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PRICE LEONTYNE (1927- )

Il fut un temps où, pour les artistes de couleur, la vie aux États-Unis n'était pas un chemin parsemé de roses, même pour ceux et celles qui se consacraient à des arts considérés comme « nobles », tel le chant classique. Ainsi, il fallut attendre 1955 pour qu'une cantatrice noire, la merveilleuse contraltoMarian Anderson, se produise dans ce temple de l'art lyrique qu'est le Metropolitan Opera de New York – elle avait alors près de cinquante-huit ans. La soprano Leontyne Price appartient à la génération suivante et elle connut moins de difficultés pour imposer son talent dans son pays ; même si les questions raciales y étaient toujours d'actualité, elles n'empêchèrent pas son ascension fulgurante.

Des débuts éclectiques

Mary Violet Leontyne Price naît dans la petite ville de Laurel (Mississippi), le 10 février 1927. Son goût pour la musique se manifeste de bonne heure – la légende veut qu'à trois ans elle donne déjà des « récitals » sur un piano-jouet ! –, et elle commence par étudier le piano ; mais sa voix est vite remarquée au sein de chorales et lors de fêtes locales, et, grâce à une riche famille de sa ville natale, elle obtient en 1949 une bourse pour étudier à la fameuse Juilliard School of Music de New York. C'est là qu'elle interprète pour la première fois un personnage d'opéra, celui d'Alice Ford dans Falstaff de Verdi.

Ses débuts internationaux ont lieu à Paris, en 1952 : Virgil Thomson l'a choisie pour la création locale de Four Saints in Three Acts, un opéra où flottent les accents des negro spirituals. Les mois qui suivent, et jusqu'en 1954, Leontyne Price acquiert une solide notoriété en interprétant Bess dans une tournée de la nouvelle production de Porgy and Bess de George Gershwin qui triomphe hors des États-Unis et qui passe en 1953 par Paris, où l'ouvrage est donné pour la première fois, au Théâtre de l'Empire. Porgy est incarné par son époux, la basse William Warfield, dont elle divorcera au début des années 1970. Dès 1955, elle apparaît à la télévision, pour la chaîne N.B.C., dans le rôle-titre de Tosca de Puccini ; suivront les rôles mozartiens de Pamina (La Flûte enchantée) et Donna Elvira (Don Giovanni). En 1957, à l'Opéra de San Francisco, elle participe (Madame Lidoine) à la création aux États-Unis de Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc, et incarne pour la première fois le rôle-titre d'Aïda de Verdi, où elle triomphe. On remarque déjà l'éclectisme de son répertoire. De même qu'elle se fait apprécier en concert, où elle interprète régulièrement des musiciens contemporains, comme Samuel Barber – dont elle a créé en 1953 le cycle des Hermit Songs –, mais également des negro spirituals, dans lesquels elle voit, comme bon nombre de ses collègues, l'expression la plus spontanée de la foi de son peuple. En 1958, elle signe un contrat avec la prestigieuse firme discographique R.C.A., pour laquelle elle enregistrera en exclusivité, à de rares exceptions près. Cette même année, elle chante Aïda aux Arènes de Vérone, sous la direction de Tullio Serafin.

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Pour citer cet article

Michel PAROUTY. PRICE LEONTYNE (1927- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Leontyne Price dans <it>Aïda</it> - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Leontyne Price dans Aïda

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