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WAGNER RICHARD (1813-1883)

Richard Wagner - crédits :  Bridgeman Images

Richard Wagner

Entre errance postrévolutionnaire et apothéose d’un artiste bourgeois, la vie de Richard Wagner fut digne d’un roman. Elle offre le portrait d’un homme aussi détestable par son égoïsme, son opportunisme, son amour de l’argent et son antisémitisme, qu’admirable par son obstination à imposer son univers artistique. Mais c’est avant tout grâce à son œuvre musicale, considérable par son ampleur (dix opéras majeurs du répertoire lyrique) et par son influence sur le devenir de la musique, davantage que pour ses écrits, d’une profusion inégalée pour un musicien mais pour partie d’une postérité historiquement funeste, que Richard Wagner occupe un rang de génie parmi les artistes du xixe siècle. Mais ce Protée, et son avatar incontournable, le wagnérisme, provoquent encore, deux cents ans après sa naissance, amour fou ou détestation comme aucun autre compositeur n’en a suscité à ce jour. Au point que Julien Gracq a pu écrire : «on ne peut aimer aujourd’hui Wagner que malgré» (Lettrines, 1967).

Un musicien autodidacte

C’est au son des canons des guerres napoléoniennes que Wilhelm Richard Wagner naît à Leipzig, le 22 mai 1813. Il est le neuvième et dernier enfant du fonctionnaire de police Karl Friedrich Wagner et de Johanna Rosine Pätz. La fonction du père, trop tôt décédé (en novembre 1813), qui masque une grande culture et un réel amour du théâtre, et le rapide remariage de sa veuve avec l’acteur et peintre Ludwig Geyer, décédé à son tour en 1821, et dont Wagner a pu imaginer qu’il était son véritable père, influencent au-delà de ces morts précoces le destin d’une fratrie qui comptera quatre chanteur et cantatrices.

Le benjamin, après des études mouvementées entre Dresde, Eisleben et Leipzig, où il se passionne pour la littérature sous l’influence éclairée de son oncle Adolf, ne résiste pas non plus à l’appel du théâtre. Il entreprend, de treize à quinze ans, une tragédie en cinq actes, Leubald und Adelaide (perdue). Puis, sous le coup des interprétations magistrales de la cantatrice Wilhelmine Schröder-Devrient dans le Fidelio de Beethoven en 1829, il s’ouvre à l’univers de l’opéra. Mozart, Beethoven, Weber sont les modèles de ce jeune musicien quasi autodidacte qui compose quatre sonates pour piano (trois d’entre elles sont perdues), et fait jouer une Ouverture en mineur en 1831 au Gewandhaus de Leipzig, puis une Symphonie en utmajeur à Prague et au Gewandhaus, alors qu’il n’a pas vingt ans. Après avoir écrit un premier livret, Die Hochzeit (Les Noces), détruit, il achève en 1834 son premier opéra, Die Feen (Les Fées), d’après Carlo Gozzi. Comme pour chacune de ses œuvres futures, il en a écrit lui-même le livret. Mais il reniera bientôt ce premier opus ‒ créé à Munich en 1888 ‒ qui témoigne cependant autant des influences que peut subir un très jeune compositeur que d’une maîtrise éblouissante du domaine qui sera désormais le sien, l’art lyrique.

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Pour citer cet article

Pierre FLINOIS. WAGNER RICHARD (1813-1883) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Richard Wagner - crédits :  Bridgeman Images

Richard Wagner

<it>Tannhäuser</it>, mise en scène de Wieland Wagner à Bayreuth, 1955. - crédits : AKG-images

Tannhäuser, mise en scène de Wieland Wagner à Bayreuth, 1955.

Josef Greindl - crédits : Keystone/ Getty Images

Josef Greindl

Autres références

  • LE CRÉPUSCULE DES DIEUX (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 569 mots
    • 1 média

    Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux) de Richard Wagner, troisième et dernière journée de la tétralogie Der Ring des Nibelungen (L'Anneau du Nibelung), sur un livret du compositeur, a été créé au Festspielhaus de Bayreuth lors du premier festival, le 17 août 1876, sous la direction...

  • L'OR DU RHIN (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 2 120 mots
    • 1 média

    Das Rheingold (L'Or du Rhin) de Richard Wagner, prologue de la tétralogie Der Ring des Nibelungen(L'Anneau du Nibelung), sur un livret du compositeur, a été créé au Königliches Hof- und Nationaltheater de Munich le 22 septembre 1869, sous la direction de Franz Wüllner, avec Sophie Stehle...

