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SAINT-ÉTIENNE

Auvergne-Rhône-Alpes : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Auvergne-Rhône-Alpes : carte administrative

Saint-Étienne, préfecture du département de la Loire, est une ville de 174 980 habitants (371 900 avec l'agglomération) dont la référence au travail – celui du « compagnon » d'atelier comme celui de l'ouvrier d'usine – structure l'identité et l'histoire.

L'existence de la paroisse de Saint-Étienne de Furan, dans le site semi-montagneux du bassin moyen et supérieur du Furan, affluent de la Loire, est attestée indiscutablement au xiiie siècle. À la fin du xve siècle, se manifeste un premier essor né du travail du fer, suscité par la présence de minerai associé au grès exploité pour la construction, ainsi que du travail de la soie, qui se diffuse à partir de Lyon au xvie siècle. Le potentiel hydraulique rend possible la mécanisation de la transformation de fers importés de Bourgogne, de Franche-Comté et du Nivernais, et d'aciers du Dauphiné qui se substituent à la production locale pour approvisionner l'industrie métallurgique ; celle-ci se spécialise dans la quincaillerie, la coutellerie et l'armurerie, et développe l'usage du charbon pour ses forges. La réglementation par l'État de la fabrication des armes de guerre, à partir de 1665, aboutit à son regroupement dans une Manufacture royale en 1764, tandis que l'intensification de la production rubanière par la diffusion du métier « à la zurichoise » (qui permet de tisser jusqu'à vingt-quatre pièces en même temps) favorise la concentration de cette activité dans la ville. En 1790, celle-ci est un groupement de 18 000 habitants, sans édifices publics ni monuments, étiré d'est en ouest le long de la route Lyon-Toulouse, dépourvu de toute autonomie administrative voire commerciale, et dominé par une bourgeoisie de « marchands fabricants ».

Après la Révolution, cette bourgeoisie contrôle une ville émancipée de la tutelle lyonnaise et consacrée arsenal de la nation sous le nom d'Armeville. Le lotissement des propriétés conventuelles, situées au nord et au sud de la ville ancienne et vendues comme biens nationaux, lui permet de créer une ville nouvelle d'inspiration néo-classique. Elle préserve par ailleurs son territoire de la grande industrie, qui s'installe sur le bassin houiller : Saint-Étienne reste la ville, plus populaire qu'ouvrière, de la rubanerie, l'armurerie et la quincaillerie où des « fabricants » distribuent le travail à des ouvriers à domicile. Rétive à l'industrie, Saint-Étienne, qui annexe en 1855 quatre communes suburbaines et regroupe 94 400 habitants en 1856 (année où elle devient préfecture de la Loire), s'affirme cependant comme le centre de la région industrielle en développement : elle en est le pivot de la desserte ferroviaire, le centre administratif, économique et intellectuel (École des mines fondée en 1816).

Paradoxalement, Saint-Étienne devient elle-même une véritable ville industrielle en réponse à la crise qui touche le bassin houiller dans son ensemble à partir de 1860. La modernisation des mines à partir de 1865, la spécialisation dans la production d'aciers spéciaux et de matériels d'armement, après 1878, favorisent Saint-Étienne qui accueille enfin deux grands établissements métallurgiques. Le textile, la quincaillerie, l'armurerie se renouvellent et se concentrent en usines à l'image de la manufacture d'armes de guerre qui regroupe ses ouvriers dans de nouveaux locaux en 1866. Saint-Étienne devient alors une ville ouvrière dont prolétariat et patronat se disputent le contrôle, tandis que se renforcent son poids démographique (146 559 habitants en 1901) et son rôle régional. Autour de l'École des mines et d'associations d'ingénieurs et de techniciens, la ville s'affirme comme une véritable technopole avant la lettre, à partir de laquelle se diffuse l'innovation (énergie électrique, cycles, pièces pour[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, université Jean-Monnet, Saint-Étienne

Classification

Pour citer cet article

Georges GAY. SAINT-ÉTIENNE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Auvergne-Rhône-Alpes : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Auvergne-Rhône-Alpes : carte administrative

Saint-Étienne : le musée d'Art moderne - crédits : J. Mouly

Saint-Étienne : le musée d'Art moderne

Autres références

  • FRANCE - (Le territoire et les hommes) - Espace et société

    • Écrit par Magali REGHEZZA
    • 14 002 mots
    • 3 médias
    ...urbaines sont sous-utilisées. Toutefois, cette décroissance peut être aussi assumée par les municipalités et servir de base à de nouveaux projets urbains. Saint-Étienne qui, au tournant des années 2000, apparaissait comme la ville dont le déclin était le plus marqué parmi les vingt premières villes françaises,...
  • MASSIF CENTRAL

    • Écrit par Universalis, André FEL
    • 3 224 mots
    • 1 média
    À l'est du massif, Saint-Étienne (175 700 hab. en 2005 et 291 960 hab. dans l'agglomération) garde une spécificité industrielle tout en s'efforçant d'attirer des entreprises liées aux nouvelles technologies (optique).
  • RHÔNE-ALPES

    • Écrit par Franck SCHERRER
    • 4 456 mots
    • 3 médias
    ...grandes villes de Loire et d'Ardèche se poursuit. L'agglomération roannaise continue de subir la lente élimination des industries textiles et d'armement, mais la reconversion industrielle et tertiaire de Saint-Étienne est plus aboutie, elle a arrêté le déclin en habitants de la troisième grande ville rhônalpine...

Voir aussi