Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PESTICIDES

Pourquoi utiliser des pesticides ?

La protection des cultures est apparue il y a fort longtemps. Le soufre est utilisé en Grèce antique, dès 1 000 avant J.-C. L’arsenic est recommandé dès le début de notre ère en tant qu’insecticide par Pline l’Ancien, naturaliste romain, et les aconits (plantes de la famille des Renonculacées) sont employés au Moyen Âge pour lutter contre les rongeurs. Au xixe siècle, l’utilisation des pesticides a suivi les progrès de la chimie minérale qui prend son essor et autorise la mise sur le marché de traitements fongicides (contre les champignons) à base de mercure ou de sulfate de cuivre, telle la bouillie bordelaise (mélange de sulfate de cuivre et de chaux qui permet de lutter contre le mildiou, champignon parasite de la vigne et de la pomme de terre). Après la Seconde Guerre mondiale, les pesticides profitent cette fois du développement de la chimie organique avec l’apparition d’un grand nombre de composés de synthèse. Les recherches militaires avaient déjà perfectionné des gaz de combat (gaz sarin, gaz moutarde), qui sont efficaces contre les insectes, ou des herbicides tels que l’agent orange (le 2,4 dichlorophénoxyacétique ou 2,4-D) qui a été utilisé comme défoliant pendant la guerre du Vietnam (1954-1975). Dans les années 1950, des insecticides organochlorés comme le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) ont été utilisés en grandes quantités en médecine préventive, pour détruire le moustique vecteur du paludisme, et en agriculture, pour l’élimination des doryphores.

Si depuis deux mille ans les techniques de production agricole se sont profondément modifiées et les rendements considérablement améliorés, les pertes de récoltes occasionnées par les insectes, les champignons et les adventices (« mauvaises herbes ») demeurent considérables. Elles atteignent en effet fréquemment 30 à 40 p. 100 de la production potentielle (voire la totalité dans les cas extrêmes) dans les pays en développement. Dans les pays développés, l’importance des dégâts est étroitement liée aux conditions climatiques, notamment pour les champignons dont le développement est favorisé par l’humidité. Rappelons ainsi qu’en 1845 un champignon parasite, le mildiou, se propagea dans les cultures et provoqua une famine faisant près de un million de morts en Irlande.

En France, la nuisibilité moyenne des maladies est aujourd’hui de l’ordre de 17 quintaux par hectare (q/ha) pour un blé non traité, de 7 q/ha pour le pois et de 8 tonnes par hectare (t/ha) pour la pomme de terre. En l’absence de protection, les dégâts causés par les insectes sont, quant à eux, estimés, en moyenne, à 10 q/ha pour le blé, 13 pour le maïs et 7 sur le pois, soit un taux de perte moyen d’environ 15 p. 100 pour ces trois cultures. Enfin, s’agissant des adventices, la concurrence avec les cultures peut entraîner des pertes de 5 q/ha pour le blé, 20 sur le maïs et jusqu’à 10 tonnes pour les pommes de terre.

Outre la limitation des pertes physiques, l’utilisation de fongicides sur les céréales contribue également à lutter contre certains champignons (Fusarium) susceptibles de produire des mycotoxines dangereuses pour la santé humaine et animale.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : adjoint au délégué interministériel aux industries agroalimentaires et à l'agro-industrie

Classification

Pour citer cet article

Alain BLOGOWSKI. PESTICIDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le

Médias

Pulvérisation d’insecticides. - crédits : Sakhorn/ Shutterstock

Pulvérisation d’insecticides.

Pesticides : épandages en France - crédits : Encyclopædia Universalis France

Pesticides : épandages en France

Bananeraie à la Martinique - crédits : Pack-Shot/ Shutterstock

Bananeraie à la Martinique

Autres références

  • AGRICULTURE - Histoire des agricultures depuis le XXe siècle

    • Écrit par et
    • 9 998 mots
    • 2 médias
    ...travail humaine et animale ; engrais minéraux pour les plantes et aliments concentrés pour les animaux, permettant d'augmenter leurs rendements ; produits de traitement phytosanitaires et zoopharmaceutiques permettant de réduire les pertes dues à leurs ennemis ; variétés de plantes et races d'animaux...
  • AGRICULTURE - Agriculture et industrialisation

    • Écrit par
    • 7 421 mots
    • 3 médias
    ...les produits raccourcisseurs de paille les pallient. L'avance des semis favorise les adventices (« mauvaises herbes ») et les attaques de pucerons ; la panoplie des herbicides et des insecticides s'enrichit au cours du temps pour maîtriser ces « ennemis du blé ». Azote et semis précoces et denses,...
  • AGRICULTURE BIOLOGIQUE

    • Écrit par , et
    • 7 882 mots
    • 6 médias
    ...biologique se traduisent plus ou moins en règles techniques dans les cahiers des charges (qu’ils soient publics ou privés). Par exemple, l’interdiction de pesticides de synthèse, imposée par la réglementation – et donc commune à tous les cahiers des charges –, contribue aux principes généraux de santé et...
  • AGRICULTURE DURABLE

    • Écrit par
    • 5 444 mots
    • 10 médias
    ...eux, les systèmes agronomiques (agrosystèmes) retenus doivent tenir compte davantage des spécificités des sols et des conditions climatiques aux échelons régional et local et limiter le plus possible le recours aux produits de synthèse ( engrais,produits phytosanitaires) d’origine industrielle.
  • Afficher les 27 références