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VAN DYCK ANTOINE (1599-1641)

La période italienne (1622-1627)

Le premier séjour anglais de Van Dyck fut trop court pour marquer une étape du développement stylistique de l'artiste. Tout au plus peut-on y situer quelques rares œuvres comme le portrait du comte Arundel, ce diplomate et amateur d'art si lié avec Rubens et qu'il reverra en Italie (coll. Guggenheim à Washington) et probablement aussi la Continence de Scipion dans les collections de Christ Church à Oxford.

En Italie, Van Dyck se livre d'abord à une frénétique activité de touriste et de copiste dont témoignent l'album de Chastworth et maints autres dessins, le plus souvent à la plume, très nerveux et désinvoltes, qui gardent le souvenir de sculptures antiques ou de peintures de la grande Renaissance italienne, Corrège, Titien et Raphaël surtout, mais point Michel-Ange si étudié au contraire par Rubens.

Sous l'influence renforcée des Vénitiens et de Titien surtout, le Flamand s'installe peu à peu dans sa manière frémissante et comme sentimentale de la maturité avec de rares et convaincantes suavités dans l'usage des couleurs. Au contact de l'Italie, Van Dyck ne recherche nullement les exemples de facture brutale et libre – celle d'un Tintoret par exemple – mais se réfère à des modèles et à une esthétique apaisés qui apparemment contrediraient sa première manière emportée, si la recherche personnelle et originale n'était le vrai fondement des démarches et des expériences parfois contradictoires mais toujours passionnées de Van Dyck : ainsi, en dessin, le voit-on fréquemment tâtonner entre plusieurs solutions qu'il esquisse avec le même emportement rageur qui donne à son graphisme une surprenante « sauvagerie ».

<it>Portrait d'une noble génoise</it>, A. Van Dyck - crédits :  Bridgeman Images

Portrait d'une noble génoise, A. Van Dyck

Parmi les tableaux sûrement peints en Italie – entre 1621 et 1627 – se rangent d'abord et à l'évidence les quelques toiles encore en place dans des églises ou des palais de la Péninsule, tels le poignant Christ en croix du Palais royal de Gênes, le Denier de César du Palazzo Bianco de la même ville (avec un Jésus-Christ très titianesque), un autre Christ en croix avec saint François et saint Bernard à l'église Saint-Michel de Pagana près de Rapallo et surtout la Madone aux anges de l'oratoire du Rosaire à Palerme, où les saintes palermitaines, sveltes et élancées, incarnent cet idéal de féminité élégante et tendre cher à Van Dyck. À l'exemple de Titien, Van Dyck multiplie les Vierge à l'Enfant où triomphent sa délicatesse nouvelle et un faire souple et nuancé : de bons exemples s'en voient dans les galeries de Parme et de Turin ainsi qu'au palais Corsini de Rome (le fameux « Presepio » d'une suavité toute corrégienne). Dans le même style recherché, tendre et pathétique, se distinguent la Madeleine repentante d'Amsterdam, la Suzanne au bain de Munich et les brillants exercices néo-titianesques à souhait que sont les Quatre Ages de la vie au musée de Vicence et Diane et Endymion au Prado. Mais Van Dyck, en Italie, est encore plus actif en tant que portraitiste (à Gênes même, il aura un brillant imitateur avec Giovanni Bernardo Carbone, d'où de fréquentes erreurs d'attributions), confirmant ainsi une évolution bien annoncée dans les dernières années de sa première période anversoise : portraits plus pénétrants, plus racés et plus dignes que jamais, principalement empruntés au monde de l'aristocratie génoise où Van Dyck arrive, à près de vingt ans de distance, sur les traces de Rubens. Aussi, à côté de portraits en buste d'artistes flamands rencontrés en Italie, tels que les frères Lucas et Cornelis de Wael établis à Gênes (musée du Capitole, Rome), les sculpteurs Petel (Munich) et Duquesnoy (Bruxelles) ou bien ce curieux marchand et éditeur d'estampes répandu à travers l'Europe et grand ami de Claude Vignon qu'était le chartrain[...]

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Écrit par

  • : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre

Classification

Pour citer cet article

Jacques FOUCART. VAN DYCK ANTOINE (1599-1641) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Samson et Dalila</it>, A. Van Dyck - crédits :  Bridgeman Images

Samson et Dalila, A. Van Dyck

<it>La Déposition de Croix</it>, A. Van Dyck - crédits :  Bridgeman Images

La Déposition de Croix, A. Van Dyck

<it>Portrait d'une noble génoise</it>, A. Van Dyck - crédits :  Bridgeman Images

Portrait d'une noble génoise, A. Van Dyck

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

    • Écrit par Jacques CARRÉ, Barthélémy JOBERT
    • 8 176 mots
    • 12 médias
    ...fut dispersée à la Révolution. Il commanda à Rubens un plafond pour la salle des Banquets de Whitehall, réalisé en 1635, et sut obtenir les services de Van Dyck (1599-1641) qui, comblé de faveurs, s'installa définitivement à Londres en 1632. Il y renouvela magistralement l'art du portrait qui...
  • ANVERS

    • Écrit par Guido PEETERS, Carl VAN DE VELDE, Christian VANDERMOTTEN
    • 8 398 mots
    • 5 médias
    ...collaborent à l'exécution d'un même tableau, chacun dans sa spécialité. Rubens a de nombreux collaborateurs, dont le plus talentueux est sans conteste Antoine Van Dyck. Ce dernier travailla durant sa jeunesse dans l'atelier du maître, où il exécuta de grands tableaux d'après ses esquisses, ou bien prépara...
  • LIGURIE

    • Écrit par Michel ROUX, Giovanna TERMINIELLO ROTONDI
    • 2 777 mots
    • 3 médias
    ... que pour celles qui appartiennent à ce qu'il est convenu de désigner par second maniérisme. À cette époque-là, un peintre raffiné et recherché comme Antoine van Dyck ne pouvait que jouir d'une grande faveur à Gênes, où il séjourne presque sans interruption entre 1621 et 1627, devenant le portraitiste...
  • MORIN JEAN (1610 env.-1650)

    • Écrit par Maxime PRÉAUD
    • 522 mots

    Parmi les artistes qui illustrèrent la gravure française au xviie siècle, il en est peu qui soient autant appréciés des amateurs d'estampes que Jean Morin et dont l'existence soit aussi obscure. On ne connaît avec certitude que la date de son décès, à Paris, au mois de juin 1650. On suppose...

Voir aussi