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JARDINS De l'Antiquité aux Lumières

L'Extrême-Orient

L'une des sources où puisa le jardin anglais, dès la fin du xviie siècle, fut le jardin chinois, dont l'art s'était développé, depuis des temps très anciens, selon des traditions soigneusement maintenues, et influencées par la religion et la philosophie. Le jardin chinois est essentiellement un lieu de contemplation, d'immobilité et de silence. Il constitue un abrégé du monde, proposé à l'esprit. Sans doute, l'artiste préfère disposer de vues amples, de compositions ménagées selon de larges perspectives, avec, au fond, la mer, ou une barrières de montagnes dentelées ; mais un seul tertre, de dimensions médiocres, voire une simple pierre, l'ombre d'un rameau qui se balance, sont autant d'objets propres à la méditation.

Le jardin est en général lié à une habitation humaine : simple cabane ou pavillon que borde une balustrade aux entrelacs symboliques. Il offre aussi un lieu de promenade, mais pour cette raison, ses allées – ou son allée unique – seront sinueuses, l'important n'étant pas d'aller d'un point à un autre, mais de renouveler les points de contemplation, d'épuiser l'inépuisable. Le jardin chinois est l'exact contraire du jardin français, qui se propose d'être intelligible ; il veut être uniquement « sensible », pure juxtaposition de formes, de sensations dont chacune est unique, comme un poème. On aimera les pierres bizarrement travaillées par la nature, celles qui ont séjourné longuement dans des lacs, où elles ont pris l'apparence de bêtes mythiques, de génies ou de végétaux. Ainsi se crée et se retrouve le monde fuyant des formes. Le jardin est la matrice de la création, il renferme tous les éléments du monde : la pierre et l'eau, les plantes, les oiseaux, les bêtes, tout ce avec quoi l'âme du sage doit entrer en communion et qui symbolise, selon des correspondances secrètes, chaque aspect, chaque moment de l'âme.

Le jardin japonais est issu du jardin chinois, mais il s'est développé avec un tel bonheur qu'il est une province autonome de l'art. Là, le symbolisme s'est codifié, et il existe des plans quasi immuables des jardins japonais, des plus grands aux plus humbles, qui tiennent dans un simple vase. On y trouve des montagnes (buttes artificielles ou simples cailloux), un lac, au moins une île, une cascade et une plage.

— Pierre GRIMAL

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Toulouse-Le Mirail

Classification

Pour citer cet article

Pierre GRIMAL et Maurice LEVY. JARDINS - De l'Antiquité aux Lumières [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Médias

Fresque de la villa de Livie - crédits :  Bridgeman Images

Fresque de la villa de Livie

Château de Villandry, jardins - crédits : Bruno Barbier/ The Image Bank/ Getty Images

Château de Villandry, jardins

Jardin Bomarzo de Vicino Orsini - crédits : Electa/ AKG-images

Jardin Bomarzo de Vicino Orsini

Autres références

  • ALPHAND ADOLPHE (1817-1891)

    • Écrit par et
    • 1 674 mots
    .... Ce poste d'apparence modeste embrasse pourtant un des aspects majeurs de la transformation de Paris. C'est que Napoléon III est acquis à la cause des jardins publics. Influencé par les doctrines saint-simoniennes et par la civilisation anglaise où il a baigné en exil, Louis-Napoléon Bonaparte entend...
  • BARRAGÁN LUIS (1902-1988)

    • Écrit par
    • 969 mots

    L'architecte mexicain Luis Barragán Morfin est né à Guadalajara le 9 mars 1902, il meurt à Mexico-City le 22 novembre 1988. Sa vie traverse le siècle sans l'épouser. Fils de propriétaire terrien, il passe de longues périodes de son enfance dans un ranch de la région montagneuse de Mazamitla dans l'État...

  • BÉLANGER FRANÇOIS-JOSEPH (1744-1818)

    • Écrit par
    • 675 mots

    Protégé du comte de Caylus, disciple de David-Leroy et de Contant d'Ivry, Bélanger échoue au concours de l'Académie d'architecture (1765). Renonçant définitivement à cette distinction, il gagne l'Angleterre où il fait la connaissance de lord Shelburne pour qui il exécutera...

  • BERTHAULT LOUIS-MARTIN (1770-1823)

    • Écrit par
    • 1 251 mots

    Jardinier-paysagiste, architecte et décorateur français. Issu d'une lignée de maîtres-maçons et de jardiniers, Berthault semble s'être formé dans le milieu familial, principalement auprès de ses oncles : Jacques-Antoine Berthault, important entrepreneur parisien, et surtout Pierre-Gabriel Berthault,...

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