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LETTRES, Épicure Fiche de lecture

Épicure - crédits : AKG-images

Épicure

Des nombreux traités que le Grec Épicure (341-270 av. J.-C.), un des auteurs les plus prolixes de l'Antiquité, écrivit sur la nature, il ne reste que trois lettres de présentation de sa pensée qui nous sont parvenues grâce au doxographe Diogène Laërce. Si étudier la nature est important, ce n'est pas tant en vue de constituer une science physique, au sens moderne du terme, que pour connaître les mécanismes à l'œuvre dans la matière afin de pouvoir se débarrasser des craintes – de la mort et des dieux – que ne peut manquer d'engendrer l'ignorance. La cohérence de la pensée d'Épicure apparaît ainsi dans ce résumé que les disciples devaient toujours avoir à l'esprit : le monde infini et éternel est explicable, et le comprendre est la seule possibilité que nous ayons de pouvoir mener une vie heureuse.

Une théorie de la matière

La lettre à Hérodote, la plus longue qui nous a été transmise, est consacrée à la physique, l'une des trois parties de la philosophie. Ses buts sont éthiques et elle prend appui sur une canonique (qui avec l'éthique et la physique constituent la philosophie) lui permettant de formuler les critères du vrai. Sans commencement ni fin, composé d'atomes en nombre infini et de vide illimité, l'univers existe depuis toujours. Les corps étant infinis, il y a aussi une infinité de mondes séparés par des intermondes dans lesquels les dieux consacrent leur vie de loisir à l'amitié. Petits corps invisibles, insécables, immuables, sujets à une déviation spontanée ou clinamen, les atomes, ne possédant aucune qualité, différant par leurs formes, dont le nombre est « indéfini », leurs grandeurs, leurs poids, sont constitutifs de tous les autres corps et à l'origine de tous les phénomènes auxquels nous avons accès. Qu'il analyse la théorie de la perception, dont il donne une explication originale opposée aussi bien à celle de Démocrite qu'à celle de Platon, qu'il élabore une théorie de l'âme, matérielle et mortelle, qu'il spécule sur l'origine des langues, Épicure revient toujours à sa conception du monde corporel formé d'atomes, comme à la seule théorie susceptible de nous libérer des mythes à l'origine de nos illusions, de nos craintes, de nos malheurs. « L'ataraxie consiste à être délivré de toutes les craintes, en observant constamment le souvenir des vues d'ensemble et des doctrines principales que nous avons enseignées sur la nature. »

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Pour citer cet article

Francis WYBRANDS. LETTRES, Épicure - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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Épicure - crédits : AKG-images

Épicure

Autres références

  • BONHEUR (notions de base)

    • Écrit par
    • 2 593 mots
    ...cesser, il rêve naïvement de s’éterniser, oubliant qu’il ne saurait exister que dans son opposition à la douleur, ainsi que l’avait compris le premier Épicure (341-270 av. J.-C.). « Le plaisir est l’arrêt de la douleur », affirmait le philosophe dans sa Lettre à Ménécée (296-295 av. J.-C.)....
  • ÉPICURE (341-270 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 6 221 mots
    • 2 médias
    Outre un certain nombre de fragments, les textes que Diogène Laërce a conservés sont les suivants : trois lettres de caractère doctrinal (adressées à Hérodote, à Pythoclès, à Ménécée) qui contiennent des abrégés (la première, de la physique ; la deuxième, de l'astronomie et de...
  • MATIÈRE/ESPRIT (notions de base)

    • Écrit par
    • 3 374 mots
    ...éléments matériels, les atomes, ou particules insécables, les principes éternels que les idéalistes croyaient ne pouvoir exister que dans l’esprit. Dans sa Lettre à Hérodote, Épicure note que « le mouvement des atomes n’a pas connu de commencement, parce que les atomes sont aussi éternels que le vide...