YÉMEN
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Nom officiel | République du Yémen (YE) |
---|---|
Chef de l'État | Rashad al-Alimi (président du Conseil de direction présidentiel depuis le 19 avril 2022) |
Chef du gouvernement | Maïn Abdelmalek Saïd (depuis le 18 octobre 2018) |
Capitale | Sanaa |
Langue officielle | arabe |
Unité monétaire | rial yéménite (YER) |
Population | 31 582 000 (estim. 2021) |
Superficie (km2) | 528 076 |
Les destins croisés de Sanaa et d'Aden
La fortune d'Aden s'est faite au xixe siècle avec l'installation des Britanniques en 1839, mais la ville a bénéficié également d'un site et d'une situation exceptionnels. Sanaa, logée dans une cuvette à 2 300 mètres d'altitude, qui s'étire entre le Jebel Nuqum à l'est et le Jebel Ayban à l'ouest, a un site moins prestigieux qu'Aden. Mais son histoire est plus ancienne : elle remonte au vie siècle après J.-C., lorsque s'affirme sur les hauts plateaux centraux un nouvel axe de communication sud-nord, après le déclin de la route de l'encens, plus à l'est.
Pendant des siècles, Sanaa conserva des dimensions modestes et, en 1905, la population de la ville est estimée à 20 000 habitants, malgré son rôle de capitale conforté par sa position centrale. Au moment du renversement du dernier imām en 1962, la population de Sanaa était évaluée à 55 000 habitants. La croissance démographique de la capitale yéménite va s'accélérer à partir des années 1970, c'est-à-dire après la fin de la guerre civile qui déchira le Yémen du Nord de 1962 à 1969. Sanaa, dont la population est estimée à 80 000 habitants en 1970, atteint 277 818 habitants en 1980.
La progression de la population de Sanaa s'accélère dans les années 1980. Le recensement de 1986 signale 427 500 habitants dans la capitale. En 1990, la réunification du Yémen puis le retour massif d'Arabie Saoudite des travailleurs yéménites expliquent l'évolution de Sanaa, dont la population atteint, à la fin de l'année, 800 000 habitants. La croissance démographique de la capitale yéménite se poursuit ensuite à un rythme très élevé, pour atteindre 1 400 000 habitants en 2007.
À partir de la vieille ville et au-delà de la place Tahrir, l'étalement spatial de Sanaa s'est effectué d'abord vers l'ouest autour de la ville turque du xixe siècle, qui s'est beaucoup densifiée et abrite l'essentiel des administrations et des ambassades, ainsi que des quartiers résidentiels nombreux en direction du sud-ouest. Vers le nord, où se trouvent quelques emprises industrielles en direction de l'aéroport, et vers le sud autour de la route de Taïzz, les extensions urbaines sont plus récentes. En revanche, vers l'est il n'y a pas de faubourgs, la ville venant brutalement buter contre les contreforts montagneux du Jebel Nuqum. Cette véritable explosion de Sanaa a entraîné un étalement de l'agglomération au détriment des espaces agricoles qui entouraient la capitale, mais a, pour l'essentiel, préservé la vieille ville qui conserve intactes ses maisons-tours traditionnelles, hautes de six à sept étages, et dont chaque façade, merveilleusement décorée, constitue un trésor architectural.
Capitale du Yémen réunifié, centralisant l'essentiel des fonctions administratives du pays, Sanaa a incontestablement profité de l'effacement d'Aden, la capitale déchue de l'ancien Yémen du Sud. Sanaa n'est pas une ville industrielle importante et ne dispose pas de gros établissements industriels, à part l'usine de filature et de tissage de coton installée par les Chinois au nord de la ville dans les années 1970. Il existe cependant de nombreuses petites entreprises artisanales, principalement dans le secteur du bâtiment (briqueteries, fabriques de portes et fenêtres, de moulages, de carrelages, etc.). On estime que 70 p. 100 des emplois industriels de Sanaa relèvent du bâtiment, et que ces petites entreprises artisanales sont pour l'essentiel l'œuvre d'émigrés yéménites ayant acquis dans les monarchies du Golfe les capitaux et l'expérience nécessaires à la création de telles entreprises. La fonction commerciale demeure très importante à Sanaa, particulièrement pour le commerce de détail et de demi-gros, le commerce de gros étant basé surtout à Hodeida, principal port importateur. Les souks de Sanaa, dont l'aspect traditionnel fascine les touristes de plus en plus nombreux, demeurent un gigantesque marché ravitaillant l'ensemble du Yémen. Enfin, signalons la présence dans la capitale yéménite d'une université créée en 1975.
