SOUL
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Issue du gospel, du blues et du rhythm and blues, la soul music fait connaître les grandes voix de la communauté noire américaine, comme Ray Charles, Otis Redding et Aretha Franklin.
Les doigts du «Genius» dansent sur le clavier durant quelques secondes et toute l'histoire des musiques populaires afro-américaines défile devant son auditoire.
Crédits : Hulton Archive/ Archive Photos/ Getty Images
C'est à l'église que la plupart des chanteurs noirs de l'après-Seconde Guerre mondiale ont appris les rudiments de la technique vocale. Les racines de la soul music sont les ring* shouts, les negro spirituals et les musiques vocales comme le doo-wop. Si le rhythm and blues n'est peut-être que du rock and roll joué par les Noirs, la « musique de l'âme » assimile l'influence du gospel, notamment par la redécouverte de la forme appel-réponse présente dans les offices religieux. Des artistes comme James Brown et Sam Cooke, une star du gospel avec son groupe Soul Stirrers, posent les bases du genre. Le premier transforme le concert en cérémonie païenne où la danse devient transe tandis que le second évoque déjà des thèmes sociaux (A Change Is Gonna Come, repris par The Neville Brothers). Lancé par les disques Atlantic dès 1954, Ray Charles perpétue l'héritage du blues. Le genre prend assez vite son essor. Dans les années 1960, Otis Redding (sous le label Stax) atteint des sommets d'expressivité grâce à un style vocal complet qui dialogue constamment avec une section de cuivres. Ces deux artistes majeurs commencent à intéresser le public blanc, tout comme la firme Talma Motown avec des interprètes comme The Temptations (une influence majeure du rock, des Rolling Stones à Rod Stewart), The Four Tops, Stevie Wonder, Marvin Gay, Aretha Franklin ou Sam & Dave.
À la fin des années 1960, la pop music intègre plus clairement des éléments du langage de la musique noire (Joe Cocker), au moment où Otis Redding reprend (I Can't Get No) Satisfaction des Rolling Stones, ce qui fait le bonheur de Keith Richard, le guitariste du groupe.
Dans les années 1970, Curtis Mayfield et Al Green maintiennent le cap malgré les tentations commerciales du disco.
Le crossover* amorcé avec Ike et Tina Turner finit de s'accomplir lorsqu'en 1974 sort un des disques les plus attendus de l'histoire de la musique populaire, Songs in the Key of Life, de Stevie Wonder. La musique de ce double album fascine les musiciens du monde entier : Isn't she Lovely devient un standard de jazz, Superstition fait l'objet de nombreuses reprises, comme celle du bluesman blanc Stevie Ray Vaughan.
Dans les tendances récentes de la soul music, la musique vocale revient en force, habillée de rythmes hip-hop* à la faveur du développement du style R'n'B (rhythm and blues), parfois appelé new jack, dans lequel s'illustrent Boyz II Men, Teddy Riley ou le groupe Guy. En Europe, Jamiroquai, Zucchero ou Soul II Soul perpétuent l'héritage de la soul avec un certain succès. À l'aube du xxie siècle, de jeunes artistes comme D'Angelo, Kelis, Macy Gray, Lauryn Hill, Me' Shell NdegeOcello ou Maxwell redécouvrent les racines de la soul et en proposent une version revisitée.
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Écrit par :
- Eugène LLEDO : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore
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Pour citer l’article
Eugène LLEDO, « SOUL », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 16 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/soul/