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PLATON (env. 428-env. 347 av. J.-C.)

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Les Dialogues

La transmission du texte

L'histoire du texte de Platon est liée à celle du platonisme, faite d'une suite de renaissances : celles, d'abord, de l'Académie, sauvée du déclin chaque fois que fut éprouvé le besoin de retourner aux Dialogues pour y puiser un nouvel élan. Des lectures diverses et même opposées − sceptiques et probabilistes, ou à l'inverse mystiques et dogmatiques −sont avancées tour à tour, mais ce sont d'abord des lectures qui doivent s'appuyer sur des textes bien établis. La renaissance byzantine, œuvre du patriarche Photius, grand personnage et grand érudit, prend, au ixe siècle, le relais, suivie au xve siècle de l'italienne et enfin de la française : une fois imprimé, le texte des Dialogues ne risque plus de se perdre. Avec cette autre renaissance du platonisme qu'est l'idéalisme allemand commence une nouvelle histoire, celle de la critique philologique et philosophique des Dialogues.

Après la mort de Platon, l'Académie, outre la publication des œuvres posthumes, Les Lois et le fragment du Critias, continua à assurer la reproduction et la diffusion des Dialogues dans le monde grec. Devaient exister alors des manuscrits soignés, d'autres remplis de fautes grossières, d'autres encore corrigés arbitrairement : le problème de l'établissement correct du texte se pose dès l'Antiquité. La découverte de fragments de papyrus de qualité médiocre le confirme, et atteste l'excellence des manuscrits médiévaux grâce auxquels nous lisons Platon. Les deux principaux datent de la fin du ixe siècle ; le plus ancien est le Parisinus 807, conservé à la Bibliothèque nationale de Paris ; le Bodleianus 39, légèrement postérieur, est conservé à la Bodleian Library d'Oxford. L'ancêtre de nos manuscrits est sans doute une copie du vie siècle en usage dans les milieux néoplatoniciens, archétype lui-même copié du Livre du patriarche, sans doute l'exemplaire ancien que possédait Photius et qu'il avait annoté et corrigé. Nos manuscrits reproduisent, avec quelques variantes, le classement des Dialogues en neuf tétralogies devenu canonique à la fin de l'Antiquité (Proclus dispose d'une édition de ce genre). Attribué à Thrasylle, ce groupement reprend celui établi par l'académicien Dercyllidès pour l'édition d'Atticus (l'ami de Cicéron) qui elle-même était un remaniement de la grande édition alexandrine. C'est en effet au iiie siècle avant J.-C. que l'œuvre de Platon rencontre un éditeur digne d'elle, Aristophane de Byzance (vers 257-180) ; il a permis aux âges suivants de lire un texte établi avec discernement et prudence. L'édition alexandrine héritait elle-même de travaux antérieurs : les sous-titres donnés aux Dialogues ne sont pas de son fait (Aristote, citant le Phédon, renvoie au dialogue « De l'âme »), et entre le ive et le début du iie siècle sont proposés des modes de classement obéissant tantôt à des critères formels tantôt à des considérations de méthode ou de contenu. Aristophane choisit de constituer des trilogies, suivant en cela deux indications de Platon qui annonce un Politique et un Philosophe au début du Sophiste, un Critias et un Hermocrate au début du Timée (ni le Philosophe ni l'Hermocrate ne furent écrits, et le Critias resta inachevé) ; mais, moins doctrinaire que ne le sera Thrasylle, il laisse nombre de Dialogues « hors classement ».

En raison de la ferveur dont Platon fut l'objet de la part des écoles néoplatoniciennes et des chrétiens influencés par leur doctrine, et aussi de la violente querelle qui divisa, pendant des siècles, Pères grecs partisans de Platon et Pères romains tenant pour Aristote, l'œuvre de Platon a bénéficié d'une transmission continue et, fait exceptionnel, nous est parvenue en [...]

