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ETHNOLOGIE Ethnologie générale

Relations économiques

Le comportement économique a des implications sociales ; il dépend des relations mises en jeu par la production ou l'échange des biens et services et en même temps il les modifie.

Les relations économiques dans une société primitive sont plus personnelles que dans une société industrialisée : souvent, on n'y trouve ni employeur, ni employé, ni salarié, ni capitaliste. L'individu travaille non seulement pour gagner sa vie, mais aussi parce que son activité est un élément d'un ensemble plus vaste d'obligations sociales. Dans presque toutes les sociétés non industrielles, l'unité fondamentale est la famille ou la maisonnée, plutôt que l'individu. Sous la direction du chef de maison, les membres se répartissent les tâches courantes (se procurer et préparer la nourriture, par exemple) en se réglant sur les modèles reconnus de division du travail en fonction de l'âge et du sexe. La collaboration doit parfois déborder le cadre de la maisonnée : repiquage du riz, équipage de canoë, groupe de chasseurs. La coordination du travail dépend alors des droits et devoirs de la parenté, ou bien de l'autorité centrale de la communauté, ou encore du rituel et de la magie. Malinowski l'a bien montré, quand il a analysé l'importance du magicien-jardinier et de ses rites dans l'agriculture des villages trobriandais. Lorsque sont rassemblés un grand nombre de travailleurs, le bénéficiaire offre de la nourriture, ou peut-être de la bière (en Afrique). Il peut aussi faire des cadeaux, mais d'ordinaire sans stricte appréciation du service rendu. Il paiera de retour en travaillant pour les autres. Un spécialiste recevra généralement un salaire supplémentaire, fixé le cas échéant par la tradition.

La propriété est toujours réglée par un ensemble de droits qui autorisent le possesseur à exiger des redevances. Dans les sociétés primitives, ces droits vont de la possession d'objets matériels à des relations très complexes, comportant possession en commun de terres, rites, magie. La terre constitue la plus importante ressource et les problèmes que pose la propriété foncière sont souvent difficiles à saisir. Pour les autres biens, le type de possession est en général plus familier aux Occidentaux : la nourriture appartiendra à l'individu ou au ménage ; l'habitation au chef de maisonnée, sous réserve des droits des autres membres. Outils et instruments sont d'ordinaire propriété individuelle, mais les titres sociaux, les chants, les danses, les invocations magiques et les remèdes appartiennent soit à la personne, soit au groupe et peuvent souvent faire l'objet de vente et d'échange.

Alors que la plupart des compétences sont réservées à des individus bien déterminés, les biens ne cessent de changer de mains et les services réciproques sont continuels. Mauss, Malinowski, Firth, R. Thurnwald et M. J. Herskovits ont très fortement mis en valeur le principe de réciprocité, ou compensation de base ; Lévi-Strauss a dégagé la signification de l'échange des femmes. Une prestation (une dette payée en biens ou en services) est normalement un élément d'un ensemble de rapports déjà établis entre deux populations. Si les deux parties sont approximativement de statut égal, il y aura compensation équivalente, directe ou indirecte. Il faut que le donateur soit de condition plus élevée pour qu'un don volontaire reste sans contrepartie, la compensation de base étant alors le prestige.

Un système économique primitif est souvent référé explicitement au système politique et religieux. La productivité est censée dépendre des dieux ou des esprits ancestraux et un ensemble de rites vise à obtenir leur aide ou bienveillance. La manière d'allouer la terre et de distribuer les produits est le moyen essentiel qui permet aux chefs et autres responsables[...]

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Pour citer cet article

Raymond William FIRTH. ETHNOLOGIE - Ethnologie générale [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFRICAINS CINÉMAS

    • Écrit par Jean-Louis COMOLLI
    • 1 131 mots

    L'histoire des cinémas africains se sépare difficilement de celle de la décolonisation. Il y eut d'abord des films de Blancs tournés en Afrique. Puis, à partir des années soixante, les nouveaux États africains ont été confrontés au problème de savoir quel rôle, quelle orientation, quels...

  • ANTHROPOLOGIE

    • Écrit par Élisabeth COPET-ROUGIER, Christian GHASARIAN
    • 16 158 mots
    • 1 média
    En Europe, le terme « anthropologie » désigna longtemps l'anthropologie physique, ce qui explique l'usage général du mot« ethnologie » pour les études s'appliquant à l'aspect social et culturel des populations, tandis que la préhistoire, l'archéologie et la linguistique constituaient des domaines...
  • ANTHROPOLOGIE RÉFLEXIVE

    • Écrit par Olivier LESERVOISIER
    • 3 448 mots
    ...dans la prise de conscience de la nécessité de ne plus passer sous silence les effets de la dimension intersubjective de l'enquête de terrain. En dévoilant les frustrations et les colères de l'ethnologue contre ses hôtes, l'ouvrage révèle le caractère illusoire d'une observation neutre et montre...
  • ANTHROPOLOGIE ANARCHISTE

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
    • 4 849 mots
    • 3 médias
    ...développé cette même problématique des zones hors de l’État, cette fois à propos des hauts plateaux entre Soudan et Éthiopie. Combinant archéologie et ethnologie, il recense les diverses stratégies qu’ont adoptées différents groupes ethniques face à l’État, certains ayant opposé une résistance radicale,...
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