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CATHOLICISME Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II

L'Église face au monde païen

L'organisation de la communion chrétienne

« Là où est le Christ, là est l'Église catholique », écrit Ignace d'Antioche († env. 107), qui le premier veut expliquer par ce mot l'universalité du salut. Cette unique Église se réalise en chaque cité dans la communion de charité fraternelle qui unit les croyants entre eux autour de l' évêque, que les lettres d'Ignace d'Antioche considèrent comme le chef de toute communauté chrétienne. Reconnu comme successeur des Apôtres, il garde la foi, préside au culte, stimule et surveille la fidélité de chacun ; quelques anciens ou presbytres le secondent dans ce service (« ministère ») auprès des frères, tandis que des diacres, parfois aussi des veuves, assurent des tâches d'assistance.

Chaque communauté prend bientôt elle-même le nom d'Église, et ainsi le livre de l'Apocalypse se présente-t-il comme une lettre aux sept Églises. Mais chacune entend bien demeurer en communion avec les Églises voisines ; les évêques d'une même région s'écrivent, se consultent et, à l'occasion, se réunissent en synodes provinciaux. Une vénération spéciale entoure déjà l'Église romaine, « présidente de l'alliance divine » (Ignace d'Antioche). L'évêque de Rome, successeur de Pierre, croit pouvoir en plusieurs circonstances imposer son point de vue dans des conflits de quelque importance. « L'ensemble des croyants de tous les pays, écrit Irénée de Lyon, doit demeurer en accord avec l'Église de Rome. »

Les rites eux aussi s'organisent. Un temps de catéchuménat prépare au baptême. L'augmentation du nombre des croyants oblige assez rapidement à renoncer aux célébrations domestiques de l'eucharistie ; on se rassemble en des lieux plus vastes et néanmoins discrets, des cimetières par exemple (catacombes de Rome), voire – là où la persécution est moins menaçante – dans des édifices (basiliques) spécialement construits dans ce but. En dépit de l'austère discipline de vie qu'ils s'imposent, les chrétiens ne sont pas à l'abri de toute défaillance morale. À ceux-là une voie de pénitence est ouverte, comme un second baptême ; un écrit comme le Pasteur d'Hermas en témoigne, sans toutefois en indiquer les modalités.

Révélation chrétienne et culture païenne

Que Jésus de Nazareth, crucifié et ressuscité, soit Fils de Dieu et Sauveur des hommes, comment une telle croyance pourrait-elle se propager sans remous dans un monde que domine une culture à la fois raisonneuse et syncrétiste ?

Des intellectuels comme Celse (iie s.) ou Porphyre (iiie s.) raillent les absurdités du message chrétien, dénoncent le péril qu'il représente pour l'ordre public. Contre ces attaques, saint Justin (iie s.) défend en philosophe la supériorité des valeurs chrétiennes ; l'Africain Tertullien met son talent d'avocat romain au service de la cause de ses frères ; avec plus de douceur et de clarté, Minucius Felix dévoile l'impuissance du scepticisme romain.

Face à la culture païenne, les apologies soulignent ainsi davantage les ruptures que les continuités. Ces dernières sont au contraire volontiers captées par de subtils systèmes de pensée, plus ou moins ésotériques, inclinés à tout réduire en valeurs de connaissance. La gnose, sous ses diverses élaborations, représente, dès le iie siècle, le plus grand danger pour la foi chrétienne, menaçant d'en dissoudre la substance. N'avance-t-on pas que le Christ n'aurait eu qu'une apparence humaine (docétisme) ? Marcion refuse toute valeur à l'Ancien Testament, et met ainsi en cause l'historicité de la nouvelle alliance.

Contre la contamination gnostique, deux réactions sont possibles : ou bien entrer dans le jeu de ce vocabulaire mais pour manifester[...]

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Pour citer cet article

Jean DANIÉLOU et André DUVAL. CATHOLICISME - Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Boniface VIII - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Boniface VIII

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine

Pie IX - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Pie IX

Autres références

  • ABBÉ PIERRE HENRI GROUÈS dit L' (1912-2007)

    • Écrit par Jean-Claude PETIT
    • 1 094 mots

    L'abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, voit le jour à Lyon le 5 août 1912. Il est le cinquième d'une famille de huit enfants qu'il qualifie lui-même de bourgeoise. Cette famille nombreuse lui vaudra d'avoir cent vingt-trois neveux et nièces, tous âges, tous degrés et toutes conditions confondus,...

  • ACTION CATHOLIQUE

    • Écrit par Charles BALADIER
    • 1 474 mots

    Trop multiforme et trop étendue pour constituer une véritable organisation, l'Action catholique est plutôt un ensemble de mouvements obéissant à une sorte d'idée-force ou de loi-cadre qui consiste, dans l'Église contemporaine, à faire participer les laïcs à l'apostolat dont...

  • AMÉRICANISME, catholicisme

    • Écrit par Émile POULAT
    • 375 mots

    Doctrine ou attitude condamnée en 1899 par Léon XIII dans sa lettre Testem benevolentiae. « Hérésie fantôme », diront ceux qui étaient ou se sentaient visés. Opinions nouvelles qui amalgament les vertus américaines avec de vieilles erreurs et font le jeu du protestantisme anglo-saxon, expliqueront...

  • AMÉRIQUE LATINE, économie et société

    • Écrit par Jacques BRASSEUL
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    • 22 médias
    L'Amérique latine est avant tout un continentcatholique : elle porte près de la moitié des fidèles de l'Église de Rome, un tiers de ses évêques. La population est chrétienne à 90 p. 100, et les protestants, en progression, en représentent 20 p. 100, essentiellement au sein des différentes...
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