l'histoire contre les païens ; champion de la grâce contre les pélagiens. Mais, ajoute-t-il, ce jeu n'a d'intérêt que si l'on sait n'en pas être dupe, car cela est beaucoup trop sommaire. » En effet, si importante qu'ait été la controverse doctrinale, elle n'explique pas toute l'œuvre du docteur africain. Son génie était trop riche pour entrer dans les limites étroites d'un classement de genre littéraire ou doctrinal : certaines Lettres sont de vrais traités ; sa curiosité est grande, ne laissant de côté aucun aspect de la culture humaine (il a écrit à la fois un traité Sur la musique, des Dialogues empreints de philosophie néo-platonicienne, des pages célèbres sur l'usage de la grammaire, recueilli de précieux renseignements sur la religion romaine antique, etc.).

Évêque responsable de l'éducation chrétienne de son peuple, Augustin a rédigé de petits traités de théologie morale, visant à fournir les conseils nécessaires à la vie quotidienne : Sur le mensonge, Sur le jeûne, Sur le culte des morts, Sur la virginité, Sur le bien du mariage, etc. ; des traités de catéchèse : De catechisandis rudibus, destiné au peuple de Carthage, De la doctrine chrétienne, où il pose les fondements de la culture chrétienne, ouvrage qui aura une influence prépondérante durant tout le Moyen Âge et sur un homme comme Érasme. Mais, surtout, il commente inlassablement l'Écriture. Pour lui, comme pour tous les Pères de l'Antiquité chrétienne, l'Écriture est la source de toute la doctrine chrétienne, l'aliment de toute vie spirituelle : dès le xviie siècle, une statistique minutieuse relevait dans son œuvre 42 816 versets scripturaires cités et commentés. En fait, le nombre en est beaucoup plus important, car Augustin, citant de mémoire, paraphrase souvent,[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, directeur de l'Institut de recherches pour l'étude des religions

Classification

Pour citer cet article

Michel MESLIN. AUGUSTIN saint (354-430) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Saint Augustin</it>, Greco - crédits : AKG-images

Saint Augustin, Greco

Jérusalem céleste - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Jérusalem céleste

Autres références

  • LA CITÉ DE DIEU, Augustin - Fiche de lecture

    • Écrit par Charles CHAUVIN
    • 830 mots
    • 1 média

    Parmi les trois ouvrages de saint Augustin (354-430) les plus importants, les Confessions, Sur la Trinité et La Cité de Dieu, seul ce dernier titre fait l'objet d'une présentation de ses motifs et de son plan dans les Rétractations, rédigées en 427 : « Rome fut détruite sous le coup de...

  • CONFESSIONS, Augustin - Fiche de lecture

    • Écrit par Bernard SESÉ
    • 943 mots

    Les Confessions, ouvrage de saint Augustin (354-430) le plus célèbre avec La Cité de Dieu, furent rédigées de 397 à 401. L'auteur s'adresse directement, dans un dialogue intime, à ce Dieu qu'il avait tant cherché « en labeur et fièvre » ailleurs que là où le Dieu d'amour l'attendait,...

  • ENSEIGNER LE CHRISTIANISME, Augustin - Fiche de lecture

    • Écrit par Daniel RUSSO
    • 1 194 mots

    Après le iiie siècle et la définition de la vision intellectuelle de l'image par Plotin, le christianisme triomphant reprend le concept pour penser l'art de son temps. Surtout, il en reformule le contenu en des termes chrétiens : l'image visuelle et l'œuvre d'art se voient attribuer la mission...

  • ADAM

    • Écrit par André-Marie DUBARLE
    • 1 758 mots
    Mais celui qui devait exercer la plus profonde influence sur la théologie ultérieure fut saint Augustin (début du ve s.). Pour lui, la nudité sans honte du premier couple dans le paradis montre que la sensibilité était totalement sous la motion de la volonté aussi longtemps que cette volonté...
  • ÂGE DE LA TERRE

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    • 5 143 mots
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    Mais un problème épineux apparut quand, comme le fit saint Augustin (354-430), on constata que des âges systématiquement moins élevés étaient tirés de la Vulgate, la traduction latine de la Bible, plutôt que des Septante, la version grecque produite à Alexandrie au iiie siècle avant notre ère...
  • AMBROISE DE MILAN (339-397)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 1 921 mots
    ...prédication d'Ambroise. Cet homme d'action est un orateur dont l'éloquence, parée de tous les prestiges de la rhétorique, séduira tout spécialement Augustin. Comme Cicéron et Sénèque, Ambroise sait adapter rapidement à des fins d'exhortation et d'édification les œuvres spéculatives des Grecs, en...
  • ANGOISSE EXISTENTIELLE

    • Écrit par Jean BRUN
    • 2 552 mots
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    L'expérience de l'angoisse commence par cette stupor qui saisit saint Augustin lorsqu'il prend conscience qu'il est pour lui-même une grande question et non un ensemble de solutions qu'il n'aurait qu'à assumer en les faisant siennes. C'est pourquoi il écrit : « Je ne puis concevoir intégralement...
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