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DOO-WOP

Style musical vocal hérité des negro spirituals, variante du rhythm and blues et du rock and roll populaire dans les années 1950 et 1960, le doo-wop est généralement interprété par de petits ensembles vocaux comportant un soliste ténor qui chante la mélodie tandis que trois ou quatre autres chanteurs produisent des harmonies en arrière-plan. Le terme doo-wop est une onomatopée évoquant les sons émis par le groupe pour soutenir le soliste.

Le doo-wop plonge ses racines dans les enregistrements des Mills Brothers et des Ink Spots, précurseurs du genre dans les années 1930 et 1940. Les premiers créent un courant à part entière en utilisant la voix pour imiter le son des instruments à cordes ou à vent. Les seconds établissent la prédominance du ténor et de la basse dans les groupes vocaux de musique populaire. Leur influence est perceptible sur les premiers enregistrements de rhythm and blues des Ravens dans les années 1940, se poursuit dans les années 1950, et perdure jusqu'aux années 1970. Cette impulsion trouve son expression la plus emblématique dans la reprise des tubes des Ink Spots : My Prayer par les Platters en 1956 et If I Didn't Care par les Moments en 1970. Le groupe vedette masculin de la Motown des années 1960 et 1970, les Temptations, possède une couleur vocale empruntée à ce style doo-wop classique. Eddie Kendricks, David Ruffin et Melvin Franklin, solistes et basse des Temptations, s'inspirent en effet largement du ténor (Bill Kenny) et de la basse (Hoppy Jones) des Ink Spots. Il existe également une école de doo-wop féminin, représentée par les Chantels, les Shirelles ainsi que Patti LaBelle et les Bluebelles.

La popularité du doo-wop parmi les adolescents noirs des ghettos des centres-villes de l'Amérique des années 1950, à New York, Chicago ou Baltimore, est due en grande partie au fait que cette musique se joue a cappella. Les instruments de musique leur étant bien souvent inaccessibles, les formations vocales restent leur meilleure façon de se produire. Les groupes de doo-wop répètent leurs chansons dans les halls et les toilettes des lycées ou sous les ponts, dont l'acoustique fait résonner leurs harmonies. Une fois au point, ils se produisent dans les boutiques des coiffeurs, au coin des rues, dans les community centers (équivalent des M.J.C.) ou dans les halls du fameux Brill Building à Broadway. De nombreux enregistrements de doo-wop possèdent une telle richesse harmonique vocale que celle-ci éclipse bien souvent l'accompagnement instrumental, minimaliste, dont ils disposent. C'est d'ailleurs cette intensité et cette simplicité qui séduisent une grande partie de leur public. En outre, ces enregistrements, qui réclament peu de moyens techniques, sont faciles à produire et constituent un investissement peu coûteux, idéal pour les petites maisons de disques. L'absence d'instruments à cordes et à vent permettant des arrangements offre souvent aux premiers enregistrements du début des années 1950 un son épuré presque envoûtant. What Are You Doing New Years Eve ? (1949) et Crying in the Chapel (1953) des Orioles, A Sunday Kind of Love (1953) des Harptones ou encore Earth Angel (1954) des Penguins illustrent parfaitement cet effet.

Un des revers de la simplicité artistique de ces disques de doo-wop est qu'il n'est guère ardu pour les grands labels de produire une reprise à valeur ajoutée (en y adjoignant souvent les sections à cordes et à vent absents de la version originale) avec un autre groupe vocal. Resituée dans le contexte de la ségrégation raciale de l'Amérique des années 1950, cette pratique consiste généralement à produire des reprises, interprétées par des Blancs, de morceaux enregistrés à l'origine par des Noirs, afin de toucher un plus large public. Parmi les innombrables disques de doo-wop ayant connu ce sort, citons Sh-Boom des Chords (repris par[...]

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Écrit par

  • : professeur de droit à l'université de Dayton
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Frederick Dennis GREENE. DOO-WOP [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GOSPEL

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 807 mots
    Le doo-wop, dont le groupe Sonny Til & The Orioles est le précurseur, représente une sorte de pendant ludique, profane (et commercial) du gospel. Cette musique se caractérise par une prédilection pour les ballades, un travail sur les voix, qui emprunte au gospel, et une utilisation abondante d'onomatopées...
  • KING BEN E. (1938-2015)

    • Écrit par Universalis
    • 291 mots

    Benjamin Earl Nelson naît le 28 septembre 1938 à Henderson, en Caroline du Nord. Enfant, il chante dans des chorales d’église et, à l’adolescence, il forme un groupe de doo-wop, les Four B’s. En 1956, il est remarqué alors qu’il chante dans le snack-bar de son père et est engagé dans le groupe...

  • ORIOLES THE

    • Écrit par Universalis, Robert D. PRUTER
    • 326 mots

    Ensemble vocal américain de la fin des années 1940 et du début des années 1950, The Orioles est un des précurseurs du doo-wop, et peut être considéré comme le premier groupe à avoir interprété du rhythm and blues.

    En 1947, Sonny Til (de son vrai nom Earlington Carl Tilghman, 1928-1981),...

Voir aussi