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TERRORISME

Figures du terrorisme contemporain

À côté du terrorisme d'État, largement utilisé dans nombre de pays non démocratiques en butte à une contestation violente, on peut diviser au début du xxie siècle les organisations qualifiées de terroristes en deux catégories.

D'un côté, les guérillas, telles qu'en mènent les Kurdes de Turquie du PKK ou les Tigres tamouls du Sri Lanka, qui ont une implantation populaire sur le terrain et peuvent se livrer à la fois au harcèlement des troupes régulières, au sabotage et à des actes terroristes. Ce type d'organisation oblige l'armée à un vaste quadrillage et à une contre-offensive tant rurale qu'urbaine, en vue d'éradiquer l'infrastructure politique clandestine de l'adversaire.

D'un autre côté, les organisations spécialisées dans les actions à caractère terroriste comme substitut à une guérilla qu'elles n'ont, la plupart du temps, pas les moyens militaires de mener. On peut ranger dans cette catégorie le Hamas ou le Djihad islamique, par exemple, au Proche-Orient.

Il faut souligner que c'est moins l'origine du financement d'une organisation que l'importance de sa base sociale qui est décisive pour sa pérennité. Les sectes idéologiques telles que les Brigades rouges (Italie), la Fraction Armée rouge (Allemagne), Action directe (France), ou encore les Cellules communistes combattantes de Belgique appartiennent au passé. Elles n'avaient aucune chance d'entraîner, comme elles l'escomptaient à leurs débuts, les masses populaires d'Europe derrière elles.

La chute du Mur de Berlin (1989), suivie de l'effondrement de l'Union soviétique (1991), signifie pour nombre de mouvements terroristes un important changement : ils ne pourront plus compter sur l'aide logistique ou financière du « camp socialiste ». Désormais, ces mouvements ou groupes qui trouvaient jusque-là aide et soutien auprès des régimes communistes européens doivent chercher d'autres sources de financement et recourir plus que jamais aux trafics, en particulier celui de la drogue, le plus lucratif.

Terrorismes de guérilla

En Turquie, le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), qualifié par l'État turc de mouvement terroriste, bien qu'il ait obligé, durant près de quinze ans, l'armée turque à quadriller avec quelque 200 000 hommes une douzaine de provinces maintenues en état d'urgence, subissait en 1998 un revers décisif avec la capture de son chef, Abdullah Öcalan. Celui-ci avait été expulsé de Syrie au terme de pressions turques menaçant la Syrie d'une incursion militaire. D'abord réfugié en Russie, le dirigeant du PKK en avait été expulsé sur pression américaine. Réfugié politique en Italie, Öcalan commettait l'erreur de vouloir, grâce à la complicité des Grecs, gagner la Tanzanie où il était arrêté par les services turcs, épaulés par la CIA américaine et le Mossad israélien. Reconduit en Turquie, il déclarait, à l'issue d'une longue période de détention et d'interrogatoires par la police turque, qu'il était temps de déposer les armes et rejetait sur ses lieutenants la responsabilité d'actes qui lui étaient reprochés.

En Amérique latine, le mouvement péruvien Sentier lumineux, qui menait à la fois une guérilla rurale dans les Andes et des opérations terroristes à Lima, a été décimé depuis l'arrestation en 1993 de son dirigeant Abimaël Guzmán. Ce dernier, « questionné » par la police politique, a été amené à demander à ses troupes de déposer les armes. L'unique autre pays d'Amérique latine où des guérillas occupent le devant de la scène est la Colombie. Dans ce pays où des tractations sont menées depuis plusieurs années entre l'État et les deux organisations combattantes – Fuerzas armadas revolucionarias de Colombia (FARC)[...]

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Écrit par

  • : géostratège, écrivain
  • : professeur à l'université de Paris-I, ancien président de la Fondation pour les études de défense nationale
  • : docteur en droit, DEA de sociologie E.H.E.S.S., maître de conférences en droit public, ancienne avocate au barreau de Paris
  • : professeur à l'université des lettres et sciences humaines de Montpellier, directeur de l'unité d'enseignement et de recherche XI, membre du comité consultatif des universités

Classification

Pour citer cet article

Gérard CHALIAND, Pierre DABEZIES, Sylvia PREUSS-LAUSSINOTTE et Jean SERVIER. TERRORISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Bakounine - crédits : Nadar/ Getty Images

Bakounine

Assassinat d'Alexandre II - crédits : Biblioteca Ambrosiana/ De Agostini/ Getty Images

Assassinat d'Alexandre II

Le Ku Klux Klan - crédits : Harry Benson/ Hulton Archive/ Getty Images

Le Ku Klux Klan

Autres références

  • ABDALLAH IBN ‘ABD AL-‘AZĪZ (1923 ou 1924-2015) roi d'Arabie Saoudite (2005-2015)

    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT
    • 1 590 mots

    Roi d’Arabie Saoudite de 2005 à 2015.

    Le 1er août 2005, le prince Abdallah ibn Abd al-Aziz ibn Abd al-Rahman al-Saoud devient roi d'Arabie Saoudite, après le décès de son demi-frère, le roi Fahd. Né en 1923 ou 1924 selon les sources, il est l'un des fils du roi Abd al-Aziz ibn Saoud, le...

  • ADAMS GERRY (1948- )

    • Écrit par Pierre JOANNON
    • 1 107 mots

    Ancien barman, accusé d'avoir été un des principaux dirigeants de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), président d'une organisation politique, le Sinn Fein, ayant longtemps prôné le terrorisme, diplomate hors pair et protagoniste indispensable du processus de paix nord-irlandais,...

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...en Afghanistan en 1996, il reprend le contrôle des volontaires étrangers, monte une brigade qui combat auprès des talibans contre l'Alliance du Nord et entraîne parallèlement de jeunes musulmans, venus pour la plupart d'Europe et non plus du Moyen-Orient pour former des réseaux terroristes qui se mettent...
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    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    Jusqu'alors, l'insurrection avait surtout touché les campagnes. Le congrès de la Soummam décide de l'étendre aux villes, en déclenchant des actions de terrorisme contre les quartiers européens. Le 30 septembre 1956, en fin d'après-midi, des bombes éclatent dans deux cafés du centre-ville...
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Voir aussi