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L'OR DU RHIN (R. Wagner)

<it>L'Or du Rhin</it> de Richard Wagner, mise en scène de Patrice Chéreau - crédits : Bayreuther Festspiele GmbH/ D.R.

L'Or du Rhin de Richard Wagner, mise en scène de Patrice Chéreau

Das Rheingold (L'Or du Rhin) de Richard Wagner, prologue de la tétralogie Der Ring des Nibelungen(L'Anneau du Nibelung), sur un livret du compositeur, a été créé au Königliches Hof- und Nationaltheater de Munich le 22 septembre 1869, sous la direction de Franz Wüllner, avec Sophie Stehle (Fricka), Henriette Müller (Freia), Emma Seehofer (Erda), Anna Kaufmann (Woglinde), Therese Vogl (Wellgunde), Wilhelmine Ritte (Flosshilde) et August Kindermann (Wotan), Franz Nachbaur (Froh), Karl Samuel Heinrich (Donner), Heinrich Vogl (Loge), Karl Fischer (Alberich), Max Schlosser (Mime), Toni Petzer (Fasolt) et Kaspar Bausewein (Fafner) dans les rôles principaux. La première représentation française – et en français – a lieu au Palais-Garnier, à Paris, en 1909, sous la direction d'André Messager.

L'Anneau du Nibelung est conçu comme un cycle de quatre drames musicaux, destinés à être représentés en quatre jours : Das Rheingold, Die Walküre (La Walkyrie), Siegfried et Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux). Cette œuvre monumentale, unique en son genre dans l'histoire de la musique occidentale par son ambition esthétique et philosophique, a occupé près de trente ans de la vie du compositeur, de 1848 à 1874 – avec une longue interruption de 1857 à 1864, années durant lesquelles il composa Tristan und Isolde (Tristan et Isolde) et Die Meistersinger von Nürnberg (Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg). Sorte de parabole cosmogonique tirée de la mythologie germanique et nordique (principalement de La Chanson des Nibelungen et des Eddas), elle narre les raisons de la décadence historique que Wagner croit déceler dans la civilisation occidentale (la volonté de domination), et présente les valeurs qui prépareront la régénération de l'humanité (un Homme libre et responsable, l'Amour rédempteur). L'inspiration philosophique et la conception du monde de Wagner ayant, durant cette période, profondément évolué, de l'optimisme révolutionnaire de sa jeunesse au pessimisme tragique de sa maturité, le message de l'œuvre, plus ambigu, en devient aussi plus riche. Trait d'écriture intéressant, si Wagner a bien composé sa musique dans l'ordre de l'intrigue, il a en revanche écrit ses livrets en sens inverse : c'est de la mort de Siegfried (l'actuel Crépuscule des dieux) que lui est venue l'intuition d'un nécessaire retour aux origines les plus reculées du drame pour que celui-ci prenne tout son sens. Wagner appliqua dans L'Anneau du Nibelung les principes qu'il avait mis en avant dans son essai fameux Oper und Drama (1851, Opéra et drame), notamment la nécessité de dépasser les contraintes du drame historique et du grand opéra romantique pour renouer avec l'idéal de la tragédie grecque. Il inventa pour ses livrets une écriture poétique particulière, sorte de prose musicale, et apporta à sa musique une cohérence d'un genre nouveau, grâce notamment à l'emploi des leitmotive (courtes cellules thématiques reliées à un personnage, un objet ou un sentiment). Si la Tétralogie fascine toujours autant aujourd'hui, c'est parce que l'universalité de ses thèmes autorise une multiplicité infinie de lectures et d'interprétations possibles.

Argument

L'action se déroule dans une époque mythologique.

Scène 1. Au fond du fleuve, les trois filles du Rhin, Woglinde (soprano), Wellgunde (soprano) et Flosshilde (mezzo-soprano), gardent l'or de leur père tout en s'ébattant dans l'eau (« Weia ! Waga ! Woge, du Welle » : « Weia ! Waga ! Vogue ma vague »). Paraît l'affreux nain Alberich (baryton-basse), que le spectacle des jeux aquatiques des trois naïades ravit. Éveillant et frustrant tour à tour son désir, celles-ci le narguent. Soudain, son attention est détournée par un rai de lumière qui traverse les flots. Cette lumière s'accroît peu à peu, pour faire[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure et de Sciences Po Paris, assistant à l'université Marc Bloch (Strasbourg), critique musical

Classification

Pour citer cet article

Timothée PICARD. L'OR DU RHIN (R. Wagner) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>L'Or du Rhin</it> de Richard Wagner, mise en scène de Patrice Chéreau - crédits : Bayreuther Festspiele GmbH/ D.R.

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