Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TURBULENCE

La turbulence en sciences de la Terre

Puisqu'elle y contrôle les transports et les échanges d'énergie et de matière, c'est en définitive la turbulence qui conditionne notre environnement global en fixant son équilibre dynamique, que l'on peut craindre fragile. Cette intervention de la turbulence, qui s'observe des couches profondes de la lithosphère jusqu’aux niveaux supérieurs de l’atmosphère et à des échelles spatiales et temporelles extrêmement variées, est une difficulté majeure pour la prévision de l'évolution de l'écosphère.

Les facteurs essentiels

Quelques chiffres caractéristiques des milieux géophysiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Quelques chiffres caractéristiques des milieux géophysiques

– L'échelle considérée. Les processus turbulents s'étendent du dixième de millimètre jusqu'à plusieurs milliers de kilomètres : un ordre de grandeur de 1 à 1010. L'échelle horizontale maximale L des enveloppes fluides externes est de 100 à 1 000 kilomètres, alors que l'échelle verticale H est de l'ordre de 1 (pour l'océan) à 10 (pour l'atmosphère) kilomètres, et souvent même moins en raison d'une stratification stable. Les mouvements de grande échelle ou synoptiques, se déroulant dans de minces coquilles sphériques, sont donc quasi bidimensionnels et hydrostatiques, ceux de petite échelle sont les seuls à présenter une turbulence tridimensionnelle et non hydrostatique. Pour les masses « fluides » (manteau et noyau) internes, les échelles horizontale et verticale sont de l'ordre du millier de kilomètres.

– Les variations de la masse spécifique, en combinaison avec la gravité. La densité des fluides géophysiques dépend de leur température, de leur pression et enfin de leur teneur en éléments mineurs (humidité, salinité, minéraux...). Lorsque la stratification est stable (fig. 3.2), la force d'Archimède conduit au développement d'ondes internes gravitaires à la fréquence de Brunt-Väisälä, N, mais inhibe les mouvements turbulents verticaux et les flux associés : il en résulte une turbulence bi-dimensionnelle dans des couches horizontales qui peuvent être découplées les unes des autres. Inversement, si la stratification est instable, des mouvements de convection prennent naissance et une turbulence tridimensionnelle, où les grands déplacements verticaux et les échanges correspondants sont particulièrement favorisés, se développe.

–  La rotation terrestre, à l'origine de la force de Coriolis, qui domine les mouvements de grandes échelles dont le nombre de Rossby est petit : la Terre est une planète « en rotation rapide ». Dans les enveloppes fluides, les mouvements quasi horizontaux sont affectés par la composante verticale de la vitesse de rotation, caractérisée par le paramètre de Coriolis, f = 2Ω Sin ϕ, dont la variation avec la latitude ϕ est à l'origine d'ondes de très grande échelle. Il existe le plus souvent un équilibre géostrophique entre le gradient de pression et la force de Coriolis : les mouvements suivent les surfaces d'égale pression (ou isobares) et seraient uniformes verticalement si ρ l'était horizontalement. Cela conduirait à une turbulence géostrophique bi-dimensionnelle avec des tourbillons verticaux (les colonnes de Taylor-Proudman) et à des ondes inertielles horizontales (les oscillations d'inertie). Le principal mécanisme de génération de la turbulence géostrophique est l'instabilité barocline qui transforme une partie de l'énergie potentielle en énergie cinétique à l'échelle du rayon interne de déformation de Rossby Rd  = NH/f.

– Les interactions déterminantes de la turbulence avec différents processus physiques : les rayonnements solaire et terrestre, les changements de phase (en particulier pour l'eau) et les effets de chaleur latente associés, les effets polyphasiques, l'échauffement radioactif et les mécanismes magnétohydrodynamiques.

Le système océan-atmosphère[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Fabien ANSELMET, Michel COANTIC et Gérard TAVERA. TURBULENCE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Turbulences : exemples de bifurcations - crédits : Encyclopædia Universalis France

Turbulences : exemples de bifurcations

Turbulence : exemple de tore T6 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Turbulence : exemple de tore T6

Turbulence : le système de Lorenz et la SCI - crédits : Encyclopædia Universalis France

Turbulence : le système de Lorenz et la SCI

Autres références

  • AÉRODYNAMIQUE

    • Écrit par Bruno CHANETZ, Jean DÉLERY, Jean-Pierre VEUILLOT
    • 7 226 mots
    • 7 médias
    Unevaleur très élevée du nombre de Reynolds entraîne une seconde difficulté liée au caractère turbulent de l'écoulement. 'Si on observe la couche limite qui se développe sur une plaque plane, on constate, lorsque le nombre de Reynolds augmente, que la structure de l'écoulement se désorganise, en passant...
  • AÉRONOMIE

    • Écrit par Gaston KOCKARTS
    • 4 157 mots
    • 11 médias
    ...concentrations diminuent avec l'altitude, leurs abondances relatives ne sont pas modifiées. Les phénomènes de brassage, tels que les vents, la convection et la turbulence, sont suffisamment rapides et importants pour que la composition volumique des constituants reste constante avec l'altitude. Notons, dès à présent,...
  • ATMOSPHÈRE - Thermodynamique

    • Écrit par Jean-Pierre CHALON
    • 7 607 mots
    • 7 médias
    ...ascendants et descendants, susceptibles de déclencher une instabilité conditionnelle présente très loin du lieu où elles ont été produites. Elles peuvent aussi provoquer defortes turbulences, parfois qualifiées de « trous d’air », qui sont particulièrement inconfortables pour les transports aériens.
  • BERGÉ PIERRE (1934-1997)

    • Écrit par Louis BOYER, Monique DUBOIS-GANCE, Yves POMEAU
    • 831 mots
    • 1 média

    Pierre Bergé, chercheur et expérimentateur talentueux, fut un grand physicien dans le domaine de la matière condensée. Originaire de Pau, il fit ses études supérieures à l'École centrale de Nantes. Toute sa carrière de physicien fut effectuée au Commissariat à l'énergie atomique, centre d’études de...

  • Afficher les 17 références

Voir aussi