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NATIONALITÉ

La nationalité est un lien juridique et politique unissant une personne à un État déterminé. Ce lien, encore appelé allégeance, se manifeste par des devoirs de l'individu envers l'État dont il est en quelque sorte le sujet (obligations militaires, loyalisme, dont le défaut peut dans certains cas entraîner la perte de la nationalité) et, en sens inverse, par la protection diplomatique que l'État exerce sur lui. L'appartenance du national à la population constitutive de l'État le fait accéder à un certain statut privilégié – notamment à la jouissance des droits politiques –, dont sont par principe exclus les étrangers.

Le droit international reconnaît à chaque État, sous des réserves mineures, une compétence exclusive pour définir ses nationaux. Le problème est donc, pour le législateur de chaque État, de déterminer les rattachements qu'une personne doit présenter avec cet État pour obtenir sa nationalité. Certains États, comme l'Allemagne, qui ont une conception ethnique de la nationalité, retiennent quasi exclusivement la filiation envers un national, ce qu'on appelle le jus sanguinis, le droit du sang. D'autres États, surtout en Amérique, dont le peuplement s'est fait par voie d'immigration, retiennent à titre principal la naissance sur leur territoire – le jus soli, le droit du sol. La volonté de la personne est également prise en considération, et elle est même requise par les droits qui ont une conception élective de la nationalité selon laquelle la nation n'existerait que par le consentement de ceux qui la composent.

Définition

— Henri BATIFFOL

Aux termes de l'article premier de la convention sur la nationalité établie le 12 avril 1930 par la Conférence de codification de La Haye, « il appartient à chaque État de déterminer par sa législation quels sont ses nationaux ; cette législation doit être admise par les autres États, pourvu qu'elle soit en rapport avec les conventions internationales, la coutume internationale et les principes de droit généralement reconnus en matière de nationalité ».

Une prérogative de l’État

La nationalité relève donc de la sphère de compétence exclusive de l'État. Ce principe donne lieu à un manque total d'uniformité dans la matière, ainsi qu'à un assez grand nombre de conflits de nationalité : chaque État définissant librement les critères d'appartenance, certains individus peuvent, en effet, être en possession d'une double, voire d'une triple nationalité, tandis que d'autres n'en possèdent aucune (apatridie). Chaque État décide des conditions d'attribution de sa nationalité en fonction de sa situation démographique et de ses options politiques en la matière. Deux critères peuvent s'opposer ou se combiner, donnant naissance à trois systèmes distincts : tout d'abord, l'attribution par la filiation, système auquel se rattachent l'Allemagne, la Suède, l'Autriche, etc. ; ensuite l'attribution par le lieu de naissance, système généralement appliqué en Amérique latine, et qui permet d'acquérir, dans un laps de temps très court, une importante population, ce qui le fait choisir généralement par les pays d'immigration ; enfin, l'attribution par une combinaison des systèmes précédents, solution pratiquée par la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, etc.

Il est possible à un individu de perdre sa nationalité originaire par renonciation, retrait à titre de sanction, ou par acquisition d'une nationalité nouvelle. Cette acquisition s'opère généralement par mariage ou par naturalisation ; nul État ne peut priver un individu du droit de changer sa nationalité (art. 15 de la Déclaration universelle des droits de l'homme). L'État est, en principe, seul maître pour octroyer ou refuser sa nationalité à un individu[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris
  • : professeur de droit international public à l'université d'Évry-Val-d'Essonne
  • : avocat à la cour
  • : professeur honoraire à l'université de Rouen Haute-Normandie, doyen honoraire de la faculté de droit et des sciences économiques
  • : professeur à la faculté de droit, université de Rouen
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Henri BATIFFOL, Patricia BUIRETTE, Universalis, Jean-Éric MALABRE, Marthe SIMON-DEPITRE et Paul TAVERNIER. NATIONALITÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CITOYENNETÉ ET NATIONALITÉ EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE (R. Brubaker)

    • Écrit par Henri MÉNUDIER
    • 1 302 mots

    Professeur de sociologie à l'université de Californie à Los Angeles (U.C.L.A.), Rogers Brubaker considère que la définition juridique de la nationalité joue un rôle central dans le développement et le fonctionnement de l'État. Pour ne pas en rester au niveau des généralités, il étudie...

  • ALLEMAGNE (Géographie) - Géographie économique et régionale

    • Écrit par Guillaume LACQUEMENT
    • 12 044 mots
    • 9 médias
    La nation allemande transgresse donc les frontières étatiques. Elle procède d'une vision tout à la fois naturaliste et historique qui liela nationalité à l'origine ethnique et qui établit le droit du sang comme fondement légitime de la citoyenneté. L'interprétation biologique et raciste...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - L'Allemagne unie

    • Écrit par Étienne DUBSLAFF, Universalis, Anne-Marie LE GLOANNEC
    • 9 694 mots
    • 4 médias
    ...cinq ans. Le gouvernement Schröder recourt donc à une politique de naturalisation qui tranche avec la politique précédente, fondée sur le droit du sang. Le Code de la nationalité est réformé en 2000 : il accorde désormais la nationalité allemande aux enfants nés en Allemagne de parents étrangers et réduit...
  • CHINE - Droit

    • Écrit par Jean-Pierre CABESTAN
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    Désireused'entériner sa politique à l'égard des Chinois d'outre-mer, la Chine populaire promulguait en septembre 1980 une loi sur la nationalité. Conciliant le principe traditionnel du jus sanguinis avec des éléments de jus soli, cette loi réaffirme les idées avancées par Pékin...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Mitterrand (1981-1995)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 7 342 mots
    • 7 médias
    ...situation irrégulière. Ce changement de politique est symboliquement manifesté par l'expulsion retentissante de 101 Maliens par charter spécial. La réforme du code de la nationalité, pour en rendre moins automatique son acquisition par les enfants nés en France de parents étrangers, est fortement contestée...
  • Afficher les 17 références

Voir aussi