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CATHOLICISME Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II

L'Église catholique face au monde moderne

Le concile de Trente (1545-1563)

Au moment où s'ouvre le concile de Trente, une partie notable de l'Europe échappe à l'Église romaine. L'impulsion de réforme donnée par Luther s'est largement propagée, relayée par d'autres chefs de file (Melanchthon, Bucer, Zwingli, Calvin), renforcée souvent par la conjoncture sociale et politique, riche surtout des énergies religieuses qu'elle a réveillées ou orientées. Une partie des États et villes d'Allemagne, plusieurs cantons suisses, le nord des Pays-Bas, les royaumes scandinaves vivent déjà et organisent des formes de christianisme dont l'élément commun est le refus de Rome. Se heurtant à la résistance du pape dans l'affaire de son divorce, Henri VIII a entraîné l'Angleterre dans le schisme. Partout ailleurs, en France surtout, n'y a-t-il pas grave menace de nouvelles déchirures ?

Certes, dans le même temps, l'expansion espagnole dans le Nouveau Monde, les chemins ouverts par les Portugais vers l'Extrême-Orient ont immensément élargi les possibilités d'implantation de l'Église ; l'horizon du concile de Trente n'en demeure pas moins strictement européen et latin. Avant de se propager, le catholicisme doit se maintenir, et pour cela se redéfinir. En traçant avec netteté les frontières dogmatiques de l'orthodoxie, le concile consomme la rupture avec les Églises réformées, mais assure la cohésion de l'Église par la solidité de la foi. Bénéficiaire lui-même des forces de renouveau spirituel ou pastoral à l'œuvre en Italie et en Espagne depuis un demi-siècle, il propose idéal de vie et programme d'action à un clergé qu'il réveille au sens de ses responsabilités.

Tandis que le monde change de dimensions, plus encore culturellement que géographiquement, l'évolution de l'Église post-tridentine s'effectue sous la tension d'une double préoccupation : des positions à maintenir, à défendre, voire à reconquérir ; tous les hommes à conduire au salut par la foi en Jésus-Christ et les sacrements de son Église.

La politique de la Contre-Réforme

Jusqu'à la fin du xviiie siècle, la carte des confessions chrétiennes en Europe demeure une carte politique : « Cujus regio ejus religio. » Tandis qu'en Angleterre, après l'excommunication d'Élisabeth par Pie V (1570), « catholique » ou « papiste » signifie plus ou moins « conspirateur », le Saint-Siège, spécialement par ses nonces, demeure en contact permanent avec les souverains, dont la coopération politique, voire militaire (guerre de Trente Ans), est nécessaire au maintien ou à la reconquête des positions de l'Église. Plus les princes identifient prospérité de leur État et fidélité catholique, plus ils ont à cœur le progrès de la foi et la stabilité religieuse, parfois jusqu'à l'intolérance : Philippe II renforce l'Inquisition, Louis XIV révoque l'édit de Nantes (1685). Plus s'accuse aussi la prétention de l'État à diriger les affaires ecclésiastiques : régalisme espagnol, gallicanisme de Louis XIV et des Parlements, fébronianisme de Joseph II. La rivalité des puissances catholiques – maison de France contre maison d'Autriche – aggrave la faiblesse politique de la papauté.

Dans les limites de ces tutelles nationales, et à cause d'elles, la centralisation romaine progresse grâce aux règlements et interventions de nouveaux organismes de gouvernement, les congrégations. L'instance suprême en est le Saint-Office, spécialement chargé de veiller à l'intégrité de la foi. Les réflexes de défense y dominent, aux dépens des voies nouvelles du savoir scientifique (condamnation de Galilée, 1633). Prototype d'une forme nouvelle de théologie savante, les Controverses du cardinal[...]

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Pour citer cet article

Jean DANIÉLOU et André DUVAL. CATHOLICISME - Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Boniface VIII - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Boniface VIII

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine

Pie IX - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Pie IX

Autres références

  • ABBÉ PIERRE HENRI GROUÈS dit L' (1912-2007)

    • Écrit par Jean-Claude PETIT
    • 1 094 mots

    L'abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, voit le jour à Lyon le 5 août 1912. Il est le cinquième d'une famille de huit enfants qu'il qualifie lui-même de bourgeoise. Cette famille nombreuse lui vaudra d'avoir cent vingt-trois neveux et nièces, tous âges, tous degrés et toutes conditions confondus,...

  • ACTION CATHOLIQUE

    • Écrit par Charles BALADIER
    • 1 474 mots

    Trop multiforme et trop étendue pour constituer une véritable organisation, l'Action catholique est plutôt un ensemble de mouvements obéissant à une sorte d'idée-force ou de loi-cadre qui consiste, dans l'Église contemporaine, à faire participer les laïcs à l'apostolat dont...

  • AMÉRICANISME, catholicisme

    • Écrit par Émile POULAT
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    Doctrine ou attitude condamnée en 1899 par Léon XIII dans sa lettre Testem benevolentiae. « Hérésie fantôme », diront ceux qui étaient ou se sentaient visés. Opinions nouvelles qui amalgament les vertus américaines avec de vieilles erreurs et font le jeu du protestantisme anglo-saxon, expliqueront...

  • AMÉRIQUE LATINE, économie et société

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    • 22 médias
    L'Amérique latine est avant tout un continentcatholique : elle porte près de la moitié des fidèles de l'Église de Rome, un tiers de ses évêques. La population est chrétienne à 90 p. 100, et les protestants, en progression, en représentent 20 p. 100, essentiellement au sein des différentes...
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