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PASCAL BLAISE (1623-1662)

Pascal savant

Physique

L'œuvre de Pascal en physique porte seulement sur la pneumatique et l' hydrostatique et, en outre, elle y est restreinte aux concepts et principes de base. Elle n'en est pas moins de grande portée, pour une double raison : d'abord Pascal a clarifié, approfondi et justifié, par des expériences particulièrement probantes, les conceptions nouvelles qui avaient été dégagées depuis la fin du xvie siècle, mais qui, jusque-là, demeuraient assez incertaines et de ce fait très controversées ; toutefois, contrairement à une opinion encore assez commune, on ne doit pas à Pascal de contribution tout à fait originale en ce qui concerne ces conceptions elles-mêmes. Ensuite, Pascal a traité ces questions avec une logique, une rigueur, une exigence intransigeantes ne lui faisant reconnaître pour valable que ce qui était vérifié par le contrôle de l'expérience. Cette attitude a joué un rôle décisif dans l'avènement de la méthode « positive » et expérimentale qui caractérise la science moderne.

Evangelista Torricelli - crédits : Bettman/ Getty Images

Evangelista Torricelli

Pour la majorité des contemporains de Pascal, qu'ils soient aristotéliciens ou cartésiens, le vide n'existe pas. La nature a horreur du vide. Mais, dès 1638, Galilée avait attiré l'attention sur le fait, récemment reconnu, que l'eau ne pouvait s'élever dans une pompe au-delà d'une certaine limite. En 1643, Torricelli, disciple de Galilée, pensant que cette observation n'est pas compatible avec la négation du vide, imagine l'expérience suivante : il retourne un long tube rempli de mercure sur une cuve contenant également du mercure. Il constate que le mercure s'arrête à un niveau équivalant en poids à la colonne d'eau de hauteur maximale dans les pompes. Mieux que ses prédécesseurs, Pascal comprend que cette expérience implique non seulement l'existence du vide, mais aussi la pesanteur de l'air. Niée assez habituellement jusque-là, la pesanteur de l'air a été presque acceptée par Galilée et Baliani, puis par Torricelli à la suite de ses expériences ; elle a été plus nettement affirmée par Isaac Beeckmann, et le chimiste Jean Rey en a apporté la preuve en montrant que des métaux chauffés dans l'air augmentent de poids. Après diverses expériences déjà assez probantes, Pascal fait exécuter, le 19 septembre 1648, par son beau-frère, Florian Périer, en la prescrivant dans tous ses détails, l'expérience du puy de Dôme qui confirme de façon décisive l'existence du vide en même temps que la pesanteur de l'air : le mercure s'abaisse dans le tube à mesure que l'on s'élève. Fort de ces résultats, Pascal rédige, entre 1651 et 1653, un Traité de la pesanteur de la masse de l'air. Mais ce traité n'est que le corollaire d'un ouvrage rédigé à la même époque, le Traité de l'équilibre des liqueurs. Celui-ci rassemble en une doctrine cohérente des acquisitions récentes, essentiellement celles qui se formulent par le « paradoxe de l'hydrostatique », déjà soupçonné par Benedetti en 1585 et nettement reconnu par Stevin en 1596, de même que par Galilée en 1612 : la force qui s'exerce sur le fond d'un vase ne dépend que du poids de la colonne de liquide qui le surmonte à la verticale. Pour un liquide donné, et pour une même hauteur de la surface du liquide au-dessus du fond, ce poids reste le même quelle que soit la forme du vase. Mais Pascal a le mérite de compléter cette théorie en formulant le premier le principe de la presse hydraulique, rattaché à une loi générale de l'hydrostatique qu'il applique aux deux pistons : l'égalité des produits de chaque poids par son déplacement.

Géométrie

À part la géométrie infinitésimale qui sera évoquée plus loin, l'œuvre de Pascal porte essentiellement sur ce qui devait être qualifié plus tard de géométrie[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, agrégé de lettres classiques, professeur de lettres à l'université de Clermont-Ferrand-II
  • : ancien élève de l'École polytechnique, docteur en droit, conseiller à l'U.N.E.S.C.O.

Classification

Pour citer cet article

Dominique DESCOTES et François RUSSO. PASCAL BLAISE (1623-1662) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Blaise Pascal - crédits : Bibliothèque du patrimoine Clermont Métropole, Boyer 2034 ; CC BY-SA

Blaise Pascal

Blaise Pascal - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Blaise Pascal

<it>Isaac Louis Le Maître de Sacy</it>, P. de Champaigne - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Isaac Louis Le Maître de Sacy, P. de Champaigne

Autres références

  • ESSAI POUR LES CONIQUES (B. Pascal)

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 199 mots
    • 1 média

    Le premier écrit scientifique de Blaise Pascal (1623-1662) – Essai pour les coniques, composé avant qu'il ait atteint l'âge de dix-sept ans et publié à Paris en février 1640 – révèle aux savants de l'époque le génie précoce de son auteur. Adoptant la méthode proposée par Girard Desargues (1591-1661)...

  • MACHINE À CALCULER DE PASCAL

    • Écrit par Pierre MOUNIER-KUHN
    • 238 mots

    Pour aider son père, receveur des impôts, à effectuer ses fastidieux calculs en réduisant le risque d'erreurs, Blaise Pascal (1623-1662) conçoit dès 1642 une machine à calculer, la première connue dans l'histoire. Le jeune inventeur utilise l'arithmétique et la technique des engrenages, savoirs...

  • LES PROVINCIALES, Blaise Pascal - Fiche de lecture

    • Écrit par Christian BIET
    • 1 419 mots
    • 1 média

    Les Provinciales, ou Lettres escrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces Pères, sont un ensemble de dix-huit lettres anonymes vendues clandestinement à Paris, puis publiées sous le pseudonyme de Louis de...

  • AIR

    • Écrit par Jean PERROTEY
    • 2 154 mots
    • 2 médias
    ...représente le même poids que 10 mètres d'eau. Il lui faut donc admettre que ce poids est équilibré par la pression de l'air, ou pression atmosphérique. Pascal pense que, si cette explication est la bonne, la colonne de liquide doit être moins haute en altitude puisque l'épaisseur de la couche d'air y est...
  • ANGOISSE EXISTENTIELLE

    • Écrit par Jean BRUN
    • 2 552 mots
    • 1 média
    ...dépaysé, abandonné sans pouvoir dire, de façon précise, en fonction de quoi son abandon et son dépaysement sont vécus comme tels. D'où cet effroi que Pascal met dans la bouche du libertin : « Quand je considère la petite durée de ma vie absorbée par l'éternité précédant et suivant, le petit espace que...
  • ANZIEU DIDIER (1923-1999)

    • Écrit par Jacques SÉDAT
    • 695 mots

    Didier Anzieu est né le 8 juillet 1923 à Melun en Seine-et-Marne, où ses parents étaient employés des Postes et Télécommunications ; tous deux d'origine méridionale parlaient occitan lorsqu'ils ne voulaient pas être compris de leur fils unique. Sa mère Marguerite, née à la suite du décès d'une jeune...

  • APOLOGÉTIQUE

    • Écrit par Bernard DUPUY
    • 3 535 mots
    Les Pensées de Pascal (1662) ont inauguré une voie nouvelle. Partant de la considération de l'homme, de ses besoins, de ses désirs, de ses échecs, des preuves « sensibles au cœur » plutôt que de celles qui convainquent l'esprit, Pascal a projeté sur la démarche de foi une vive lumière. Plutôt que...
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Voir aussi