INFLATION
Fléau des après-guerres, puis des années 1970 et 1980 dans bon nombre de pays, l'inflation, qui désigne une augmentation continue du niveau général des prix, demeure-t-elle une menace ? Les responsables des banques centrales des pays développés, gardiens sourcilleux de la stabilité monétaire, avertissent périodiquement de l'imminence de son retour, justifiant ainsi le durcissement des politiques monétaires. Pourtant, depuis des années, le rythme de hausse de l'indice général des prix à la consommation demeure, partout, très modéré, le plus souvent compris entre 2 et 3 p. 100 l'an. Est-ce là le mal absolu qu'il faut craindre plus que tout et contre lequel il convient de lutter en priorité ? Ou bien cet indice n'en constitue-t-il pas une mesure fiable ? Tandis que l'inflation mesurée officiellement est si basse que l'on peine à croire à son retour, l'inflation perçue par les consommateurs semble toujours excessive ; et alors que la plupart des prix à la consommation paraissent sages, ceux de l'alimentation subissent des hausses importantes et les prix d'autres biens, notamment des matières premières et des actifs – immobiliers, boursiers, par exemple – s'envolent régulièrement. N'est-ce pas là le signe qu'elle est toujours présente, du moins toujours menaçante ?
Qu'est-ce que l'inflation ?
Définition
Du latin inflare, qui veut dire « enfler », « gonfler », le mot « inflation » désigne habituellement le processus d'augmentation continue des prix des biens de consommation. Parce que bon nombre d'économistes associent, comme on le verra, cette hausse des prix des biens de consommation à une augmentation excessive de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie, le terme peut également faire référence au « gonflement » de la masse monétaire. Les prix des biens de consommation subissant une augmentation – volontiers dénommée « vie chère » –, il s'ensuit que le « pouvoir d'achat » des revenus et des patrimoines, c'est-à-dire la quantité de biens qui peut être achetée avec une unité de revenu ou de patrimoine, mais également le pouvoir d'achat de la monnaie, c'est-à-dire ce qui peut être acheté avec une unité de monnaie, diminue au rythme de l'inflation, dont on dit qu'elle ampute le pouvoir d'achat, sauf dans le cas où les revenus ou les patrimoines sont indexés sur une mesure du niveau des prix à la consommation : on parle alors de maintien de la valeur « réelle » du revenu ou du patrimoine, c'est-à-dire de maintien du pouvoir d'achat.
Lorsque le niveau général des prix à la consommation baisse de façon prolongée, on parle de « déflation », qui est donc une inflation négative. Rare depuis la Seconde Guerre mondiale, la déflation est généralement considérée comme une situation dangereuse pour l'économie, parce que l'anticipation d'une baisse future des prix des biens incite les consommateurs à différer leurs achats, ce qui engendre une baisse de la demande adressée aux entreprises, donc une baisse ultérieure des prix, etc. En revanche, la « désinflation », qui est un ralentissement de l'inflation, est généralement saluée comme une évolution favorable, notamment dans les pays où l'inflation a été forte et durable. Pourtant, même lorsque l'inflation est basse, certains gouvernements peuvent être tentés par des stratégies de « désinflation compétitive » : il s'agit alors, comme l'a fait la France au cours de la seconde moitié des années 1980, ou l'Allemagne au début des années 2000, de chercher à obtenir un taux d'inflation plus faible que ceux des principaux partenaires, notamment ceux avec qui l'on entretient une parité fixe de la monnaie nationale, de manière à accroître ainsi la compétitivité[...]
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Écrit par
- Jacques LE CACHEUX : professeur des Universités à l'université de Pau et des pays de l'Adour
Classification
Pour citer cet article
Jacques LE CACHEUX, « INFLATION », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Médias

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Three Lions/ Hulton Archive/ Getty Images
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