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ECCLÉSIOLOGIE

Il ne peut y avoir et il n'y a, pour le croyant et pour le théologien chrétien, qu'une seule Église de Jésus-Christ, à la fois visible et spirituelle, humaine et surnaturelle, qui est un article de foi du symbole des Apôtres. Cependant, on rencontre, non seulement dans le langage courant, mais encore dans celui des hommes de loi et même dans celui des théologiens, une application assez générale du mot « Église » aux communautés chrétiennes séparées les unes des autres. Il en résulte des variations dans la terminologie.

Selon un usage empirique, descriptif, voire purement sociologique du mot, on dit l'Église orthodoxe russe, l'Église luthérienne de Suède, l'Église vaudoise, l'Église réformée des Pays-Bas. Ces désignations commodes ne sont pas rigoureuses ; jamais, dans l'Antiquité, on n'aurait parlé de l'Église d'Arius ou de l'Église donatiste d'Afrique. Il vaudrait mieux, en ce cas, parler des communions orthodoxe, luthérienne, réformée. Mais l'usage courant prévaut souvent.

La langue juridique emploie le mot « confession » ou « Église » pour désigner les unités cultuelles reconnues. Ainsi parle-t-on de la séparation des Églises et de l'État, des rapports des Églises avec la société en général. Le mot désigne alors une société de droit n'ayant pas de territoire propre, mais fondée sur une confession de foi déterminée et sur des manifestations cultuelles réglées par une autorité légitime.

La tradition théologique, catholique ou orthodoxe évite d'appeler « Églises » les communautés qui n'ont pas les sacrements ni le ministère issus des Apôtres. En revanche, les confessions protestantes font du mot un emploi assez large, plutôt sociologique, sans lui attacher toujours une signification théologique proprement dite.

Les origines et les sens du mot « église »

Le réflexion sur l'Église est liée à l'origine du terme. Le mot « église » vient du latin ecclesia, simple transcription du grec ἐκκλησία qui, comme εὐχαριστία, ἀπόστολος, n'a pas été traduit par les chrétiens de langue latine afin de lui garder sa signification primitive. Les chrétiens de langue anglo-saxonne, au contraire, ont adopté plus tard un terme de la langue populaire, Kirche, church. Le mot grec ecclesia, abréviation de ἐκκλησία του̃ Κυρίου (assemblée du Seigneur), traduit l'expression biblique qahal Yahvé, le « peuple de Dieu ». Cette expression apparaît dans la Bible surtout à trois moments de l'histoire du peuple juif : au temps de l'Exode, elle désigne la communauté du désert sortie de la servitude d'Égypte, la coalition des tribus en marche vers la Terre promise ; lors de la réforme du roi Josias et de la nouvelle promulgation de la loi (Deutéronome), l'expression apparaît chargée du contenu de la prédication des prophètes : elle exprime l'idée de l'élection du peuple d'Israël, témoin de Yahvé devant les nations (cf. Is., xlix, 22) ; après l'exil de Babylone, elle désigne l'assemblée culturelle des juifs dispersés et rassemblés autour du Temple de Jérusalem, dans l'observance de la Torah et l'offrande d'un sacrifice spirituel. Dans la version grecque des Septante, qahal est traduit en général par ἐκκλησία, mais quelquefois aussi par συναγωγή.

Dans le Nouveau Testament, l'ἐκκλησία désigne la communauté des derniers temps, le « reste d'Israël » qui confesse Jésus au nom de tout le peuple comme le Messie attendu. Le mot est fréquent chez saint Paul, et il est probable qu'il a été emprunté par l'apôtre à la communauté de Jérusalem. On le rencontre, en effet, dans l'Évangile judéo-chrétien de Matthieu (xvi, 18 ; xviii, 17) et dans les sections[...]

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Écrit par

  • : directeur du Centre d'études Istina et de la revue Istina

Classification

Pour citer cet article

Bernard DUPUY. ECCLÉSIOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AUTOCÉPHALES ÉGLISES

    • Écrit par Hervé LEGRAND
    • 1 043 mots

    L'autocéphalie (du grec autoképhalos, « qui est sa propre tête ») est le régime canonique qui règle les rapports institutionnels existant entre les diverses Églises sœurs dont se compose l'Église orthodoxe. Deux traits caractérisent ce régime : le refus d'une primauté de...

  • BAPTISME

    • Écrit par Jean SÉGUY
    • 1 086 mots
    ...serait cependant erroné de leur prêter la même signification qu'aux divisions entre les grandes Églises. Dans une théologie congrégationaliste et dans le domaine de l'ecclésiologie, les baptistes sont hypercongrégationalistes : l'Assemblée locale (la paroisse si l'on veut, mais l'équivalence apparente est...
  • BULTMANN RUDOLF (1884-1976)

    • Écrit par André MALET
    • 2 316 mots
    On oublie souvent que Bultmann attache la même importance à l'ecclésiologie qu'à la christologie : l'Église est l'incarnation continuée, elle est – dit-il – « co-constituante » de l'événement du salut. Si la révélation était une réalité objective, n'importe qui...
  • CALVINISME

    • Écrit par Jean CADIER, André DUMAS
    • 4 244 mots
    • 1 média
    L'organisation ecclésiastique du calvinisme est originale. L'Église est dirigée à plusieurs échelons par des conseils composés de pasteurs et de laïcs : conseils de paroisse, colloques, synodes régionaux et nationaux. Chaque conseil élit ses délégués à l'échelon supérieur. À notre époque, les conseillers...
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Voir aussi