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ALSACE

Histoire

Des origines à 1789

Des villages lacustres à la fin de l'occupation romaine

À l'origine, l'Ill et le Rhin mêlaient abondamment leurs eaux dans cette dépression de la terrasse lœssique qui allait devenir la plaine d'Alsace. Ce vaste marécage n'étant guère hospitalier, l'homme de l'époque paléolithique y a laissé peu de traces. Au Néolithique, des habitations sur pilotis sont construites au bord des rivières : l'art du potier en est à ses premiers balbutiements. Il faut attendre l'âge du bronze pour parler d'un peuplement de la région ; les trouvailles plus nombreuses témoignent d'un progrès sensible. Ce furent les dernières vagues celtiques, parties de la région danubienne, qui apportèrent les prémices d'une civilisation durable comme l'attestent la toponymie et, au mont Saint-Odile, l'architecture du « mur païen », typique de ces retranchements construits en blocs cyclopéens que rendaient nécessaires d'incessantes invasions.

L'une d'elles, conduite par les Suèves, fut à l'origine de l'intervention de Rome et se solda par la victoire de César sur Arioviste en 58 avant J.-C. Dès lors, aux pistes gauloises se substitueront les voies romaines reliant Augusta Rauracorum(près de Bâle) à Mayence, et la Rhénanie à la vallée du Rhône ; deux siècles et demi de paix romaine feront oublier les guérillas entre tribus gauloises (Médiomatriques au nord, Séquanes et Rauraques au sud) contenues par l'occupant dans des circonscriptions administratives : les provinces de Germanie supérieure (chef-lieu Mayence) et de Séquanaise (chef-lieu Besançon) ; enfin Brocomagus(Brumath), l'ancienne capitale des Triboques, sera éclipsée par Argentoratum( Strasbourg), à la fois camp militaire, gardienne d'un réseau routier développé, centre d'échanges commerciaux et productrice d'objets de fer et de bronze. Son sort fut lié à celui des légions romaines. Sels (Saletio), Brisach (Mons Brisiacus), Saverne (TresTabernae), Horbourg (Argentovaria), tous points stratégiques importants, connurent la même aventure à laquelle participèrent militaires, marchands itinérants, paysans et artisans, notamment les potiers de Heiligenberg et d'Ittenwiller, dont les belles coupes de terre sigillée semblent avoir été fort appréciées.

Cette coopération fructueuse apporta sa contribution à la civilisation gallo-romaine, qui s'exprima en pays rhénan par une plastique rude et réaliste dont un des thèmes favoris était peut-être celui du « cavalier à l'anguipède ». Profondément enraciné, le paganisme celtique se profilait derrière le panthéon romain comme en témoignent statues et ruines (notamment celles du grand temple dédié à Teutatès, encore visibles au Donon). Le culte oriental de Mithra, dieu des légionnaires (mithrea, ou sanctuaires de Kœnigshoffen et de Mackwiller), introduisit les premiers germes de mystique. De ce syncrétisme harmonieux, que restait-il après les Grandes Invasions, qui commencèrent en 352 ? Ce fut le désastre et la ruine : les Alamans occupèrent toute la plaine ; ils constitueront désormais le fond de la population alsacienne.

Les heures obscures du haut Moyen Âge

Prenant la relève de l'Empire romain agonisant, l'Église entreprit de regrouper autour d'elle ce qui survivait des communautés gallo-romaines. Tâche ingrate dans un pays très peu christianisé. Elle en triompha pourtant et il faut citer des noms prestigieux, tels ceux de saint Amand considéré comme le premier évêque de Strasbourg, saint Arbogast et saint Pirmin. Des édifices religieux s'élèvent un peu partout : églises de Saint-Pierre et de Saint-Étienne à Strasbourg, abbayes bénédictines de Murbach, Munster, Ebersmunster, Andlau, Wissembourg. Les moines défrichent les terres gagnées sur la forêt et répandent la culture de[...]

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Écrit par

  • : licenciée ès lettres
  • : maître de conférences de géographie, enseignant-chercheur à l'I.U.F.M. d'Alsace, Strasbourg
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, Françoise LÉVY-COBLENTZ et Raymond WOESSNER. ALSACE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Alsace : carte administrative avant réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

Alsace : carte administrative avant réforme

Kaysersberg, Alsace - crédits : John Miller / robertharding/ Getty Images

Kaysersberg, Alsace

Autres références

  • GRAND EST, région administrative

    • Écrit par Universalis
    • 182 mots
    • 1 média

    La région Grand Est, qui s’est appelée à titre provisoire Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, a été créée par la loi du 16 janvier 2015 – relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral.  Elle est formée des trois anciennes régions...

  • ANNEXION DE STRASBOURG PAR LOUIS XIV

    • Écrit par Vincent GOURDON
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    • 1 média

    L'annexion de Strasbourg, le 30 septembre 1681, suivie de l'entrée solennelle de Louis XIV et de Marie-Thérèse dans la ville soumise, le 23 octobre, marque l'apogée de la puissance du Roi-Soleil en Europe. Elle s'inscrit dans la politique des réunions (1679-1684), inaugurée à la suite de...

  • ASSOCIATION

    • Écrit par Jean-Marie GARRIGOU-LAGRANGE, Pierre Patrick KALTENBACH
    • 7 084 mots
    En Alsace-Moselle, le droit associatif reste régi par le Code civil allemand de 1900 et la loi d'Empire du 19 avril 1908. Les associations doivent être obligatoirement déclarées. Le préfet peut s'opposer à l'inscription d'une association si elle est illicite ou poursuit un but social, politique ou religieux...
  • BRANT SÉBASTIEN (1458-1521)

    • Écrit par Jean-Claude MARGOLIN
    • 1 131 mots

    Humaniste alsacien, principalement célèbre comme auteur de la Nef des fous. Issu d'une modeste famille de Strasbourg, le jeune Sébastien Brant n'en reçoit pas moins une excellente éducation, d'abord à Sélestat puis, à partir de 1475, à la toute nouvelle université de Bâle,...

  • BRISACH

    • Écrit par Thérèse CHARMASSON
    • 172 mots

    Il existe actuellement, sous ce nom, deux villes : l'une en Allemagne, l'autre en France. Vieux-Brisach, en Bade-Wurtemberg (en allemand Breisach tout court), était à l'origine une forteresse ; elle est citée par Jules César comme une place-forte des Séquanes prise par Arioviste. Ville...

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