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ETHNOLOGIE Ethnologie générale

Relations politiques

Par relations politiques, on entend la conduite des affaires publiques, intérieures et extérieures. Bien qu'elles visent essentiellement à régler le comportement, elles ne se fondent pas purement et simplement sur la force, même dans le groupe le plus élémentaire.

Types d'organisations

Beaucoup de sociétés primitives ne connaissent ni organisation législative ou judiciaire, ni chef de groupe dépassant le niveau du village ou du camp. Cependant, les affaires intérieures aussi bien d'extérieures sont habituellement conduites de façon ordonnée et des ethnologues comme Lowie parlent de « politique », même s'il n'y a pas de gouvernement constitué. Mais la classification des systèmes politiques primitifs reste encore aléatoire du fait de leur grande diversité. Pour s'en tenir à l' Afrique, on passe des villages autonomes des Thonga, aux grands royaumes de Nupe et de Ganda.

Fortes et Evans-Pritchard distinguaient trois types d'organisation en Afrique : les petites sociétés non étatiques fondées sur la parenté (exemple : les Bochimans) ; des sociétés plus vastes, encore non étatiques, fondées sur un lignage à segments avec une autorité non centralisée, mais aussi certaines fonctions à portée politique (exemple : les Nuer) ; enfin les États unitaires, disposant d'une autorité centrale et spécialisée (exemple : les Bemba). I. Schapera démontra par la suite que, dans le premier type, à côté des liens de parenté, des liens territoriaux avaient aussi une portée politique ; J. Middleton et D. Tait ont relevé en Afrique beaucoup d'autres types intermédiaires. Dans les systèmes politiques du village, il n'y a pas de lignage commun, mais, en Afrique centrale, par exemple, la parenté et le voisinage servent de base à l'organisation du pouvoir et de l'autorité sous la conduite des chefs et d'autres dirigeants.

S'il s'agit d'un groupe important, sans gouvernement proprement dit, il aura souvent recours au principe unilinéaire d'organisation. Chez les Nuer, les divisions territoriales sont désignées d'après les branches du lignage, sans leur correspondre exactement toutefois ; aucune autorité bien définie ne coiffe les différents éléments du lignage : en cas de conflit, nul dirigeant n'a le pouvoir d'imposer une compensation à un groupe et de rétablir la paix ; cependant un vieillard, revêtu de certains pouvoirs (Evans-Pritchard l'appelle le « chef à peau de léopard »), y parvient en général. Ainsi, dans ce peuple indépendant et querelleur, les relations de groupe à groupe s'organisent d'après des principes moraux reconnus par tous.

En maints endroits dans le monde, les chefs constituent le gouvernement. Chez les Bemba, étudiés par A. I Richards, le chef souverain règne sur un territoire immense. Il a des conseillers, des experts, des spécialistes des rites, sans compter toute une série de courtisans et d'ambassadeurs et il réside dans une « capitale », beaucoup plus grande qu'un village ordinaire. Les membres du clan royal régissent des portions du territoire en qualité de chefs inférieurs et disposent pareillement de capitales et de cours ; en dessous, des dirigeants responsables devant eux. Ainsi se trouve unie politiquement une population importante, plus importante que ne le serait un simple groupe familial. Sa taille est fonction de la force et de l'efficacité de son administration, mais aussi de la fidélité aux liens qui symbolisent l'unité du groupe.

Relations entre groupes

Les rapports entre groupes autonomes dépendent de leur taille et de leur organisation, ainsi que du milieu. L'attitude normale est souvent l'hostilité, comme dans certaines régions de Nouvelle-Guinée. L'unité interne, dans un certain type de système politique, repose en partie sur l'opposition aux groupes extérieurs.[...]

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Pour citer cet article

Raymond William FIRTH. ETHNOLOGIE - Ethnologie générale [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFRICAINS CINÉMAS

    • Écrit par Jean-Louis COMOLLI
    • 1 131 mots

    L'histoire des cinémas africains se sépare difficilement de celle de la décolonisation. Il y eut d'abord des films de Blancs tournés en Afrique. Puis, à partir des années soixante, les nouveaux États africains ont été confrontés au problème de savoir quel rôle, quelle orientation, quels...

  • ANTHROPOLOGIE

    • Écrit par Élisabeth COPET-ROUGIER, Christian GHASARIAN
    • 16 158 mots
    • 1 média
    En Europe, le terme « anthropologie » désigna longtemps l'anthropologie physique, ce qui explique l'usage général du mot« ethnologie » pour les études s'appliquant à l'aspect social et culturel des populations, tandis que la préhistoire, l'archéologie et la linguistique constituaient des domaines...
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    • Écrit par Olivier LESERVOISIER
    • 3 448 mots
    ...dans la prise de conscience de la nécessité de ne plus passer sous silence les effets de la dimension intersubjective de l'enquête de terrain. En dévoilant les frustrations et les colères de l'ethnologue contre ses hôtes, l'ouvrage révèle le caractère illusoire d'une observation neutre et montre...
  • ANTHROPOLOGIE ANARCHISTE

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
    • 4 849 mots
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    ...développé cette même problématique des zones hors de l’État, cette fois à propos des hauts plateaux entre Soudan et Éthiopie. Combinant archéologie et ethnologie, il recense les diverses stratégies qu’ont adoptées différents groupes ethniques face à l’État, certains ayant opposé une résistance radicale,...
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