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TAUX D'INTÉRÊT

Les taux d'intérêt sont des variables importantes pour l'économie, car ils influencent directement les deux principaux postes de la demande : la consommation et l'investissement, ainsi que plus indirectement le taux de change et le commerce extérieur. Par leur impact sur la demande, ils ont aussi des effets sur l'inflation. Ainsi, dans tous les grands pays avancés, les taux d'intérêt sont les instruments utilisés par les banques centrales pour atteindre leurs objectifs d'inflation. L'essentiel de la politique monétaire consiste à contrôler le niveau des taux d'intérêt sur le marché monétaire. Les taux d'intérêt fixés par les banques centrales se diffusent ensuite à l'ensemble des taux qui s'appliquent aux différents emprunteurs.

Il existe une multitude de taux d'intérêt : à court terme, à moyen ou long terme, pour des emprunts plus ou moins risqués, pour des placements en différentes devises, etc. Tous ces taux d'intérêt sont liés entre eux par des relations d'arbitrage, qui tendent à égaliser les rendements anticipés des différents placements.

Taux d'intérêt réels et nominaux

Pour comprendre le rôle des taux d'intérêt dans l'économie, il faut d'abord distinguer le taux d'intérêt nominal du taux d'intérêt réel. En cela, le taux d'intérêt n'est guère différent des autres variables économiques, comme le revenu. La variable nominale exprime un nombre d'unités monétaires, et la variable réelle correspondante, le « pouvoir d'achat » procuré par ce montant, c'est-à-dire la quantité de biens et de services qu'il est possible d'acheter en le dépensant.

Le rôle de l'inflation

Le taux d'intérêt peut être défini comme la rémunération annuelle en pourcentage reçue pour un placement (ou versée pour un emprunt). Prenons l'exemple d'un placement à un an. Pour le taux d'intérêt nominal, il s'agit simplement de la rémunération monétaire du placement en pourcentage. Quant au taux d'intérêt réel, il est défini par la quantité de biens et services supplémentaire qui pourra être acquise au bout d'un an rapportée à la quantité qui aurait pu être achetée au moment du placement. Le taux d'intérêt réel dépend donc de l'évolution des prix au cours de la durée du placement. Par exemple, si les prix augmentent davantage que le taux d'intérêt, la somme restituée à l'issue du placement a un pouvoir d'achat plus faible qu'elle n'en avait précédemment.

Ainsi, la rémunération réelle des placements peut être négative, si le taux d'inflation excède le taux d'intérêt nominal. Or si le taux d'intérêt nominal est affiché clairement au moment de la décision contractuelle (placement ou emprunt), le taux réel est une variable qui n'est pas directement observable mais dépend des anticipations des agents sur l'évolution ultérieure des prix.

Pour calculer le taux d'intérêt réel, on peut utiliser la relation établie par Irving Fisher en 1930, qui est toujours valable. Celle-ci stipule que le taux d'intérêt nominal est la somme du taux réel et du taux d'inflation anticipé. Par exemple, si le taux d'intérêt nominal est de 4 p. 100, l'inflation anticipée de 2 p. 100, le taux d'intérêt réel est alors de 2 p. 100. Une autre question est de savoir comment anticiper l'inflation. Sur un placement à court terme (moins d'un an), une méthode souvent utilisée consiste à prendre le dernier chiffre d'inflation publié. À plus long terme, cette hypothèse n'est guère viable, on peut lui préférer une moyenne des taux d'inflation observés sur les années précédentes ou les résultats d'un modèle prenant en compte l'ensemble de l'information disponible.[...]

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Écrit par

  • : conseiller scientifique, direction de la stabilité financière, Banque de France, professeur associé, université de Paris-XIII

Classification

Pour citer cet article

Virginie COUDERT. TAUX D'INTÉRÊT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AGENCES DE NOTATION

    • Écrit par Patrick JOLIVET
    • 3 415 mots
    ...crédit. En France, jusqu'au milieu des années 1980, les marchés financiers étaient cloisonnés – marchés monétaire, hypothécaire, obligataire... ; le jeu des taux d'intérêt opérait de façon relativement indépendante sur chacun d'eux, leur accès était restreint à quelques agents économiques particuliers...
  • AGIOS

    • Écrit par André BOYER
    • 371 mots

    En matière bancaire, ensemble des retenues opérées par le banquier, en contrepartie de l'escompte d'un effet de commerce. Les agios et l'escompte ne se confondent pas : l'escompte est le prêt accordé par une banque lorsqu'elle acquiert un effet de commerce avant son échéance ; les agios constituent...

  • ALLAIS MAURICE (1911-2010)

    • Écrit par Universalis, Françoise PICHON-MAMÈRE
    • 1 317 mots

    C'est un économiste français aussi brillant que peu consensuel qui s'est éteint le 9 octobre 2010 à Paris. Participant en 1947 à la première réunion de la très libérale Société du Mont-Pèlerin, partisan de l'Algérie française qui dénonçait le « génocide » commis à l'encontre...

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par Christian de BOISSIEU
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...en tête l'idée d'un niveau « normal » (variable d'un agent à l'autre et dans le temps) pour les grandeurs économiques. Considérons, à titre d'exemple, la question des anticipations de taux d'intérêt. Des anticipations régressives signifient qu'une hausse des taux d'intérêt à la période actuelle fait présager...
  • Afficher les 61 références

Voir aussi