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WAGNER RICHARD (1813-1883)

Vers une révolution artistique

Premiers postes musicaux

Commence alors pour Richard Wagner une vie itinérante de postes à responsabilité : il est chef de chœur à Wurtzbourg en 1833, directeur musical à Magdebourg en 1834. Alors qu’il est en tournée à Bad Lauchstädt, il rencontre l’actrice Minna Planer et connaît ses premiers ennuis financiers, le jeune compositeur s’avérant un « panier percé » incorrigible. Son œuvre s’augmente de mouvements symphoniques, d’ouvertures, de musiques de scène, de ses premiers articles théoriques, publiés dans la Neue Zeitschrift für Musik de Robert Schumann, et d’un deuxième opéra, Das Liebesverbot (La Défense d’aimer), inspiré de Mesure pour Mesure de Shakespeare, et créé sans succès le 29 mars 1836 à Magdebourg. Le théâtre fait faillite peu après.

Richard rejoint alors Minna à Königsberg, l’épouse le 24 novembre 1836, et obtient le poste de directeur musical du théâtre local. Entre dettes et infidélités, le ménage vivote, et c’est seul que le compositeur part à Riga en août 1837, où Minna finit par le rejoindre après une longue escapade extraconjugale. Wagner travaille à la composition de Rienzi, der Letzte der Tribunen (Rienzi, le dernier des tribuns), un grand opéra à la française, inspiré d’un roman d’Edward Bulwer-Lytton, qu’il espère imposer à Paris, ville phare du monde lyrique d’alors. Car son poste de directeur musical à l’Opéra de Riga et ses concerts symphoniques n’empêchent pas les dettes de s’accumuler : le couple quitte la Lettonie en juillet 1839 et s’enfuit par la mer vers Londres. L’épisode de la traversée de la Baltique en pleine tempête aura une influence sur l’ambiance du futur opéra Der fliegende Holländer.

Londres n’offre aucun débouché au jeune musicien qui s’installe en septembre 1839 à Paris. L’échec est absolu, le couple n’évitant la misère que grâce au médiocre travail de transcripteur d’airs à la mode que Wagner mène en parallèle à l’achèvement de Rienzi. C’est également à ce moment qu’il s’attelle à la composition de Der fliegende Holländer, littéralement « Le Hollandais volant », mais généralement appelé en France Le Vaisseau fantôme, en référence à l’opéra que Pierre-Louis Dietsch a tiré de l’argument que Wagner réussit à vendre à la direction de l’Opéra de Paris, faute de s’y faire jouer. Cette période est pour lui celle de la découverte de Berlioz et de la rencontre, en 1841, de Franz Liszt, avec qui il se lie d’une profonde amitié. C’est aussi l’époque de l’écriture de l’Ouverture pour Faust (1840), et de son intérêt pour les légendes de Tannhäuser et de Lohengrin qui inspireront ses prochains opéras.

Dresde et les premiers opéras majeurs

La chance tourne enfin quand le Königlich Sächsisches Hoftheater de Dresde accepte Rienzi, qui, après sa création triomphale le 20 octobre 1842, devient une des attractions culturelles de la capitale de la Saxe. L’opéra narre sur plus de quatre heures trente minutes l’ascension et la chute de Cola di Rienzo dans la Rome du xive siècle. Au-delà d’une maîtrise évidente de la durée théâtrale et de la tension architecturale, il comporte quelques traits qui annoncent les futurs ouvrages du compositeur. La thématique de la solitude du héros et le style de quelques pages (l’ouverture, la prière de Rienzi) déjà emblématiques de l’avenir, vont s’imposer dans Le Vaisseau fantôme, dont la nouveauté déroute le public de Dresde à sa création le 2 janvier 1843, sous la direction de Wagner lui-même.

Si Rienzi se caractérise par une extraordinaire fusion-amplification des styles en vogue à l’époque (Spontini, Auber, le Rossini de Guillaume Tell, le Meyerbeer de Robert le diable et des Huguenots), le nouvel opus impose en effet un parti radicalement neuf : narrer non l’histoire mais le mythe. Inspiré d’une légende rapportée par[...]

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Pour citer cet article

Pierre FLINOIS. WAGNER RICHARD (1813-1883) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Richard Wagner - crédits :  Bridgeman Images

Richard Wagner

<it>Tannhäuser</it>, mise en scène de Wieland Wagner à Bayreuth, 1955. - crédits : AKG-images

Tannhäuser, mise en scène de Wieland Wagner à Bayreuth, 1955.

