Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VÉRISME

Vérisme musical

Giacomo Puccini - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Giacomo Puccini

Le terme de vérisme, qui – nous venons de le voir – s'était imposé pour désigner le mouvement littéraire italien réuni autour de Giovanni Verga, en vint, par extension, à s'appliquer à un style de théâtre musical, également d'origine italienne, qui s'est inspiré de son esprit et de son esthétique, à la fois en réaction contre l'influence de Wagner et conformément à l'évolution des conditions de vie attirant à l' opéra un public toujours plus large, sinon plus éclairé. Après les manifestes révolutionnaires de Cavalleria rusticana de Pietro Mascagni (1890) et de Paillasse de Ruggero Leoncavallo (1892), le vérisme engloba, à tort ou à raison, la totalité de l'œuvre de Puccini, qui en donna une sorte d'image sublimée, capable d'en concilier les exigences avec le respect d'un passé où Verdi lui-même et Wagner se trouvaient réunis. En quinze ans, cependant, le vérisme devait épuiser ses recettes. Chacun de ses compositeurs représente, du reste, une époque, une façon de sentir et de s'émouvoir, et aucun d'eux n'hésitera à s'évader de principes dont il ne connaissait que trop les limites et les écueils. Idolâtré par les uns, honni par les autres, l'opéra vériste demeure discuté. Au principal reproche qu'on lui fait d'être une esthétique mise à la portée de la foule et ne reculant devant aucun effet dans le dynamisme ou la brutalité, plusieurs générations d'interprètes – chefs d'orchestre (Gustav Mahler, Arturo Toscanini, Herbert von Karajan, Nello Santi, Seiji Ozawa, Riccardo Muti, Semyon Bychkov) ou chanteurs (Nellie Melba, Maria Callas, Leontyne Price, Renata Scotto, Montserrat Caballé, Mirella Freni, Katia Ricciarelli, Victor Maurel, Enrico Caruso, Beniamino Gigli, Jussi Björling, Alfredo Kraus, Plácido Domingo, Luciano Pavarotti, José Carreras) – ont opposé une courageuse défense, d'autant plus autorisée qu'ils étaient les plus illustres de leur temps. Il est indéniable que le vérisme proprement dit a marqué un moment sans lendemain de l'histoire de la musique. Mais les chefs-d'œuvre qu'il a produits bénéficient encore d'une audience universelle.

Maria Callas et Tito Gobbi

Maria Callas et Tito Gobbi

Jussi Björling

Jussi Björling

Alfredo Kraus et Joan Sutherland, E. Haas

Alfredo Kraus et Joan Sutherland, E. Haas

Placido Domingo

Placido Domingo

Les pionniers

Si l'opéra gardait, dans le dernier quart du xixe siècle, une évidente primauté sur la salle de concerts, les grandes fresques historiques ou légendaires de Verdi ne pouvaient alors toucher qu'une élite, surtout après Otello (1887), et la conséquence la plus immédiate fut un choix des thèmes et des sujets plus adapté aux goûts et aux tendances de l'époque. L'homme réel, moderne et appartenant aux classes les plus diverses, s'y voyait substitué aux héros à panache, aux rois et aux princes qui, jusqu'alors, ne l'avaient guère admis auprès d'eux que pour amuser les spectateurs et non pour les émouvoir ; le principal objectif était alors de montrer qu'il était capable d'éprouver les mêmes sentiments, de souffrir les mêmes peines et de pleurer les mêmes larmes. C'est la « tranche de vie » évoquée dans le prologue de Paillasse, qui met en scène des personnages de condition modeste et qui, facilitée par le climat politique, social, littéraire et religieux des années 1890, allait trouver dans le public une résonance immédiate.

Gustave Charpentier - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Gustave Charpentier

Il n'était pas malaisé de trouver dans La Traviata de Verdi (1853) – et, surtout, dans Carmen de Bizet (1875) – des précédents qui substituent la vie à la convention et exaltent la sincérité brutale des personnages et des situations, en faisant appel à des sujets contemporains. Mais la première manifestation de cette conception nouvelle fut cependant Cavalleria rusticana de Pietro Mascagni (1863-1945), inspirée précisément de la nouvelle de Verga (1880) dont on avait déjà tiré un drame (créé au Teatro Carignano de Turin[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : historien d'art et musicologue
  • : ingénieur de recherche en littérature générale et comparée à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, traductrice

Classification

Pour citer cet article

André GAUTHIER et Angélique LEVI. VÉRISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Pirandello - crédits : Henry Guttmann/ Hulton Archive/ Getty Images

Pirandello

Pier Paolo Pasolini - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Pier Paolo Pasolini

Giacomo Puccini - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Giacomo Puccini

Autres références

  • CAPUANA LUIGI (1839-1915)

    • Écrit par Germaine LECLERC
    • 363 mots

    Sicilien, mais critique à Florence, journaliste à Milan, professeur à Rome et à Catane, maire de son Mineo natal, Capuana publie inlassablement, à partir de 1872, une quarantaine d'œuvres, nouvelles, romans, poèmes, œuvres critiques surtout, mais aussi contes et récits pour enfants. Personnalité sans...

  • D'ANNUNZIO GABRIELE (1863-1938)

    • Écrit par Pierre de MONTERA
    • 3 449 mots
    • 1 média
    ...italien, se souvient des romans de Dostoïevski. Dans L'Innocente, au naturalisme lyrique s'ajoute, une fois de plus, l'évangélisme slave ; les récits véristes que nous avons dits et qui entreront, pour la plupart, dans les Novelle della Pescara en 1902, relèvent du réalisme et du naturalisme...
  • DELEDDA GRAZIA (1871-1936)

    • Écrit par Pascaline NICOU
    • 921 mots
    • 1 média

    Née en 1871 à Nuoro en Sardaigne, dans une famille relativement aisée, Grazia Deledda se découvre une vocation précoce pour l'écriture, et publie d'abord des nouvelles et des romans sentimentaux dans de modestes revues. En 1900, elle s'installe à Rome avec son mari. Si elle vit toujours dans le...

  • DE ROBERTO FEDERICO (1866-1927)

    • Écrit par Paul LARIVAILLE
    • 468 mots

    Écrivain italien né à Naples et mort en Sicile (à Catane), où il a passé une grande partie de sa vie, Federico De Roberto passe pour un des représentants les plus caractéristiques du vérisme italien, avec Giovanni Verga et Luigi Capuana. Son chef-d'œuvre, Les Vice-Rois (I Viceré...

  • Afficher les 9 références

Voir aussi