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ENFERS ET PARADIS

Enfer et paradis chrétiens

Après certaines hésitations, cette représentation dualiste de l'autre monde a été acceptée également par le christianisme ; elle figure en tout cas dans les apocalypses apocryphes. L'Apocalypse de Pierre (iie s.) est le premier ouvrage chrétien qui décrit les punitions et les tortures des pécheurs dans l'enfer : ceux-ci sont dévorés par des oiseaux, ou suspendus par la langue à des flammes, ou encore attachés à des roues de fer tournoyantes, etc. Deux siècles plus tard, l'Apocalypse de Paul reprend et développe abondamment ces motifs. Le texte évoque d'énormes vers à deux têtes, longs de trois pieds, qui rongent les entrailles des condamnés, des roues brûlantes qui font mille tours par jour, des rasoirs chauffés à blanc, un gouffre pestilentiel dans lequel pourrissent ceux qui n'ont pas reçu le baptême, etc. L'Apocalypse de Paul fut traduite dans toutes les langues de l'Europe et pendant un millier d'années sa version latine jouit d'une immense vogue dans les milieux populaires.

Jérusalem céleste - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Jérusalem céleste

L'Apocalypse de Pierre représente le paradis comme un lieu situé hors de ce monde, resplendissant de lumière. « L'air même y est illuminé des rayons du soleil, et la terre y abonde en épices et en plantes produisant de belles fleurs incorruptibles qui jamais ne se fanent et portent des fruits bénis... Les habitants de cette région sont vêtus des mêmes vêtements qui rendent les anges brillants, et leur pays ressemble à leurs vêtements. » Le paradis révélé par l'Apocalypse de Paul ressemble à la Jérusalem céleste. La cité est d'or et quatre fleuves y coulent : de miel, de lait, de vin et d'huile. Sur leurs rives croissent des arbres à dix mille branches portant dix mille grappes de fruits, et la lumière baignant ce pays a un tel éclat qu'il brille sept fois plus que l'argent.

Aphraate, un auteur syriaque du ive siècle, nous dépeint la félicité des bienheureux, vêtus de lumière, qui, admis à la table divine, sont nourris d'aliments inépuisables. « On trouve là un air agréable et serein, une clarté brillante y resplendit. Des arbres y sont plantés qui mûrissent perpétuellement, dont jamais les feuilles ne tombent et à l'ombre de leur ramure, respirant un parfum suave, les âmes consommeront de ces fruits sans jamais en éprouver la satiété. » La représentation du festin paradisiaque se retrouve d'ailleurs dans les peintures des catacombes : le vin y est versé par la Paix (Eirènè) et la Charité (Agapè). On donnait évidemment une signification spirituelle aux aliments et à la boisson dont se réjouissaient les élus.

— Mircea ELIADE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris
  • : professeur à l'université de Chicago

Classification

Pour citer cet article

Olivier CLÉMENT et Mircea ELIADE. ENFERS ET PARADIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Angkor Vat: relief - crédits : H. Champollion/ AKG-images

Angkor Vat: relief

Jérusalem céleste - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Jérusalem céleste

Le Jugement universel, J. Bosch - crédits : Nimatallah/ AKG-images

Le Jugement universel, J. Bosch

Autres références

  • ACHÉRON

    • Écrit par Barbara CASSIN
    • 189 mots

    Dans la demeure d'Hadès, aux Enfers, coule l'Achéron ; par ses sonorités plus que par une stricte étymologie, il « coule » et « roule le deuil ». Circé et Homère (Odyssée, X, 512 sqq.) y font confluer le Pyriphlégéton (le fleuve « brûlant de feu ») et le Cocyte (« gémissement...

  • ÂGE D'OR

    • Écrit par Marie-Rose MAYEUX
    • 865 mots

    Moment mythique de l'humanité décrit comme étant celui de l'abondance dans une nature généreuse, où tout pousse sans travail, où les animaux domestiques et sauvages vivent en paix entre eux et avec les hommes, où la ronce distille le miel. Les Zéphirs soufflent alors une brise rafraîchissante...

  • AMIDA

    • Écrit par Vadime ELISSEEFF
    • 858 mots
    ...zen, l'amidisme eut une influence déterminante sur tous les arts qu'il teinta d'un sentiment nouveau de miséricorde et de gratitude envers le sauveur. Avec son paradis et ses enfers multiples, il offrait ample matière à des illustrations. Les plus connues sont les cortèges d'Amida (raigo), descendant...
  • CHARON

    • Écrit par Universalis
    • 145 mots

    Dans la mythologie grecque, fils de l'Érèbe et de la Nuit. Charon, le nocher des Enfers, avait pour tâche de faire traverser les marais de l'Achéron dans sa barque aux âmes des défunts qui avaient reçu une sépulture. En paiement, il prenait la pièce de monnaie placée dans la bouche...

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Voir aussi