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YÉMEN

Nom officiel

République du Yémen (YE)

    Chef de l'État

    Rashad al-Alimi (président du Conseil de direction présidentiel depuis le 19 avril 2022)

      Chef du gouvernement

      Maïn Abdelmalek Saïd (depuis le 18 octobre 2018)

        Capitale

        Sanaa

          Langue officielle

          Arabe

            Unité monétaire

            Rial yéménite (YER)

              Population (estim.) 33 513 000 (2024)
                Superficie 455 000 km²

                  Du royaume de Saba à la réunification du Yémen

                  Une histoire commune

                  Le Yémen était prospère dès le Ier millénaire avant J.-C., comme en témoignent certains vestiges archéologiques, et surtout six mille à sept mille inscriptions rédigées en langue sud-arabique découvertes dans les années 1970. Cette Arabie du Sud antique, fierté des Yéménites d'aujourd'hui, débordait les frontières actuelles de la république du Yémen, s'étendant au nord vers le Hedjaz. Les auteurs anciens ont décrit avec émerveillement l' Arabie Heureuse, née à la limite orientale de la montagne et du désert, et dont la prospérité reposait sur l'agriculture irriguée et sur le commerce de l'encens, de la myrrhe, des aromates et autres denrées précieuses produites sur place ou importées de Perse, d'Afrique orientale ou d'Inde, et destinées aux grands empires antiques du Bassin méditerranéen. Dans cette Arabie Heureuse, plusieurs royaumes coexistaient. Par exemple, le royaume d'Hadramaout, constitué aux alentours du ve siècle avant J.-C. et qui demeura prospère durant huit siècles, avait Shabwa pour capitale. Mais le plus connu de ces royaumes fut celui de Saba, qui réussit même à étendre son influence en Afrique.

                  Marib, la capitale du royaume de Saba, est restée célèbre à travers les siècles à cause de la digue (ou barrage) construite dès le viiie siècle avant J.-C. et qui a contribué, par un ingénieux système d'irrigation, à la richesse du royaume sabéen. L'effondrement de la digue de Marib, sans doute à la suite d'un tremblement de terre, et l'apparition de nouvelles routes commerciales expliquent le déclin du royaume de Saba au ier siècle après J.-C. Les Sabéens sont remplacés par les Himyarites, qui gouvernent le Yémen jusqu'en 525, date de l'invasion éthiopienne (525-575) suivie de la domination perse (575-628).

                  Le christianisme et le judaïsme avaient fait leur apparition au Yémen dès le ive siècle. L'un des derniers rois himyarites avait même tenté d'imposer le judaïsme à ses sujets, en grande partie chrétiens, ce qui avait provoqué l'invasion des Éthiopiens, venus défendre les chrétiens yéménites. Puis, très vite, le Yémen se convertit à l'islam, du vivant même du Prophète : la première mosquée yéménite est construite en 630. Les Yéménites vont d'ailleurs jouer un rôle important dans l'expansion de l'islam, s'engageant nombreux dans les armées du calife. Cette émigration massive accentua le déclin économique et culturel de l'Arabie du Sud, amorcé déjà depuis plusieurs siècles.

                  À la fin du ixe siècle, le Yémen devint un refuge pour divers mouvements politico-religieux en opposition avec les Abbassides de Bagdad. Les zaydites en particulier s'installent dans la région de Saada : l' imām Yahia Ibn Hussein al-Rassi fonda l'imāmat zaydite, en 898. Ainsi naissait l'État zaydite, qui allait jouer un rôle majeur dans l'histoire yéménite, jusqu'à la révolution de 1962. Saada, dans le nord du pays, est restée le centre religieux du chiisme zaydite, et la plus ancienne mosquée de Saada conserve religieusement le corps de Yahia Ibn Hussein al-Rassi, fondateur de la dynastie. En fait, les imāms zaydites sont parvenus lentement à imposer leur autorité et leur doctrine, car la montagne yéménite, repliée sur elle-même, était déchirée par d'incessants conflits tribaux.

                  Des minorités religieuses ont pu ainsi subsister : une petite communauté ismaélienne s'est maintenue jusqu'à nos jours dans le Jebel Haraz, à l'ouest de Sanaa, et, jusqu'en 1949, on notait la présence d'une très ancienne communauté israélite, avant l'émigration des juifs du Yémen transportés vers le nouvel État d'Israël par un pont aérien. Surtout, les régions occidentales et[...]

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                  Écrit par

                  • : chercheur CNRS au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po
                  • : professeur émérite des Universités
                  • : directeur de recherche au CNRS
                  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                  Classification

                  Pour citer cet article

                  Laurent BONNEFOY, André BOURGEY, Serge CLEUZIOU et Universalis. YÉMEN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                  Médias

                  Attentat contre le destroyer américain <it>USS Cole</it> - crédits : Time Life Pictures/ US Navy/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

                  Attentat contre le destroyer américain USS Cole

                  Yémen : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Yémen : carte physique

                  Yémen : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Yémen : drapeau

                  Autres références

                  • YÉMEN, chronologie contemporaine

                    • Écrit par Universalis
                  • ADEN

                    • Écrit par Universalis
                    • 601 mots

                    Ville du Yémen, Aden se dresse sur une péninsule située sur la côte nord du golfe homonyme.

                    La ville est mentionnée pour la première fois dans l'Ancien Testament (Ézéch., xxvii, 23) sous le nom d'Éden, au côté de Kanné. Les deux villes, avec lesquelles Tyr commerçait, étaient alors les...

                  • ARABIE

                    • Écrit par Universalis, Robert MANTRAN, Maxime RODINSON
                    • 7 614 mots
                    ...révoltées sous la conduite d'un descendant des anciens souverains de Hirā ; puis ce furent les tribus du ‘Omān qui subirent la loi des musulmans. Restaient le Yémen et le Hadramaoūt. Après la prise de La Mecque par Mahomet, les tribus du Yémen étaient venues faire leur soumission au Prophète ; celui-ci avait...
                  • ARABIE SAOUDITE

                    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT, Universalis, Ghassan SALAMÉ
                    • 25 169 mots
                    • 10 médias
                    ...Bagdad sur le marché pétrolier ferait chuter les prix), soit, contrairement au dual containment américain, se rapprocher de l'Iran à partir de 1998. La crainte suscitée par la réunification du Yémen (1990), où l'ex-pouvoir du Nord issu de l'armée domine nettement les institutions politiques fusionnées,...
                  • ARABISME

                    • Écrit par Universalis, Maxime RODINSON
                    • 5 530 mots
                    • 6 médias
                    ...République arabe unie (1er févr. 1958), complétée bientôt par une fédération très lâche (et ouverte à d'autres membres éventuels) avec le Yémen (8 mars) sous le nom d'États arabes unis, fit croire aux idéologues du nationalisme arabe que la création du grand État arabe unitaire était en...
                  • Afficher les 19 références

                  Voir aussi