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ALCHIMIE

La littérature alchimique

La littérature alchimique, l'une des plus vastes qui soient, compte, en Occident, en Orient et en Extrême-Orient, des milliers d'ouvrages dont la plupart n'ont été ni traduits, ni imprimés ni même recensés exactement. Des centres alchimiques importants, Prague, par exemple, en Europe, Fez et Le Caire, en Afrique, ont conservé de précieux manuscrits anciens qui sont encore ignorés des historiens.

Quand, vers 1910, le père Wieger compulsa les collections de la patrologie taoïste du Pai-yunn-koan, à Pékin, et du Zushoryo, à Tōkyō, il ne supposait pas que les traités alchimiques ainsi découverts allaient changer toutes les conceptions généralement admises, depuis Berthelot, sur les origines et l'évolution de l'alchimie.

Des textes fondamentaux, ceux du corpus alchimique traditionnel, comme L'Entrée ouverte au palais fermé du roi d'Eyrenée Philalèthe, ou Le Triomphe hermétique de Limojon de Saint-Didier, ne pouvaient être consultés que dans des éditions anciennes, souvent fautives, sans le moindre éclairage critique. On comprend d'autant moins l'état d'abandon dans lequel on a laissé ce domaine que ces œuvres, souvent admirablement illustrées, présentent une aussi grande importance pour l'histoire de l'art que pour l'histoire des sciences.

La diversité des œuvres

Dans l'état actuel de nos connaissances, il est donc plus utile de tenter d'éclairer et de préciser les méthodes d'approche et d'examen de la littérature alchimique que d'en dresser un inventaire qui serait souvent inexact ou superficiel. On la divisera, dans les limites de l'alchimie occidentale, en quatre catégories d'ouvrages :

1. Les œuvres attribuées à des adeptes, c'est-à-dire à des maîtres auxquels la tradition reconnaît l'autorité d'un enseignement théorique fondé sur l'élaboration expérimentale du Grand Œuvre et sur la possession réelle de la pierre philosophale. L'ensemble de ces traités constitue ce que nous nommons le corpus alchimique traditionnel.

2. Les ouvrages ayant pour objet l'étude des transmutations métalliques. Certains ont été attribués à des alchimistes ; d'autres ont pour auteurs des chimistes anciens, par exemple, Kunckel et Becher.

3. Les ouvrages pharmaceutiques et médicaux fondés sur l'interprétation iatrochimique des théories alchimiques et sur l'application de ces doctrines à la préparation des médicaments et à la guérison des maladies.

4. Les ouvrages littéraires et philosophiques inspirés par la gnose alchimique et par son langage symbolique.

Entre ces quatre catégories, trop souvent confondues entre elles par les historiens des sciences, existent des différences importantes. La première, la plus évidente, est quantitative. Le corpus alchimique traditionnel compte seulement une vingtaine d'auteurs parmi lesquels nous citerons les noms mythiques ou réels d'Hermès (La Table d'émeraude, et les commentaires d'Hortulain), d'Arnauld de Villeneuve, de Geber, d'Artéphius, de Roger Bacon, de Raymond Lulle, de Nicolas Valois, de Bernard le Trévisan, de Thomas Norton, de George Ripley, de Michael Sedziwoj (Sendivogius), de Venceslas Lavinius de Moravie, de Basile Valentin, de Jean d'Espagnet, de Limojon de Saint-Didier, d'Eyrenée Philalèthe. À notre époque, les alchimistes ont ajouté à cette liste le pseudonyme déjà célèbre d'un adepte inconnu : Fulcanelli, dont l'œuvre majeure, Les Demeures philosophales, publiée en 1930 dans sa première édition, a éclairé profondément les études alchimiques traditionnelles.

Les trois autres catégories d'ouvrages, en revanche, comptent plusieurs milliers d'auteurs et de titres. Borel et Lenglet-Dufresnoy, voici plus de deux siècles, en fixaient le nombre à six mille. D'autres collections mentionnent[...]

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Écrit par

  • : historien des sciences et des techniques, ingénieur conseil
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

René ALLEAU et Universalis. ALCHIMIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Alchimie - crédits : G. Nimatallah/ De Agostini/ Getty Images

Alchimie

Marcellin Berthelot - crédits : C Gerschel/ Hulton Archive/ Getty Images

Marcellin Berthelot

Autres références

  • ACIDES & BASES

    • Écrit par Yves GAUTIER, Pierre SOUCHAY
    • 12 364 mots
    • 7 médias
    Aux alchimistes revient le mérite d'avoir préparé les acides forts minéraux : chlorhydrique, sulfurique (la préparation de « l'huile de vitriol » par calcination du sulfate de fer, était connue avant 1600), nitrique (la préparation de l' eau-forte par calcination d'un mélange d'alun et de nitrate de...
  • ARSENIC

    • Écrit par Jean PERROTEY
    • 4 498 mots
    • 2 médias

    L'arsenic est l'élément chimique de symbole As et de numéro atomique 33. Bien qu'il soit très répandu dans le règne minéral et dans les organismes vivants, une quarantaine d'éléments sur quatre-vingt-douze sont plus abondants que lui ; il ne représente qu'environ cinq millionièmes en masse de la croûte...

  • AVICENNE, arabe IBN SĪNĀ (980-1037)

    • Écrit par Henry CORBIN
    • 8 902 mots
    • 1 média
    ...d'amour ou de haine, ou à quelque chose de semblable (De mirabilibusmundi). Plus précisément encore, il affirme, en se référant à Avicenne, que l' alchimie appartient à la magie, en ce sens qu'elle est fondée sur les forces occultes de la psyché humaine qui, elle, reçoit des virtutescoelestes...
  • BECHER JOHANN JOACHIM (1635-1682)

    • Écrit par Georges BRAM
    • 232 mots

    Alchimiste allemand né à Spire et mort à Londres. En 1663, Johann Joachim Becher est professeur de médecine à l'université de Mayence où il avait obtenu ses grades de médecin en 1661. Il semble ne pas pouvoir tenir en place et commence une existence errante : en 1664, il quitte Mayence pour Munich où...

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