DESCARTES RENÉ
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La métaphysique : les idées et Dieu
Dans la Méditation seconde, le cogito s'était imposé à titre de première certitude. Mais, au début de la Méditation troisième, au thème de l'affirmation de ma pensée succède celui de sa solitude. Le moi pensant ignore s'il existe des choses extérieures à lui, et le doute, sur ce point maintenu, suspend ainsi toute connaissance objective. Pourtant, la pensée appelle un être extérieur à elle, puisque toutes ses idées, dont elle est pour l'instant l'unique support ontologique, sont, par essence, des renvois à l'extériorité. Descartes les examine donc une à une, en les considérant dans leur « réalité objective », c'est-à-dire dans leur contenu représentatif, et à titre de signes possibles de quelque extériorité.
Réalité objective et structure des idées
Les idées, en effet, ne sont pas seulement des modes de mon moi. Elles représentent des objets et, en ce sens, elles diffèrent entre elles. Il ne suffit donc pas d'avoir expliqué mes idées en y voyant seulement des états de ma pensée, en affirmant qu'elles sont d'étoffe mentale. Il faut encore les expliquer selon leur contenu, et comprendre qu'en ce qu'elles ont des contenus différents elles requièrent des causes diverses. Ce n'est pas tout : comme l'indique le début de la Méditation cinquième, les idées ont une essence. En ce sens encore, elles s'imposent à moi, et il est clair que, tout jugement d'existence étant suspendu, je dois cependant attribuer au cercle ou au triangle, selon les idées que j'en ai, les propriétés qui leur appartiennent. Comme modes du moi, les idées sont toutes semblables : or elles diffèrent entre elles. Comme modes du moi, les idées ne devraient exercer sur ma liberté aucune contrainte. Or elles lui imposent leur structure avec nécessité. En tout cela, les idées semblent bien exiger quelque extériorité, et requérir quelque autre cause que le seul esprit humain.
Ainsi Descartes, qui n'est encore assuré que d'une seule réalité, celle de sa pensée, se met en quête d'un être autre que le sien, être pouvant être cause de ses [...]
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Écrit par :
- Ferdinand ALQUIÉ : professeur honoraire à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques)
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Pour citer l’article
Ferdinand ALQUIÉ, « DESCARTES RENÉ », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 15 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/rene-descartes/