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ROUGE MER

La mer Rouge au tournant du XXIe siècle

Problèmes internes et démographiques

Le contraste n'a cessé de s'accuser entre les côtes de la mer Rouge. Le littoral africain s'enlise dans la pauvreté – les États de la Corne de l'Afrique figurent parmi les 35 pays les moins avancés et les plus endettés – alors que l’autre rive symbolise l’opulence, grâce aux revenus du pétrole (l’Arabie en tirait, en 1979, 62,8 milliards de dollars, en 2008, 98,3 milliards). En outre, ces États offrent côte à côte les réalisations les plus modernes et les pratiques les plus archaïques. Au-delà des différences demeure un trait d'homogénéité : leur démographie.

Les populations présentent la plupart des caractéristiques démographiques des pays en développement et des pays islamiques. Le taux d'accroissement annuel reste très fort, partout supérieur à 2,5 %, ce qui correspond à un doublement de la population en un quart de siècle. La natalité se maintient, la mortalité baisse sous l'effet conjugué d'une double action : équipements hospitaliers, mesures prophylactiques. Certaines populations (Éthiopie, Somalie, Soudan) présentent un état physiologique préoccupant. L’espérance de vie reste faible, malgré les progrès accomplis (celle du Yémen est passée de 47 à 63 ans entre les années 1980 et la fin des années 2000), et enregistre de fortes variations entre États, signes d’un inégal développement.

Les jeunes âgés de moins de vingt ans forment la moitié de la population. L'effort entrepris par les États pour les scolariser pèse lourdement sur leurs budgets. Si la généralisation de l'enseignement primaire est en principe réalisée, des retards se perçoivent dans l'enseignement secondaire et supérieur, sauf en Arabie Saoudite, en Jordanie, en Israël et en Égypte. Pour pallier l'insuffisance de formation des filles, la Banque mondiale apporte son soutien à de nombreux projets éducatifs en Jordanie, au Yémen...

Enfin, l'inégale répartition des hommes constitue aussi une faiblesse. Les possibilités de cultures, liées à la présence d'eau, attirent toujours les implantations humaines, mais un autre facteur se généralise, celui de l'exode rural au profit des agglomérations pourvoyeuses, pense-t-on, d'emplois et de richesses : urbanisation rapide avec des villes champignons où se développent des quartiers marginalisés, sans hygiène.

Un secteur primaire toujours puissant, souvent archaïque

Domaines de l'élevage itinérant, ces régions subarides conservent un fort cheptel. Mais un déclin se manifeste, accéléré par des facteurs humains (exodes, émigrations) et par des facteurs naturels (sécheresse dans la Corne de l'Afrique).

Deux secteurs coexistent dans l'agriculture traditionnelle, trop dépendante des aléas atmosphériques, aux faibles rendements, laissant peu de profit aux paysans : la culture sèche fondée sur les céréales (mil, orge, blé), la culture irriguée, plus diversifiée, pour laquelle le Yémen détient une tradition pluriséculaire. Si la production de vivres se maintient, sur les hauteurs humides du Yémen et de l'Éthiopie, à l'amertume du café on préfère l'attrait des tendres feuilles euphorisantes du kât dont la consommation ne cesse de s'accroître surtout à Djibouti, en Somalie, au Yémen.

Lorsque les moyens financiers et techniques soutiennent l'action concertée des États pour conduire une politique de l'eau (usines de dessalement, forage pour atteindre la nappe aquifère, barrage tel celui de la province de Mareb, au Yémen), une agriculture destinée à l'exportation se développe (coton, canne à sucre, agrumes).

Face à l'Arabie Saoudite qui, en subventionnant la culture des céréales, en irriguant les parcelles, en adoptant des espèces à haut rendement, en utilisant des engrais produits localement, arrive[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités
  • : professeur à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Colette DUBOIS, Universalis et Jean-Pierre PINOT. ROUGE MER [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Le golfe d’Aden et la mer Rouge - crédits : NASA

Le golfe d’Aden et la mer Rouge

La reine Hatchepsout dans le geste de l'offrande - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La reine Hatchepsout dans le geste de l'offrande

Inauguration du canal de Suez, 1869 - crédits : Time Life Pictures/ Mansell/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Inauguration du canal de Suez, 1869

Autres références

  • ADEN

    • Écrit par Universalis
    • 601 mots

    Ville du Yémen, Aden se dresse sur une péninsule située sur la côte nord du golfe homonyme.

    La ville est mentionnée pour la première fois dans l'Ancien Testament (Ézéch., xxvii, 23) sous le nom d'Éden, au côté de Kanné. Les deux villes, avec lesquelles Tyr commerçait, étaient alors les...

  • AFAR DÉPRESSION DE L'

    • Écrit par Georges MOTTAY
    • 499 mots
    • 1 média

    Vaste dépression située au sud de la mer Rouge en Érythrée et en Éthiopie et qui se poursuit au Kenya, en Tanzanie et au Mozambique. Ce nom est celui des nomades qui habitent cette région, les Afars, appelés Danakil par les Arabes et les Abyssins. « Danakil » est également employé pour...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Anne FAURE-MURET
    • 18 789 mots
    • 22 médias
    Mais à la limite des domaines arabique et nubien se forme un golfe,une proto-mer Rouge qui coupe en deux le vieux bouclier. La mer miocène qui a couvert la zone méditerranéenne progresse vers le sud, mais elle n'atteindra jamais l'océan Indien par ce chemin, car elle ne peut passer à...
  • AKABA ou AQABA GOLFE D'

    • Écrit par Jean-Marc PROST-TOURNIER
    • 416 mots
    • 1 média

    Bras de mer étroit (de 20 à 30 km) allongé sur 180 kilomètres, séparant l'Arabie de la presqu'île du Sinaï. Par sa structure, le golfe d'Akaba (ou ‘Aqaba) est un fossé d'effondrement profond (1 828 m maximum), prolongeant celui de la mer Rouge en changeant de direction...

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Voir aussi