BIBLE Les livres de la Bible

La Bible a été longtemps le seul recueil littéraire connu de la culture ancienne du Proche-Orient et elle en reste un des témoins majeurs, même si les découvertes du xix e siècle ont permis de la replacer dans un contexte plus large. À ce seul titre, elle mérite l'intérêt de l'homme cultivé. Mais cet intérêt est encore renforcé par son immense influence sur la civilisation occidentale modelée à des degrés divers par le christianisme. Elle reste le « livre sacré » des religions juive et chrétiennes : elle est donc un écrit encore vivant, en ce sens qu'elle nourrit la foi d'une grande fraction de l'humanité. À ce deuxième titre, la Bible fait partie de notre héritage, quelle que soit la position adoptée vis-à-vis de son contenu religieux.

Livre de Job, Bible de Gutenberg

Livre de Job, Bible de Gutenberg

Livre de Job, Bible de Gutenberg

Bible de Gutenberg, premier livre imprimé en Europe. Détail de la lettrine ouvrant le livre de Job.…

C'est à dessein que le mot recueil a été utilisé, la Bible n'étant pas un livre d'une seule venue mais une collection d'œuvres, de genres divers, appelées généralement « livres » malgré leur étendue souvent faible, écrites au long de plus de neuf siècles, en deux ou trois langues, le plus souvent à partir de traditions orales bien établies, chaque œuvre étant à son tour relue et corrigée en fonction de nouveaux écrits ou de nouveaux événements. La Bible appartient donc à ce qu'on appelle, en termes techniques, la « petite littérature » (Volksliteratur). Cette désignation n'a rien de péjoratif, elle désigne simplement le mode de formation d'un tel recueil. On y trouve, en effet, des créations dignes de figurer dans une anthologie des chefs-d'œuvre de la littérature mondiale, le Cantique des cantiques, le livre de Job, l'Ecclésiaste (ou Qohélet) et bien des pages des prophètes ou des livres historiques.

Grâce aux découvertes de monuments littéraires anciens du « Croissant fertile » et grâce surtout aux manuscrits trouvés dans les grottes de Qumrān, en Palestine, on se rend compte aujourd'hui que la Bible n'est pas uniquement une accumulation, à travers le temps, de morceaux variés ; elle est le résultat d'un choix parmi de nombreuses œuvres dont la plupart n'ont pas été retenues et sont appelées apocryphes, pseudépigraphes ou deutérocanoniques selon le point de vue auquel on se place. Si la Bible lue par les israélites se distingue de celle qui est reçue chez les chrétiens surtout par l'adjonction, propre à ces derniers, des « écrits apostoliques » ou Nouveau Testament, les diverses traditions juives ou chrétiennes n'ont pas toutes reçu les mêmes œuvres dans leur liste officielle, le canon (du mot grec κανών, règle).

La Bible a donc une histoire qu'il est nécessaire de connaître pour pouvoir la comprendre. C'est l'histoire de sa formation, mais aussi de son interprétation et de son utilisation.

Un livre de croyants

Les noms de l'œuvre

Le recueil a pris son nom actuel dans le contexte de la civilisation hellénistique. Il était et est toujours désigné en grec par un neutre pluriel τὰ βιϐλιά, les livres par excellence ; le mot fut simplement transcrit en latin biblia, puis passa dans les diverses langues occidentales : bible en anglais, Bibel en allemand, biblia en espagnol, bibbia en italien. Une dénomination correspondante avait cours dans les communautés de langues hébraïques ou apparentées, sēphārīm, les livres, ainsi qu'une autre désignation : kithbē haqqodesh. Cette dernière a aussi son équivalent en grec, αἱ ἱεραὶ γραϕαί, τὰ ἱερὰ γράμματα, ou encore γραϕή, γραϕαί, respectivement les écritures saintes, les écrits sacrés, l'écriture, les écritures ; d'où l'expression française « la (ou les) sainte(s) Écriture(s) ». Le recueil étant lu publiquement, il est aussi appelé dans les écrits rabbiniques hammiqrā, la lecture. Mais[...]

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Écrit par

  • Jean-Pierre SANDOZ : ancien professeur aux Facultés dominicaines du Saulchoir, élève titulaire de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem

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Pour citer cet article

Jean-Pierre SANDOZ, « BIBLE - Les livres de la Bible », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Livre de Job, Bible de Gutenberg

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Livre d'Ésaïe, enluminure

Livre d'Ésaïe, enluminure

Livre d'Ésaïe, enluminure

Lettrine enluminée du premier chapitre du livre d'Ésaïe. Bible de Saint-Sulpice de Bourges, vélin,…

Torah médiévale, enluminure

Torah médiévale, enluminure

Torah médiévale, enluminure

Page d'une Torah enluminée. Vélin, 1299. Instituto da Biblioteca nacional, Lisbonne.

Autres références

  • LA BIBLE DÉVOILÉE (I. Finkelstein et N. A. Silberman)

    • Écrit par André LEMAIRE
    • 5 356 mots

    Ce livre, traduit de l'anglais The Bible Unearthed par Patrice Ghirardi (La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, Bayard, Paris, 2002), présente un essai à la fois audacieux et tonique des apports de l'archéologie des cinquante dernières années à la compréhension[...]

  • LA BIBLE (trad. 2001)

    • Écrit par Aliette ARMEL
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    L'événement de la première rentrée littéraire française du xxi e siècle a accompli la prédiction d'André Malraux : il a été d'ordre spirituel. Après six ans de travail, l'équipe de vingt écrivains et vingt-sept exégètes réunie par les éditions Bayard autour des Français Frédéric[...]

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    On ne sait guère d'où vient le nom d'Aaron, peut-être d'Égypte comme celui de Moïse, dont, selon la Bible, Aaron aurait été le frère. Les traditions le concernant doivent être soumises à la critique et bien discernées l'une par rapport à l'autre. La figure postexilique[...]

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    Si le temps de la Bible, qui compresse en six millénaires la durée de toute l'histoire du monde, s'impose durant le Moyen Âge occidental, ce mythe d'origine perd peu à peu sa crédibilité pendant les siècles suivants (même si toute lecture non littérale des livres saints reste passible[...]
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  • ADAM

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    • 9 663 mots
    Dans la Genèse, un récit plus ancien, bien que placé en second lieu (Gen., ii, 4-25), décrit la formation de l'homme, modelé avec la glaise du sol, puis animé par le souffle de Dieu, qui en fait un être vivant, placé alors dans un jardin divin planté d'arbres fruitiers luxuriants. Dieu lui interdit[...]
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