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AZTÈQUES

La vie économique

Les conquérants décrivent avec admiration l'extraordinaire richesse et la beauté des marchés de Tenochtitlán regorgeant de richesses de tous les coins de l'empire, denrées précieuses, céramiques fines, objets d'or et de pierres fines, ouvrages de plumes, etc. L'économie, si précaire lors de l'établissement dans la lagune, était devenue beaucoup plus florissante. L'alimentation de base des Aztèques, comme celle des Indiens d'aujourd'hui, était fondée sur le complexe maïs-haricots-courges-piments. Un certain nombre de plantes cultivées sont originaires du Mexique et, de là, gagnèrent l'Europe avec le succès que l'on sait : la tomate (tomatl), le cacao, etc. Certaines ressources d'appoint étaient aussi fournies par le lac, comme au temps de la misère de la tribu. Le Mexique ancien ne connaissait pratiquement pas la volaille ni la viande de boucherie, à l'exception du dindon (animal également originaire du Mexique) et du chien, d'une espèce particulière, petit et sans poils, que l'on engraissait pour le manger. En revanche, le gibier abondait, en particulier les oiseaux lacustres. Si la table des hommes du peuple était frugale, celle des nobles comportait un grand nombre de plats très recherchés.

Il serait d'ailleurs faux de se représenter ce monde aztèque comme un monde fermé : les rapports les plus constants existaient entre les différentes parties de l'empire. Les peuples, soumis ou alliés, devaient payer un tribut très lourd à Moctezuma : balles de coton, mesures d'or, plumes de quetzal, manteaux richement tissés, etc. Les peuples de la Huaxteca ont, semble-t-il, toujours influencé la mode des hauts plateaux, comme en témoigne en particulier la petite pèlerine triangulaire – le quexquemitl– originaire de la côte, que portaient (et portent encore) les femmes des hautes terres.

Après avoir tracé les grandes lignes de cette civilisation extrêmement brillante que la Conquête devait arrêter brutalement, insistons encore sur le caractère de jeunesse de cette société. Ce serait sans doute une erreur que de figer dans le temps l'image du monde aztèque. Dans tous les domaines, sur tous les plans, l'évolution aurait continué. L'écriture, encore pictographique, était en train d'acquérir une certaine abstraction. Sur le plan religieux, les dieux jeunes et guerriers de la tribu se superposent aux dieux agraires pour composer un panthéon extrêmement complexe, polythéiste et sanguinaire. Il faut signaler cependant l'influence de Quetzalcóatl, roi-prêtre de Tula et dieu civilisateur, patron des collèges religieux. Durant sa vie, il avait été très opposé aux sacrifices humains. Les prêtres dédiés à son culte prônaient l'autosacrifice et pratiquaient les sacrifications. Enfermés dans leurs collèges, ils méditaient et se livraient à une analyse de plus en plus approfondie de leur interprétation religieuse de l'univers. Sur le plan humain, cette religion, en apparence formelle, mais fondée sur l'idée de la précarité du monde et de la responsabilité humaine, aboutissait au rigorisme le plus strict et à la défense des plus hautes valeurs morales. À l'aide de longs discours on répétait à l'enfant, puis à l'adolescent, ce qu'il devait à sa dignité d'homme, l'attachement qu'il lui fallait montrer à ses devoirs et sa responsabilité vis-à-vis des dieux.

La structure sociale elle-même contenait des ferments de trouble, et une opposition se serait probablement développée entre une noblesse de plus en plus attachée à ses prérogatives et tentant de s'ériger en caste et une classe de marchands, de plus en plus riche, prenant de la puissance sans acquérir de statut.

La politique extérieure de l'empire aztèque posait également des problèmes. Le besoin en « nourriture divine »,[...]

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Écrit par

  • : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
  • : docteure en archéologie des Amériques, chercheuse associée au laboratoire Archéologie des Amériques - UMR 8096 - CNRS
  • : assistante au musée de l'Homme

Classification

Pour citer cet article

Rosario ACOSTA NIEVA, Alexandra BIAR et Mireille SIMONI. AZTÈQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1300 à 1400. Tamerlan - crédits : Encyclopædia Universalis France

1300 à 1400. Tamerlan

Civilisations précolombiennes, Méso-Amérique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Civilisations précolombiennes, Méso-Amérique

Tripode, Teotihuacán - crédits : AKG-images

Tripode, Teotihuacán

Autres références

  • LES AZTÈQUES (exposition)

    • Écrit par Rosario ACOSTA NIEVA
    • 938 mots

    À de nombreux titres, l'exposition présentée à Londres, à la Royal Academy of Arts, du 16 novembre 2002 au 11 avril 2003, constitua un événement majeur pour la perception européenne des arts précolombiens. Tout d'abord, la qualité et la diversité des œuvres exposées, 359 au total dont beaucoup pour...

  • AZTÈQUES (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 3 537 mots
    • 13 médias

    Lorsque les conquistadores débarquent en 1519 sur les côtes du Mexique, la jeune civilisation aztèque est en pleine expansion. Installés depuis moins de deux siècles sur les rives du lac Texcoco, les Aztèques se sont imposés à leurs voisins en moins de cent ans. Leur société guerrière hérite d’une...

  • ALIMENTATION (Comportement et pratiques alimentaires) - Anthropologie de l'alimentation

    • Écrit par Dominique FOURNIER
    • 6 095 mots
    • 3 médias
    C'est le cas des commentaires sur laconsommation du pulque d'agave au Mexique depuis l'époque précolombienne jusqu'à nos jours. On a répété à l'envi que les Aztèques n'autorisaient cette boisson fermentée faiblement alcoolisée qu'aux anciens, et dans des circonstances exceptionnelles ; que...
  • AMÉRINDIENS - Amérique centrale

    • Écrit par Universalis, Georgette SOUSTELLE
    • 7 512 mots
    • 1 média

    L'empire aztèque s'est écroulé le 13 août 1521, jour de la prise de Mexico-Tenochtitlán par l'armée d'Hernán Cortés, armée composée en majeure partie d'Indiens désireux de secouer le joug aztèque. Au cours des années suivantes, l'occupation espagnole s'étendit aux autres...

  • AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique espagnole

    • Écrit par Jean-Pierre BERTHE
    • 21 855 mots
    • 13 médias
    ...utilisé les divisions qu'ils avaient su discerner au sein du monde indigène : Cortés exploite les rancœurs des peuples tributaires de la confédération Aztèque, s'appuie sur Tlaxcala contre Tenochtitlan ; Pizarro profite de la querelle entre Huascar et Atahualpa pour la succession de l'empire inca. Ils...
  • NOUVEAU MONDE CHRONIQUES DU

    • Écrit par Jacques LAFAYE, Itamar OLIVARES
    • 3 656 mots
    • 8 médias
    ...indigène mexicain. Son œuvre est fondamentale tant pour l'étude de la religion et des mythes, que pour celle de l'histoire, des coutumes et des codex des Aztèques. Fray Diego de Landa, franciscain également, se livra à une semblable recherche sur la civilisation maya dans sa Relation des choses du Yucatán...
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Voir aussi