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LA CITÉ DE DIEU, Augustin Fiche de lecture

Jérusalem céleste - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Jérusalem céleste

Parmi les trois ouvrages de saint Augustin (354-430) les plus importants, les Confessions, Sur la Trinité et La Cité de Dieu, seul ce dernier titre fait l'objet d'une présentation de ses motifs et de son plan dans les Rétractations, rédigées en 427 : « Rome fut détruite sous le coup de l'invasion des Goths que conduisait Alaric ; ce fut un grand désastre. Les adorateurs d'une multitude de faux dieux – les païens – s'efforçaient de faire retomber ce désastre sur la religion chrétienne et se mirent à blâmer le vrai Dieu avec plus d'âpreté [...] que d'habitude. C'est pourquoi [...], je décidai d'écrire contre leurs blasphèmes ou leurs erreurs les livres de la Cité de Dieu. »

Le fruit d'une longue maturation

Augustin se plaît à rappeler au lecteur son plan rigoureux : vingt-deux livres, les dix premiers consacrés à la réfutation des païens idolâtres et de leurs défenseurs, les douze autres à l'origine (XI-XIV), au développement (XV-XVIII) et aux fins (XIX-XXII) des deux cités. Il se garde de mentionner les nombreuses digressions qui allongent considérablement son ouvrage. C'est un des rares livres où se vérifie le progrès de sa pensée. Il en commença la rédaction en 412 et, non sans de longues interruptions, il l'acheva au terme de treize longues années, soit en 426.

Si ce n'est pas un ouvrage de circonstance, La Cité de Dieu ne répond pas moins à une demande faite par un des amis de l'auteur, Flavius Marcellinus, haut dignitaire de la chancellerie impériale, encore païen, mais désireux de s'instruire du christianisme. Les événements de la prise de Rome par Alaric en 410 sont plutôt l'occasion que la cause et, d'emblée, comme le souligne Lucien Jerphagnon, il convient de ne pas identifier Rome à la cité terrestre et l'Église à la cité de Dieu. C'est dès 400 qu'Augustin porte en lui le thème de ce traité : « Deux cités, celle des impies et celle des saints s'avancent depuis l'origine du genre humain, jusqu'à la fin du monde » (La Première Catéchèse, 19, 31). Et un peu plus loin, nous lisons : « Jérusalem, la très illustre Cité de Dieu, dont les citoyens sont des hommes sanctifiés... Le Roi de cette Cité est le Seigneur Jésus-Christ » (20, 32). Et c'est au livre XIV, chapitre 23 de La Cité que figure la très dense affirmation : « Deux amours ont bâti deux cités : celle de la terre pour l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu et celle du ciel pour l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi. »

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Écrit par

  • : docteur ès sciences religieuses, ancien membre de la Direction littéraire de Desclée De Brouwer

Classification

Pour citer cet article

Charles CHAUVIN. LA CITÉ DE DIEU, Augustin - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jérusalem céleste - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Jérusalem céleste

Autres références

  • AUGUSTIN saint (354-430)

    • Écrit par Michel MESLIN
    • 8 969 mots
    • 2 médias
    La spiritualité augustinienne, qui s'attache tant à montrer aux hommes que les valeurs terrestres et humaines ne sont que passagères, s'épanouit en une théologie de l'histoire, essentiellement formulée dans La Cité de Dieu. La prise de Rome, en 410, par les Wisigoths d'Alaric...
  • AUGUSTINISME

    • Écrit par Michel MESLIN, Jeannine QUILLET
    • 5 572 mots
    ...surnaturel, à absorber le premier dans le second ». Il le définit comme le mouvement progressif par lequel « la vieille idée romaine de l' État a été absorbée par l'emprise croissante de l'idée chrétienne ». Autrement dit, l'influence des doctrines de la Cité de Dieu...
  • HISTOIRE (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 3 161 mots
    ...l’Occident chrétien incorpora lentement la nouvelle temporalité, nos théologiens construisant un système binaire opposant l’éternité divine au temps humain, dont La Cité de Dieu de saint Augustin (354-430) est sans doute la meilleure expression. Deux temps, deux histoires, ainsi que le résume Emmanuel Kant...
  • JUSTICE SOCIALE

    • Écrit par Bernard VALADE
    • 7 957 mots
    ...lui ont fait subir une mutation radicale, dans le sens d'un recentrement sur Dieu, avec la conversion de la res publica en une communauté chrétienne. Chez Augustin, la justice est la pierre d'angle de la société civile ; et La Cité de Dieu(XIX, 13) reprend la définition cicéronienne de la...

Voir aussi