Un des souks de Sanaa (Suq al-Milh), au pied des maisons de la vieille ville.
Crédits : Michael Serraillier/ Gamma-Rapho/ Getty Images
Aden a longtemps été plus dynamique et plus peuplée que Sanaa. En 1975, alors que la population de Sanaa atteignait 138 625 habitants, celle d'Aden était estimée à 340 000. Ce n'est qu'en 1986 que Sanaa dépasse Aden, dont la population stagne autour de 400 000 habitants. Depuis 1986, la conjoncture politique a été très défavorable pour l'ancienne capitale du Yémen du Sud : guerre civile à Aden en janvier 1986 opposant factions rivales à l'intérieur du parti unique, le Parti socia [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 22 pages
Écrit par :
- Laurent BONNEFOY : chercheur CNRS au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po
- André BOURGEY : professeur émérite des Universités
- Serge CLEUZIOU : directeur de recherche au CNRS
Classification
Autres références
« YÉMEN » est également traité dans :
YÉMEN, chronologie contemporaine
Tous les événements politiques (élections, conflits, accords, …) et les faits économiques et sociaux qui ont marqué l’histoire contemporaine du pays jusqu’à aujourd’hui. […] Lire la suite
ADEN
Ville du Yémen, Aden se dresse sur une péninsule située sur la côte nord du golfe homonyme. La ville est mentionnée pour la première fois dans l'Ancien Testament (Ézéch., xxvii , 23) sous le nom d'Éden, au côté de Kanné. Les deux villes, avec lesquelles Tyr commerçait, étaient alors les principaux terminus de la route des épices dans l'ouest de la péninsule arabique, route utilisée pendant prè […] Lire la suite
ARABIE
Dans le chapitre « La pénétration anglaise et les indépendances » : […] De leur côté, les Anglais établissaient leur protectorat de fait sur les émirats du golfe Persique : ‘Omān, Mascate, Côte des Pirates, Bahreïn et Koweït à partir de 1838, tandis que le territoire d'Aden devenait une colonie britannique en 1839. Seul à ce moment le Hedjaz demeurait province ottomane ; toutefois, profitant de dissensions au sein de la dynastie saoudite (dont la capitale était alors […] Lire la suite
ARABIE SAOUDITE
Dans le chapitre « Renaissance de l'activisme régional saoudien à l'heure des « printemps arabes » » : […] La volonté saoudienne de contenir les effets du « printemps arabe » est non seulement interne mais aussi régionale, les deux dimensions se renforçant l'une l'autre : l'acuité des défis mène le pouvoir saoudien habituellement coutumier des jeux régionaux feutrés (clientélisation par versement de subventions, contacts discrets) à se montrer plus activiste. Le 14 mars 2011, le pouvoir saoudien envoi […] Lire la suite
ARABISME
Dans le chapitre « Les dernières vicissitudes de l'arabisme contemporain » : […] L'union de la Syrie et de l'Égypte sous le nom de République arabe unie (1 er févr. 1958), complétée bientôt par une fédération très lâche (et ouverte à d'autres membres éventuels) avec le Yémen (8 mars) sous le nom d'États arabes unis, fit croire aux idéologues du nationalisme arabe que la création du grand État arabe unitaire était en vue, que ce développement ne pouvait que s'accélérer. Cet es […] Lire la suite
ASSIR
District administratif d'Arabie Saoudite (76 693 km 2 ) créé en septembre 1993, situé immédiatement au nord du Yémen et à l'ouest du Najrān, le Assir (‘Asīr) est constitué de hautes terres. Il comprenait avant 1993 la plaine côtière assez étroite, aride, faiblement occupée par des populations très africanisées, pratiquant une agriculture médiocre dans les oasis et le long des oueds ; cette plaine […] Lire la suite
AYYŪBIDES (XIIe-XIIIe s.)