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Pour citer cet article

Monique DIXSAUT. PLATON (env. 428-env. 347 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 20/03/2024

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Platon - Athènes - crédits : AKG-images

Platon - Athènes

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L'Académie de Platon

Chronologie de la création - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chronologie de la création

Autres références

  • LE BANQUET, Platon - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 992 mots
    • 1 média

    Sans doute le plus connu des dialogues platoniciens, Le Banquet (Sumpósion) ou Sur l'amour, rédigé vers 375 avant notre ère – soit, comme La République, Le Phédon et Le Phédre, durant la période dite de la maturité de Platon (428 env.-347 env. av. J.-C.) – demeure un texte énigmatique....

  • PHÉDON, Platon - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 989 mots
    • 1 média

    Le Phédon, ou Sur l'âme (Phaîdon è Peri psukhès) appartient, avec La République, le Phèdre et Le Banquet, à l'ensemble des œuvres dites de la maturité de Platon (428 env.-347 env. av. J.-C.). Phédon y relate la mort de Socrate (399 av. J.-C.), dont il fut le témoin, et rapporte...

  • PHÈDRE, Platon - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 918 mots

    Écrit vers 370 avant J.-C., le Phèdre (Phaidros) marque le point culminant de la polémique (implicite) de Platon (428 env.-347 env. av. J.-C.) à l'égard d'Isocrate, l'auteur de Contre les sophistes (parmi lesquels il incluait les platoniciens) et fondateur d'une école de ...

  • LA RÉPUBLIQUE, Platon - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 822 mots
    • 1 média

    « J'étais descendu, hier, au Pirée avec Glaucon, fils d'Ariston » (ce dernier n'est autre que le père de Platon). Ainsi commence La Républiquede Platon (428 env.-347 env. av. J.-C.) – en grec Politeia, « Du régime politique », ou Peri dikaiou, « Sur la justice » –,...

  • THÉÉTÈTE, Platon - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 1 122 mots
    • 1 média

    Probablement rendu public en 370 av. J.-C. (mais cette date n’est pas certaine), le Théétète occupe une place particulière dans l’œuvre de Platon. Consacré à une définition de la science, il inaugure ce que la plupart des commentateurs considèrent comme le troisième volet des dialogues...

  • ACADÉMIE ANTIQUE

    • Écrit par
    • 1 376 mots
    • 1 média

    Académie désigne le domaine situé dans le Céramique (faubourg des potiers, appelé joliment « Tuileries » par l'abbé Barthélemy), que Cimon avait orné des plus beaux platanes d'Athènes et où Platon fixa, vers 387 avant J.-C., l'école qui porta ensuite ce nom. Les orateurs Lycurgue,...

  • ACTEUR

    • Écrit par
    • 6 815 mots
    • 2 médias
    ...jetés. L'acteur sera pour la Grèce antique cet animal mimétique qui, grâce à la parole poétique, menace de contamination la cité. Contamination dont Platon pose les prémisses dans le dialogue du Ion : « Quand je déclame un passage qui émeut la pitié, dit Ion, le rhapsode d'Homère, mes yeux se remplissent...
  • AFFECTIVITÉ

    • Écrit par
    • 12 228 mots
    ...semble être faite, dans ce contexte, à ce que nous avons relevé avec Kant comme l'affect, pour lequel il n'y a, semble-t-il, pas de nom. Dans le Phédon, Platon défend l'idée que l'âme rationnelle, celle qui a le logos, « ne pourra reprendre sa véritable nature, qui est divine et sans péché...
  • ÂGE DE LA TERRE

    • Écrit par
    • 5 143 mots
    • 5 médias
    ...Zénon de Cittium (~335-~264), le premier stoïcien. La question la plus importante, celle de l’origine du monde, ne fut bien sûr pas laissée de côté. Dans la grandiose cosmologie de son dialogue le Timée, Platon affirma que le monde avait connu un début : il lui attribua comme auteur un démiurge...
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