  • PARSIFAL (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 642 mots
    • 1 média

    Parsifal de Richard Wagner, festival scénique sacré (« Bühnenweihfestspiel ») sur un texte du compositeur d'après des sources médiévales (au premier chef desquelles le Parzival de Wolfram d'Eschenbach), envisagé dès 1857, a été composé entre 1877 et 1882, et créé à Bayreuth le 26...

  • LE RING D'AIX-EN-PROVENCE

    • Écrit par Pierre FLINOIS
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    Créé au sortir de la Seconde Guerre mondiale pour faire (re)découvrir – avec quel succès – Mozart à la France, le festival d'Aix-en-Provence en a gardé le renom d'une manifestation pratiquement dédiée au seul Salzbourgeois. Chaque directeur a eu beau faire, l'image initiale est demeurée dans l'inconscient...

  • SIEGFRIED (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 580 mots
    • 2 médias

    Siegfried de Richard Wagner, deuxième journée de la tétralogie Der Ring des Niebelungen (L'Anneau du Nibelung), sur un livret du compositeur, a été créé au Festspielhaus de Bayreuth le 16 août 1876, lors du premier festival, sous la direction de Hans Richter, avec Georg Unger (Siegfried),...

  • TRISTAN ET ISOLDE (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 910 mots
    • 1 média

    Tristan und Isolde (Tristan et Isolde), « action musicale » en trois actes de Richard Wagner, sur un livret du compositeur d'après plusieurs sources médiévales (au premier rang desquelles le poème inachevé de Gottfried de Strasbourg), a été composé entre 1857 et 1859 et créé le 10 juin 1865 au Königliches...

  • TRISTAN ET ISOLDE (R. Wagner), en bref

    • Écrit par Christian MERLIN
    • 198 mots

    Le 10 juin 1865, Tristan et Isolde, de Richard Wagner, est créé au Königliches Hof- und Nationaltheater de Munich. Lorsque s'épanouissent les premières mesures du prélude, les spectateurs n'ont peut-être pas conscience d'assister à une révolution dans l'histoire de la musique : un accord des instruments...

  • WAGNÉRISME

    • Écrit par Jean PAVANS
    • 1 852 mots
    • 1 média

    Si, dans le monde des arts, les noms des grands maîtres ont souvent suscité des termes nouveaux, comme « mozartien » ou « beethovénien », l'existence même du mot « wagnérisme » reflète la position et l'influence singulières de l'œuvre de Richard Wagner dans l'histoire...

  • LA WALKYRIE (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 2 060 mots
    • 1 média

    Die Walküre (La Walkyrie) de Richard Wagner, première journée de la tétralogie Der Ring des Nibelungen(L'Anneau du Nibelung), sur un livret du compositeur, a été créée au Königliches Hof- und Nationaltheater de Munich le 26 juin 1870, sous la direction de Franz Wüllner, avec Therese Vogl...

  • APPIA (A.) - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean CHOLLET
    • 424 mots

    1862 1er septembre, naissance d'Adolphe, François, Appia à Genève.

    1880-1890 Études musicales à Genève, Leipzig, Paris et Dresde. En 1882, il se rend pour la première fois à Bayreuth, où il assiste à une représentation de Parsifal.

    1891-1892 Appia rédige ses premières réflexions,...

  • APPIA ADOLPHE (1862-1928)

    • Écrit par André VEINSTEIN
    • 1 272 mots
    ...spectacles auxquels il assistera au cours des années 1879-1886 qui provoqueront en lui, et pour toute sa vie, sa passion du théâtre. L'œuvre et les idées de Wagner constituent les sources de sa pensée ; mais les réalisations scéniques à Bayreuth de Parsifal en 1886 et de Tristan et Isolde en 1888 confirment,...
  • BEHRENS HILDEGARD (1937-2009)

    • Écrit par Alain PÂRIS
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  • BRUCKNER ANTON (1824-1896)

    • Écrit par André LISCHKE
    • 2 752 mots
    • 1 média
    ...poèmes symphoniques de Liszt) et celui de l’opéra. C’est en 1863 qu’il reçoit la plus grande révélation musicale de sa vie en découvrant Tannhäuser de Richard Wagner. Deux ans plus tard, il fait la connaissance du compositeur, pour lequel il aura toujours une dévotion absolue, et qui en retour l’honorera...
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