Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TAUX D'INTÉRÊT

Les liaisons internationales de taux d'intérêt

Les arbitrages sur les marchés internationaux conduisent à égaliser les rendements attendus des placements (et des emprunts) sur les différentes monnaies. Par exemple, des placements en euro, en dollar ou en peso mexicain ont théoriquement un rendement attendu équivalent.

La parité des taux d'intérêt non couverte

Considérons l'arbitrage entre deux placements à un an sans risque de défaut sur deux monnaies, l'euro ou le dollar. Un investisseur européen, par exemple, peut placer ses fonds en euros, ce qui lui rapporte le taux d'intérêt sur l'euro. Il peut aussi décider d'investir en dollar en prenant un risque de change. Cette option sera particulièrement rentable si le dollar s'apprécie sur la période. Son placement lui rapporte alors le taux d'intérêt sur le dollar plus l'appréciation du dollar vis-à-vis de l'euro sur la période (ou moins sa dépréciation). Comme l'arbitrage égalise les rendements anticipés entre les deux placements, l'écart de taux d'intérêt entre les deux monnaies doit compenser les variations attendues du change. Le taux d'intérêt sur l'euro doit donc être égal au taux d'intérêt américain plus l'appréciation du dollar anticipée sur la période.

Cette relation est dite de « parité des taux d'intérêt non couverte », car elle porte sur des placements sans couverture du risque de change. Elle est valable dès lors que les capitaux sont mobiles entre les pays et qu'il n'y a pas d'aversion pour le risque. Elle relie l'ensemble des taux d'intérêt et des anticipations de taux de change entre les monnaies. La parité est une relation ex ante, portant sur des anticipations. Elle n'est jamais vérifiée ex post, car la variation des taux de change est toujours différente de l'anticipation qui en était faite, ne serait-ce qu'en raison des nouvelles qui surviennent en cours de période. Les conséquences de la parité des taux d'intérêt non couverte sont bien différentes en change fixe et en change flottant.

Les conséquences en change fixe et en change flottant

Dans les pays à taux de change fixe, les banques centrales doivent fixer le taux d'intérêt de façon à ajuster la parité. C'est le cas de petits pays, autour de la zone euro, comme les nouveaux membres de l'Union européenne. Par exemple, dans un pays qui fixe sa monnaie par rapport à l'euro, le taux d'intérêt doit être égal à celui de la zone euro plus la dépréciation anticipée du taux de change contre euro. Si le taux de change fixe est parfaitement crédible, il suffit au pays d'adopter le même taux d'intérêt que l'euro. Si, comme cela est souvent le cas, les agents anticipent qu'il peut y avoir une dévaluation, le taux d'intérêt doit être fixé à un niveau supérieur à celui de la zone euro, pour compenser la dépréciation attendue. Dans les deux cas, la fixation des taux d'intérêt est complètement déterminée par la politique monétaire du pays dont la monnaie sert d'ancre et par les anticipations du marché. Elle est donc entièrement contrainte par l'objectif de change.

Lorsque les changes sont flottants, au contraire, les taux d'intérêt sont fixés en fonction des objectifs internes, inflation et croissance. C'est le cas des grands pays, comme la zone euro, des États-Unis, du Japon. La parité des taux d'intérêt reste valable, mais c'est le taux de change qui s'ajuste aux variations des taux d'intérêt. Une hausse des taux d'intérêt dans un pays apprécie son taux de change, toutes choses égales par ailleurs, en attirant davantage de capitaux ; à l'inverse, une baisse des taux d'intérêt provoque une dépréciation de la monnaie.

— Virginie COUDERT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : conseiller scientifique, direction de la stabilité financière, Banque de France, professeur associé, université de Paris-XIII

Classification

Pour citer cet article

Virginie COUDERT. TAUX D'INTÉRÊT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AGENCES DE NOTATION

    • Écrit par Patrick JOLIVET
    • 3 415 mots
    ...crédit. En France, jusqu'au milieu des années 1980, les marchés financiers étaient cloisonnés – marchés monétaire, hypothécaire, obligataire... ; le jeu des taux d'intérêt opérait de façon relativement indépendante sur chacun d'eux, leur accès était restreint à quelques agents économiques particuliers...
  • AGIOS

    • Écrit par André BOYER
    • 371 mots

    En matière bancaire, ensemble des retenues opérées par le banquier, en contrepartie de l'escompte d'un effet de commerce. Les agios et l'escompte ne se confondent pas : l'escompte est le prêt accordé par une banque lorsqu'elle acquiert un effet de commerce avant son échéance ; les agios constituent...

  • ALLAIS MAURICE (1911-2010)

    • Écrit par Universalis, Françoise PICHON-MAMÈRE
    • 1 317 mots

    C'est un économiste français aussi brillant que peu consensuel qui s'est éteint le 9 octobre 2010 à Paris. Participant en 1947 à la première réunion de la très libérale Société du Mont-Pèlerin, partisan de l'Algérie française qui dénonçait le « génocide » commis à l'encontre...

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par Christian de BOISSIEU
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...en tête l'idée d'un niveau « normal » (variable d'un agent à l'autre et dans le temps) pour les grandeurs économiques. Considérons, à titre d'exemple, la question des anticipations de taux d'intérêt. Des anticipations régressives signifient qu'une hausse des taux d'intérêt à la période actuelle fait présager...
  • Afficher les 61 références

Voir aussi