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ACADÉMIE ANTIQUE

L'Académie de Platon - crédits : 	Luisa Ricciarini/ Leemage/ Bridgeman Images

L'Académie de Platon

Académie désigne le domaine situé dans le Céramique (faubourg des potiers, appelé joliment « Tuileries » par l'abbé Barthélemy), que Cimon avait orné des plus beaux platanes d'Athènes et où Platon fixa, vers 387 avant J.-C., l'école qui porta ensuite ce nom. Les orateurs Lycurgue, Hypéride et peut-être Démosthène ; des hommes politiques aux tendances les plus diverses, épris de liberté comme Dion, Léon de Byzance et Hermias (beau-père d'Aristote), ou adeptes de la tyrannie comme Cléarque (assassiné par Chion et Léonidas, autres disciples de Platon) et Chéron de Pellène furent académiciens.

On distingue trois Académies : la première (vetus, l'ancienne) reproduit l'état dernier de la méditation platonicienne ; la deuxième (media, la moyenne) soutient avec Arcésilas que l'on ne peut rien connaître ; la troisième (nova, la nouvelle), avec Carnéade, réduit au probable la norme de la connaissance et de l'action. On fait quelquefois de l'école de Philon et de celle d'Antiochus une quatrième et une cinquième Académie. Mieux que leur succession dans le temps, la différence entre les options philosophiques qu'elles soutiennent peut mettre en lumière quelques-unes des dimensions propres au platonisme.

L'ancienne Académie

Les scolarques

La tradition des écoles grecques voulait que le premier scolarque (sorte de recteur) fût désigné par le fondateur de l'école – ce fut Speusippe, neveu de Platon – et que les suivants fussent élus par le collège des élèves et des maîtres : ce furent successivement Xénocrate, Polémon et Cratès. L'illustrèrent encore : Philippe d'Opunte, rédacteur probable de l'Epinomis, attribué à Platon, Héraclide Pontique, qui soutint que la Terre tourne autour de son axe, Eudoxe de Cnide, astronome célèbre qui fixa à 365 jours 1/4 la durée de l'année et fit du plaisir le bien autour duquel tous les êtres gravitent, et Crantor, qui, surtout célèbre par un traité Sur le deuil où il oppose à l'absence de passions (apathie) leur modération et leur équilibre (métriopathie), rédigea également le premier commentaire du Timée de Platon où il soutint, comme Speusippe et Xénocrate, que le récit de la création du monde par un ouvrier divin (démiurge) n'était qu'une fiction descriptive, reflet d'un ordre logique et non chronologique.

La doctrine

On trouve un reflet sans doute fidèle de cet enseignement platonicien dans les fragments du traité Sur le bien d' Aristote. Tous les êtres ont une existence mixte, résultat du mélange, dont le Philèbe assurait qu'il peut être bon ou mauvais, de deux principes : la limite et l'illimité. Sans doute les désigne-t-on désormais selon l'appellation pythagoricienne d'Un ou Égal et de Dyade indéfinie du Grand et du Petit. Aristote, dans la Métaphysique, rapporte la même tradition selon laquelle l'Idée platonicienne semble réduite à une existence numérique. Alors que Platon attribuait aux êtres mathématiques un rôle intermédiaire entre les objets sensibles et les Idées, ici les nombres idéaux disparaissent et les Idées deviennent nombres.

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Pour citer cet article

Jean-Paul DUMONT. ACADÉMIE ANTIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

L'Académie de Platon - crédits : 	Luisa Ricciarini/ Leemage/ Bridgeman Images

L'Académie de Platon

Autres références

  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    ...fleurira à la fin de l'Antiquité). Ces écoles sont dénommées d'après le lieu où se tenaient les réunions : ainsi Platon, en 387 avant J.-C., fonde-t-il l' Académie, Aristote le Lycée (335), Épicure le Jardin (306), Zénon de Cittium le Portique, c'est-à-dire l'école stoïcienne (vers 300). L'Académie platonicienne...
  • ATHÈNES

    • Écrit par Guy BURGEL, Pierre LÉVÊQUE
    • 16 998 mots
    • 10 médias
    ...mysticisme s'exprime dans la pensée du plus important des philosophes du siècle, l'Athénien Platon. Disciple de Socrate, maître à son tour dans cette Académie qu'il a ouverte aux portes d'Athènes, il élabore une œuvre monumentale qu'il ne cesse d'enrichir jusqu'à sa mort. ...
  • CARNÉADE (214-129 av. J.-C.)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 256 mots

    Philosophe grec de la Nouvelle Académie — c'est-à-dire de la période de l'école platonicienne qui va d'Arcésilas à Philon de Larisse et pendant laquelle s'est réalisé, en réaction contre le dogmatisme de l'Ancienne Académie, un retour à l'esprit aporétique...

  • CICÉRON (106-43 av. J.-C.)

    • Écrit par Alain MICHEL, Claude NICOLET
    • 5 893 mots
    • 1 média
    Cette attitude à la fois nuancée et exigeante est dictée à Cicéron par les penseurs de l'Académie, en particulier Charmadas, élève de Carnéade, dont l'influence lui a été transmise à la fois par ses maîtres romains, de grands orateurs sénatoriaux, Antoine et Crassus, qu'il fait parler dans le...
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Voir aussi