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STOÏCISME

L'influence du stoïcisme

Peu après avoir régné sur le monde, en Marc Aurèle, le stoïcisme disparaît comme école philosophique ; mais son influence qui s'était déjà exercée à grande distance culturelle (par exemple, chez Philon le Juif), ne meurt pas avec lui. Le christianisme, pour conceptualiser la foi nouvelle et « récupérer » la sagesse païenne, s'adressa d'abord à lui, ensuite seulement au platonisme et au néo-platonisme : témoins Clément d'Alexandrie ou Tertullien. Saint Ambroise adapta le De officiis de Cicéron à l'usage des clercs.

Par ses aspects matérialistes, rationalistes et immanentistes, le stoïcisme ne pouvait cependant s'intégrer pleinement à l'esprit chrétien ; et il faut attendre la fin du Moyen Âge, les temps de la Réforme et de la Renaissance, pour assister à une véritable résurrection de l'humanisme et du naturalisme stoïciens. Le stoïcisme alimente la méditation de Montaigne ; il suscite les travaux érudits et moralisants de Juste Lipse, professeur à Louvain (1547-1606) ; pendant les guerres de Religion, il soutient la constance et anime l'action du chancelier Du Vair. Au siècle suivant, Pascal voit dans le couple Épictète-Montaigne le symbole de la grandeur et de la misère de l'homme. Sans le stoïcisme, ni la morale cartésienne, ni le monisme spinoziste, ni le vitalisme leibnizien ne seraient ce qu'ils sont. Chacun connaît son influence littéraire, de Corneille à Vigny ; l'influence philosophique n'est pas moindre, de Kant à Alain, peut-être à Sartre. Si, à l'époque actuelle, l'histoire scientifique de la philosophie remet en valeur les aspects du stoïcisme les plus oubliés par cette tradition, elle sait aussi mesurer l'apport capital des idées et des images stoïciennes dans la conscience occidentale.

— Jacques BRUNSCHWIG

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Pour citer cet article

Jacques BRUNSCHWIG et Urs EGLI. STOÏCISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Zénon de Cittium - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Zénon de Cittium

Syllogismes de base de Chrysippe - crédits : Encyclopædia Universalis France

Syllogismes de base de Chrysippe

Autres références

  • AFFECTIVITÉ

    • Écrit par Marc RICHIR
    • 12 228 mots
    ...apparentes contradictions de la doctrine – nous ne disposons que de fragments plus ou moins épars –, il semble bien qu'il y ait eu, dans l'ancien stoïcisme, une conception double du pathos comme « passion » et comme « affect ». D'une part, en effet, les stoïciens soutiennent que « la passion (...
  • ÂGE DE LA TERRE

    • Écrit par Pascal RICHET
    • 5 143 mots
    • 5 médias
    ...il lui attribua comme auteur un démiurge ayant ordonné la khôra, un « réceptacle » qui fut peu après considéré comme une matière informe. En dépit de leurs désaccords fondamentaux, les atomistes et les stoïciens partagèrent l’idée que le monde passait continuellement par des cycles de formation...
  • ALEXANDRIE ÉCOLE PHILOSOPHIQUE D'

    • Écrit par Jean PÉPIN
    • 2 186 mots
    ...principal témoignage est un petit traité, Du monde, longtemps attribué à Aristote lui-même, et issu probablement d'un milieu alexandrin. Quant au stoïcisme, il est représenté à Alexandrie par un Égyptien du nom de Chaerémon, chef de l'école des grammairiens de la ville et directeur du Musée ; il...
  • ÂME

    • Écrit par Pierre CLAIR, Henri Dominique SAFFREY
    • 6 020 mots
    Le stoïcisme fut essentiellement la philosophie d'un homme placé dans un monde considérablement agrandi : philosophie du cosmos (κόσμος) conçu comme un gigantesque vivant, philosophie de la « sympathie » ou des harmonies préétablies et des correspondances secrètes entre les parties du monde....
  • Afficher les 48 références

Voir aussi