Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PALUDISME ou MALARIA

Anophèle (moustique) - crédits : Tim Flach/ Getty Images

Anophèle (moustique)

Maladie la plus répandue dans le monde, le paludisme est une affection parasitaire fébrile, due à un protozoaire, l'hématozoaire de Laveran, transmis à l'homme par la piqûre d'un moustique du genre Anopheles. Les statistiques concernant la maladie sont assez peu précises ; selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 2 milliards de personnes vivent dans des zones paludéennes, 247 millions de personnes étaient atteintes en 2021 dans les 84 États où la maladie est endémique, et 619 000 (dont 90 % d’enfants de moins de 5 ans, en particulier dans la zone Afrique) en meurent chaque année.

On a retrouvé des descriptions du paludisme (ou malaria, nom donné au paludisme en Italie et d’usage courant en anglais), dans les écrits les plus anciens. La maladie est connue sous le nom de fièvres intermittentes des terres humides ou inondées (palus, marais) et des régions où l'air est vicié (mal aria). Un médecin militaire français, Alphonse Laveran, met en évidence à Constantine, en 1880, l'agent de la maladie au sein des globules rouges. À la fin du xixe siècle, Ronald Ross aux Indes et Gian Battista Grassi en Italie montrent que l’hématozoaire du paludisme est transmis par un insecte piqueur, un moustique du genre Anopheles.

La bataille pour l'éradication de la maladie engagée par l'OMS et diverses organisations n'a obtenu que des résultats non décisifs. Enfin, les actions entreprises contre la maladie se tournent souvent contre leurs auteurs. Ainsi :

– l'endémie palustre est souvent accrue par la « mise en valeur » des régions chaudes ;

– des moustiques vecteurs sont devenus résistants aux insecticides de contact ;

– les médicaments antipaludiques sont mis en échec par l'acquisition de résistances chez le parasite.

Ainsi, en dépit d’immenses efforts, le paludisme demeure la première cause « infectieuse » de mortalité.

L'agent pathogène

Trois espèces parasitaires sont pathogènes pour l'homme et le plus fréquemment retrouvées chez les malades : Plasmodium vivax (le plus fréquent), Plasmodium falciparum (le plus dangereux) et Plasmodium malariae (le plus rare). Une quatrième variété, Plasmodium ovale, est d'un intérêt contingent sauf en Afrique équatoriale. Un cinquième, Plasmodium knowlesi, est une maladie émergente en Asie du Sud-Est, encore au stade de la zoonose, dont le réservoir est le macaque à longue queue. Tous subissent un cycle complexe et nécessaire à leur survie, avec une phase asexuée chez l'homme ou schizogonie et une phase sexuée chez le moustique ou sporogonie.

Malaria - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Malaria

Plasmodium : cycle de développement - crédits : Encyclopædia Universalis France

Plasmodium : cycle de développement

Le parasite est inoculé dans le sang humain lors de la piqûre du moustique et de son repas de sang. En quelques minutes, il se réfugie et se multiplie dans les cellules de certains systèmes ou organes, le foie essentiellement. Là, deux des trois variétés, P. vivax et P. malariae, constituent des « dépôts parasitaires » prolongés, par envahissement successif de plusieurs cellules. Une dizaine de jours après la piqûre, les trois espèces plasmodiales qui se sont multipliées passent dans le sang, pénètrent dans les globules rouges (on les nomme alors schizontes) et s'y multiplient jusqu'à l'éclatement du globule hôte. Cette rupture s’accompagne de la libération de toxines à l’origine des accès fébriles, et de parasites qui envahissent d'autres globules rouges. Plusieurs évolutions semblables se succèdent ainsi. Un cycle globulaire dure deux jours pour P. vivax et P. falciparum, et la fièvre est alors de type « tierce », avec un accès thermique tous les deux jours. Elle est de type « quarte » pour P. malariae, dont le cycle globulaire exige un jour de plus, avec un maximum fébrile tous les trois jours seulement. Ces caractéristiques expliquent le nom de « fièvres intermittentes » autrefois donné[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur agrégé du Val-de-Grâce, médecin général inspecteur, directeur général du service de santé de la première région militaire
  • : professeur à la faculté de médecine de Paris-Saint-Antoine, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Robert DURIEZ, Universalis et Yves GOLVAN. PALUDISME ou MALARIA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Anophèle (moustique) - crédits : Tim Flach/ Getty Images

Anophèle (moustique)

Malaria - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Malaria

Plasmodium : cycle de développement - crédits : Encyclopædia Universalis France

Plasmodium : cycle de développement

Autres références

  • PALUDISME : DÉCOUVERTE DU PARASITE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 228 mots

    Le Français Alphonse Laveran (1845-1922), issu d'une famille de médecins et d'officiers, lui-même médecin militaire en Algérie, à Bône puis à Constantine, s'intéresse aux causes « microbiennes » du paludisme alors très prévalent sur le pourtour du bassin méditerranéen....

  • PRÉVENTION DU PALUDISME

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 4 789 mots
    • 5 médias

    Le paludisme humain, encore appelé malaria, est une maladie parasitaire grave, cause importante de mortalité chez le jeune enfant, caractérisée par des fièvres périodiques et un affaiblissement progressif du sujet. Il est dû à la présence dans le sang de parasites du genre Plasmodium transmis...

  • PALUDISME À PLASMODIUM KNOWLESI

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 1 732 mots
    • 2 médias

    Le paludisme est une maladie due à un protiste parasite du genre Plasmodium qui provoque chez l’homme des fièvres intermittentes caractéristiques. Chacune de ces fièvres possède des particularités propres liées au Plasmodium qui en est responsable. Ainsi, le paludisme à Plasmodium falciparum...

  • AFRIQUE AUSTRALE

    • Écrit par Jeanne VIVET
    • 6 100 mots
    • 5 médias
    ...développement puisque la pandémie entraîne l'apparition de classes creuses et la multiplication du nombre d'orphelins. Cette maladie vient s'ajouter au paludisme, qui demeure une importante cause de mortalité chez les enfants. Le gouvernement sud-africain ne mesura pas tout de suite la tragédie sanitaire...
  • CHLOROQUINE ET HYDROXYCHLOROQUINE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 3 078 mots
    • 2 médias

    La chloroquine (commercialisée en France à partir de 1949 sous le nom de Nivaquine®) et l’hydroxychloroquine (commercialisée en France à partir de 1955 sous le nom de Plaquenil®) sont deux molécules de synthèse chimiquement très proches, utilisées dans la prévention du paludisme et le...

  • COCCIDIES

    • Écrit par Robert GAUMONT
    • 3 133 mots
    • 4 médias
    Les espèces les plus importantes en parasitologie humaine appartiennent au genre Plasmodium.Elles provoquent la malaria ou paludisme, maladie qui cause le plus de victimes dans le monde. Si le paludisme est connu depuis la plus haute antiquité, les agents responsables n'ont été découverts qu'en...
  • COLUZZI MARIO (1938-2012)

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 493 mots

    Le professeur Caio Mario Coluzzi Bartoccioni est né le 30 novembre 1938 à Pérouse et décédé à Rome le 30 octobre 2012, au terme d’une lutte douloureuse de plusieurs années contre la maladie de Parkinson.

    Sa carrière scientifique a été entièrement consacrée à l'étude du paludisme...

  • Afficher les 31 références

Voir aussi