PROCHE ET MOYEN-ORIENT CONTEMPORAIN

Le « moment américain » au Moyen-Orient

Si la fin de la guerre froide rend le Moyen-Orient tributaire de la puissance américaine désormais installée en son sein, les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis accentuent la présence et l'influence de Washington dans la région. Le pétrole et l'alliance privilégiée avec Israël demeurent des constantes de l'interventionnisme américain, tandis que de nouveaux enjeux apparaissent, au premier rang desquels la lutte contre le terrorisme d'Al-Qaida et la formation d'un réseau islamiste transnational.

La « guerre contre le terrorisme »

Le gouvernement de George W. Bush (2000-2008), pour qui le Moyen-Orient n'est plus synonyme que de menaces pour la sécurité nationale et mondiale, inclut initialement deux États de la zone dans son « axe du Mal » : l'Irak et l'Iran, auxquels la Syrie est ensuite associée. Il qualifie également le Hezbollah et le Hamas d'organisations terroristes. Cette appréhension nouvelle du Moyen-Orient, largement inspirée par les cercles néo-conservateurs, conduit les États-Unis à rompre avec le pragmatisme d'antan et la doctrine de la dissuasion pour préférer l'action préventive et le changement de régime. Dans ce contexte, l'action militaire devient le moyen privilégié d'imposer ses volontés.

L' Afghanistan des talibans, accusé de collusion avec le leader du réseau terroriste Al-Qaida, Oussama ben Laden, est le premier État à expérimenter le nouveau « ton » américain. En octobre 2001, le pays est bombardé par les États-Unis et l'O.T.A.N. qui plaident la « légitime défense ». L'enjeu n'est autre que le contrôle géopolitique d'une région longtemps placée sous la coupe de l'Union soviétique, quand bien même les déclarations officielles font état d'une nécessaire destitution du régime des talibans. Si celui-ci tombe rapidement (décembre 2001), la « chasse à l'homme » centrée autour de Ben Laden demeure vaine. Quant à la situation politique interne, elle est loin d'être stabilisée, malgré la promotion, dès 2001, d'Hamid Karzaï, le candidat des Occidentaux, comme figure dominante et son élection à la présidence de la République en 2004. Les nombreuses attaques contre les soldats de la coalition occidentale et les tensions interethniques, qui atteignent notamment les zones tribales de peuplement pachtoun frontalières avec le Pakistan, témoignent de l'existence d'un front d'oppositions multiformes, puis de la résurgence des talibans.

Cependant, c'est surtout l'Irak de Saddam Hussein qui est visé par la politique américaine au Moyen-Orient. Depuis la guerre du Golfe de 1990-1991, l'homme fort de Bagdad cherche à devenir une, sinon la, puissance de référence dans la région, scénario inenvisageable pour les États-Unis qui, dans le contexte de l'après-11 septembre 2001, choisissent de destituer Saddam Hussein. L'intervention militaire d'envergure que les Américains entreprennent en mars 2003 est largement critiquée, en raison de sa légalité contestable au regard du droit international. Les accusations – mensongères – de détention d'armes de destruction massive et celles de soutien direct au « terrorisme » portées à l'encontre du dirigeant irakien cachent mal le fait que les États-Unis cherchent à accroître leur contrôle sur les champs pétrolifères de la région et à sécuriser les routes énergétiques.

Après l'Irak, la Syrie, réfractaire à Washington, est affectée par les tentatives de remodelage du Moyen-Orient. Critique à l'égard de l'interventionnisme américain en Irak, elle est montrée du doigt pour son soutien au Hezbollah et le maintien de ses positions au Liban, à la fois par Washington, Tel-Aviv, puis Paris. Ces exigences externes[...]

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Écrit par

  • Nadine PICAUDOU : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales, Paris
  • Aude SIGNOLES : maître de conférences habilitée à diriger des recherches, Sciences Po Aix

Classification

Pour citer cet article

Nadine PICAUDOU, Aude SIGNOLES, « PROCHE ET MOYEN-ORIENT CONTEMPORAIN », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Moyen-Orient : carte politique

Moyen-Orient : carte politique

Moyen-Orient : carte politique

Carte politique du Moyen-Orient.

Moyen-Orient, 1914

Moyen-Orient, 1914

Moyen-Orient, 1914

La domination des empires britannique et russe au Moyen-Orient à la veille de la Première Guerre…

Soldats afghans

Soldats afghans

Soldats afghans

Deux Afghans en arme, au cours de la deuxième guerre anglo-afghane, vers 1880.

Autres références

  • ABBAS MAHMOUD (1935- )

    • Écrit par Aude SIGNOLES
    • 10 790 mots
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    Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas est né le 26 mars 1935 à Safed, ville de haute Galilée, aujourd'hui située à l'intérieur des frontières de l'État hébreu. Ses parents fuient la Palestine en 1948 durant la première guerre israélo-arabe. Réfugié à Damas, dans la [...]

  • ABDALLAH IBN ‘ABD AL-‘AZĪZ (1923 ou 1924-2015) roi d'Arabie Saoudite (2005-2015)

    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT
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    Roi d’Arabie Saoudite de 2005 à 2015.

    Le 1er août 2005, le prince Abdallah ibn Abd al-Aziz ibn Abd al-Rahman al-Saoud devient roi d'Arabie Saoudite, après le décès de son demi-frère, le roi Fahd. Né en 1923 ou 1924 selon les sources, il est l'un des fils du roi Abd al-Aziz ibn[...]

  • ACCORDS DE WASHINGTON

    • Écrit par Christophe PÉRY
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    La fin de la guerre froide a modifié les données du conflit du Proche-Orient. Après la guerre du Golfe, les États-Unis poussent Israël à participer à une conférence de paix. Le retour au pouvoir des travaillistes israéliens, en 1992, facilite la conclusion des accords secrètement[...]

  • ARABIE SAOUDITE

    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT, Ghassan SALAMÉ
    • 101 809 mots
    • 9 médias
    Les successeurs du roi ‘Abd al-‘Aziz ne remettront pas en cause ces orientations. Jusqu'à la fin des années 1950, une ligne de base de ladiplomatie régionale consiste à bloquer les projets unionistes des Hachémites, qui, chassés du Hijaz par les Saoud, s'étaient installés sur les trônes d'Irak[...]
  • ARAFAT YASSER (1929-2004)

    • Écrit par Nadine PICAUDOU
    • 7 678 mots
    • 1 média

    Le leader palestinien Yasser Arafat incarne la figure doublement exemplaire de l'éternel combattant et de la victime dont le destin personnel résume celui de la Palestine contemporaine. Après une vie de lutte et d'errance, il devient le symbole vivant du retour des Palestiniens sur leurs terres.[...]

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Voir aussi