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CARTER JIMMY (1924- )

Homme politique américain, trente-neuvième président des États-Unis (1977-1981).

Ancien officier de marine sur les sous-marins atomiques, Jimmy Carter rentre à vingt-neuf ans à Plains (Georgie) pour y prendre la succession de son père. Le métier de planteur de cacahuète, quels qu'en soient les charmes, vantés par Carter lui-même, n'est pas assez exaltant pour cet homme fort ambitieux : il se lance dans la politique locale, comme démocrate, ce qui est la règle presque exclusive dans le Sud. Au niveau, d'abord, du district scolaire, puis du Sénat de Georgie, où il siégera de 1962 à 1966. Pour ce que l'on peut en savoir (10 p. 100 seulement des votes étaient alors enregistrés à Atlanta), il s'y montre conservateur en matière fiscale et libéral sur les problèmes sociaux. Après un échec en 1966, il se représente au poste de gouverneur de Georgie en 1970. Il est élu, non sans quelque difficulté, contre un adversaire plus libéral que lui. Mais son discours d'inauguration constitue une surprise pour ceux de ses électeurs qui l'avaient cru raciste. Il déclare en effet : « Je dois vous dire franchement que le temps de la discrimination est terminé », et sa déclaration est suivie de la nomination de Noirs à des postes de responsabilité au niveau étatique. Ces décisions lui valent une publicité nationale : il devient l'un des symboles du « Nouveau Sud ».

En 1974, en tant que président de la commission démocrate pour les élections législatives, il voyage à travers tout le pays et prend contact avec de nombreux responsables démocrates. Ainsi, lorsqu'il déclare officiellement sa candidature à la présidence des États-Unis, il est inconnu de la plus grande partie de l'électorat américain – mais point de l'appareil du parti républicain ni de celui du parti démocrate. Ce dernier, comme les autres composantes du parti (les syndicats, notamment, et l'électorat noir), se ralliera à sa candidature, avec un enthousiasme parfois mitigé, il est vrai. Électorat noir, syndicats, éléments sudistes et appareil démocrate auront d'ailleurs un rôle beaucoup plus déterminant que ne l'eût souhaité Carter dans une victoire acquise d'extrême justesse. Le 2 novembre 1976, il est élu président des États-Unis, avec 51 p. 100 des suffrages exprimés, face au président sortant Gerald Ford, qui en recueille 48 p. 100. Le taux d'abstention particulièrement élevé (45 p. 100) est significatif du scepticisme d'une bonne partie de l'électorat américain à l'égard d'un système politique dont le fonctionnement semble parfois bien loin de l'idéal inculqué à l'école.

Jimmy Carter n'a été élu qu'envers et contre tous les appareils politiques. Bien qu'ayant fait campagne contre l'establishment, il a su largement puiser dans ce réservoir de personnalités formées de longue date aux dédales de la politique américaine. En effet, le cercle de ses adjoints à la Maison-Blanche étant pour l'essentiel composé de Georgiens qui travaillent avec lui depuis de longues années et en qui il a pleine confiance, Jimmy Carter a éprouvé le besoin de compenser leur inexpérience en matière de problèmes nationaux, en particulier en politique étrangère, par la nomination d'hommes ayant déjà eu des responsabilités gouvernementales. Ses choix ont parfois été critiqués parce que les « revenants » des équipes Kennedy et Johnson n'ont que très tardivement dénoncé l'intervention américaine au Vietnam et sont par trop liés à la Commission trilatérale, aux grandes entreprises et institutions financières et aux cabinets d'avocats les plus huppés.

Jimmy Carter et Menahem Begin, 1979 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Jimmy Carter et Menahem Begin, 1979

Le président Carter avait déclaré, lors de la campagne électorale, qu'il accorderait la priorité à la réorganisation gouvernementale et aux affaires intérieures. Mais c'est principalement[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques

Classification

Pour citer cet article

Marie-France TOINET. CARTER JIMMY (1924- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Jimmy Carter et Menahem Begin, 1979 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Jimmy Carter et Menahem Begin, 1979

Accords de Camp David, 1978 - crédits : David Hume Kennerly/ Getty Images

Accords de Camp David, 1978

Otages américains en Iran - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Otages américains en Iran

Autres références

  • BRZEZINSKI ZBIGNIEW (1928-2017)

    • Écrit par Universalis
    • 611 mots
    • 1 média

    Politologue américain, spécialiste des relations internationales des États-Unis, Zbigniew Brzezinski fut le conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter de 1977 à 1981.

    Zbigniew Kazimierz Brzezinski est né le 28 mars 1928 à Varsovie (Pologne). Son père, membre éminent du ...

  • CHRISTOPHER WARREN (1925-2011)

    • Écrit par Melinda C. SHEPHERD
    • 530 mots

    Warren Christopher est une figure clé de la diplomatie américaine. Il a imprimé sa marque à la politique étrangère des États-Unis sous les présidences démocrates de Jimmy Carter puis de Bill Clinton. Il est notamment réputé pour son style discret et méthodique lors des négociations qu'il a...

  • ÉGYPTE - L'Égypte républicaine

    • Écrit par Universalis, Sandrine GAMBLIN, Robert SANTUCCI
    • 38 768 mots
    • 16 médias
    ...désengagements dont il est question plus haut, et après une déclaration commune américano-soviétique du 1er octobre 1977, le nouveau président américain Jimmy Carter va rechercher durant un an un compromis entre les parties, rendu encore plus difficile par l'arrivée au pouvoir en Israël du parti du Likoud...
  • EST-OUEST RELATIONS

    • Écrit par Universalis, Jacques HUNTZINGER, Philippe MOREAU DEFARGES
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    ...nouveaux systèmes d'armement comme le missile mobile ou le missile de croisière, mais ce gel ne durera que trois années. La décision prise par le président Carter de produire des missiles mobiles MX, afin de faciliter la ratification de l'accord S.A.L.T. II par le Sénat, rend déjà presque caduc le protocole....
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Voir aussi