Josef Greindl - crédits : Keystone/ Getty Images

Josef Greindl

Autres références

  • LE CRÉPUSCULE DES DIEUX (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 569 mots
    • 1 média

    Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux) de Richard Wagner, troisième et dernière journée de la tétralogie Der Ring des Nibelungen (L'Anneau du Nibelung), sur un livret du compositeur, a été créé au Festspielhaus de Bayreuth lors du premier festival, le 17 août 1876, sous la direction...

  • L'OR DU RHIN (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 2 120 mots
    • 1 média

    Das Rheingold (L'Or du Rhin) de Richard Wagner, prologue de la tétralogie Der Ring des Nibelungen(L'Anneau du Nibelung), sur un livret du compositeur, a été créé au Königliches Hof- und Nationaltheater de Munich le 22 septembre 1869, sous la direction de Franz Wüllner, avec Sophie Stehle...

  • PARSIFAL (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 642 mots
    • 1 média

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  • LE RING D'AIX-EN-PROVENCE

    • Écrit par Pierre FLINOIS
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    Créé au sortir de la Seconde Guerre mondiale pour faire (re)découvrir – avec quel succès – Mozart à la France, le festival d'Aix-en-Provence en a gardé le renom d'une manifestation pratiquement dédiée au seul Salzbourgeois. Chaque directeur a eu beau faire, l'image initiale est demeurée dans l'inconscient...

  • SIEGFRIED (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 580 mots
    • 2 médias

    Siegfried de Richard Wagner, deuxième journée de la tétralogie Der Ring des Niebelungen (L'Anneau du Nibelung), sur un livret du compositeur, a été créé au Festspielhaus de Bayreuth le 16 août 1876, lors du premier festival, sous la direction de Hans Richter, avec Georg Unger (Siegfried),...

  • TRISTAN ET ISOLDE (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 910 mots
    • 1 média

    Tristan und Isolde (Tristan et Isolde), « action musicale » en trois actes de Richard Wagner, sur un livret du compositeur d'après plusieurs sources médiévales (au premier rang desquelles le poème inachevé de Gottfried de Strasbourg), a été composé entre 1857 et 1859 et créé le 10 juin 1865 au Königliches...

  • TRISTAN ET ISOLDE (R. Wagner), en bref

    • Écrit par Christian MERLIN
    • 198 mots

    Le 10 juin 1865, Tristan et Isolde, de Richard Wagner, est créé au Königliches Hof- und Nationaltheater de Munich. Lorsque s'épanouissent les premières mesures du prélude, les spectateurs n'ont peut-être pas conscience d'assister à une révolution dans l'histoire de la musique : un accord des instruments...

  • WAGNÉRISME

    • Écrit par Jean PAVANS
    • 1 852 mots
    • 1 média

    Si, dans le monde des arts, les noms des grands maîtres ont souvent suscité des termes nouveaux, comme « mozartien » ou « beethovénien », l'existence même du mot « wagnérisme » reflète la position et l'influence singulières de l'œuvre de Richard Wagner dans l'histoire...

  • LA WALKYRIE (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 2 060 mots
    • 1 média

    Die Walküre (La Walkyrie) de Richard Wagner, première journée de la tétralogie Der Ring des Nibelungen(L'Anneau du Nibelung), sur un livret du compositeur, a été créée au Königliches Hof- und Nationaltheater de Munich le 26 juin 1870, sous la direction de Franz Wüllner, avec Therese Vogl...

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    • Écrit par Jean CHOLLET
    • 424 mots

    1862 1er septembre, naissance d'Adolphe, François, Appia à Genève.

    1880-1890 Études musicales à Genève, Leipzig, Paris et Dresde. En 1882, il se rend pour la première fois à Bayreuth, où il assiste à une représentation de Parsifal.

    1891-1892 Appia rédige ses premières réflexions,...

  • APPIA ADOLPHE (1862-1928)

    • Écrit par André VEINSTEIN
    • 1 272 mots
    ...spectacles auxquels il assistera au cours des années 1879-1886 qui provoqueront en lui, et pour toute sa vie, sa passion du théâtre. L'œuvre et les idées de Wagner constituent les sources de sa pensée ; mais les réalisations scéniques à Bayreuth de Parsifal en 1886 et de Tristan et Isolde en 1888 confirment,...
  • BEHRENS HILDEGARD (1937-2009)

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  • BRUCKNER ANTON (1824-1896)

    • Écrit par André LISCHKE
    • 2 752 mots
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