Famille princière dont les membres régnèrent sur l' Égypte, la Syrie, la Mésopotamie et le Yémen, les Ayyūbides tirent leur dénomination du Kurde Ayyub, père du monarque connu en Europe sous l'appellation de Saladin, calquée sur son surnom arabe Salah al-din. Ce dernier avait installé le nouveau régime en Égypte, sans bruit, ordonnant de substituer dans le prône le nom du pontife sunnite de Bagda […] Lire la suite
BĀB AL-MANDAB DÉTROIT DE
Situé entre la mer Rouge et le golfe d'Aden , le détroit de Bāb al-Mandab (Bab el-Mendeb), ou « Porte des lamentations », est divisé par l'île de Périm en deux parties : le petit détroit, large de 3 kilomètres entre Périm et la côte du Yémen, et le grand détroit, large de 26 kilomètres, entre Périm et la côte africaine de Djibouti, qui est emprunté par la grande navigation. Des courants dangereux […] Lire la suite
ÉGYPTE - L'Égypte républicaine
Dans le chapitre « Un environnement instable » : […] Tandis que se poursuit, dans la vallée du Nil, la construction socialiste, la crise bat son plein dans l'Orient arabe. La R.A.U. a envoyé, en juin 1961, un contingent de troupes pour protéger, avec la Grande-Bretagne, l'Arabie Saoudite et la Jordanie, l'indépendance toute nouvelle du Koweit, territoire revendiqué par l' Irak. L'admission de l'émirat à la Ligue arabe, le 20 juillet 1961, entraîne l […] Lire la suite
HADRAMAOUT
Région du Yémen, l'Hadramaout (en arabe Haḍramawt) est un haut plateau de calcaire éocène (de 500 à 1 200 m), situé entre les monts du Khaur (2 500 m), à l'ouest, et les hauteurs du Dhofar, à l'est ; il est isolé du reste de l'Arabie par l'immense désert du Roub‘ al-Khali. Ce haut plateau karstifié est très sec et peu peuplé (quelques nomades éleveurs et collecteurs d'encens) : l'essentiel de la v […] Lire la suite
Voir aussi
Les derniers événements
17-24 janvier 2022 Émirats arabes unis – Yémen. Frappes houthistes sur Abu Dhabi.
Les Émiratis participent aux côtés des Saoudiens à la coalition arabe qui est intervenue au Yémen en mars 2015 en soutien aux forces loyalistes, à la suite de la conquête par les houthistes de la capitale, Sanaa, et de la fuite du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Les frappes sur Abu Dhabi interviennent à la suite d’une opération militaire victorieuse menée au Yémen par les forces émiraties. […] Lire la suite
3-4 décembre 2021 France – Émirats arabes unis – Qatar – Arabie Saoudite. Visite du président français Emmanuel Macron dans le Golfe.
Le 3 également est déposée devant le tribunal judiciaire de Paris une plainte, au nom de citoyens yéménites et de l’ONG yéménite Legal Center for Rights and Development, contre les princes héritiers émirati et saoudien, Mohammed ben Zayed al-Nahyane et Mohammed ben Salman, pour, notamment, « crimes de guerre », « torture », « disparitions forcées », « participation à une association de malfaiteurs à caractère terroriste » et « financement du terrorisme », en relation avec l’implication de leurs deux pays dans le conflit au Yémen. […] Lire la suite
24 juin 2021 France. Condamnation de l'auteur de l'attentat du Louvre.
En février 2017, celui-ci avait blessé un militaire de l’opération Sentinelle aux cris de« Allahou Akbar », dans le musée parisien du Louvre où il était entré, selon lui, pour « détruire des tableaux » afin de protester contre les guerres en Syrie et au Yémen. Abdallah el-Hamahmy avait fait allégeance à l’organisation État islamique (EI). […] Lire la suite
7-13 avril 2021 Iran – Israël. Attentat contre le centre d'enrichissement de l'uranium de Natanz.
Le 7, Téhéran dénonce l’attaque en mer Rouge, la veille, de l’un de ses navires militaires, le Saviz, que l’Arabie Saoudite soupçonne d’apporter un soutien aux rebelles houthistes au Yémen. La télévision nationale met en cause Israël. La date de l’attaque coïncide avec l’ouverture, à Vienne, de discussions sur la relance de l’accord de juillet 2015 sur le nucléaire iranien, dans la perspective du retour prochain des États-Unis dans l’accord. […] Lire la suite
12 février 2021 États-Unis – Yémen. Retrait des houthistes de la liste des organisations terroristes.
Le secrétaire d’État Antony Blinken annonce le retrait du mouvement rebelle yéménite des houthistes de la liste des organisations terroristes, revenant sur une décision prise par l’ancien président Donald Trump en janvier. Il estime que « ce classement aurait pu avoir un impact dévastateur sur l’accès des Yéménites aux biens de première nécessité ». […] Lire la suite
Pour citer l’article
Laurent BONNEFOY, André BOURGEY, Serge CLEUZIOU, « YÉMEN », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 13 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/yemen/