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BANQUES CENTRALES

Les banques centrales ont d'abord été des banques commerciales dotées d'une charte et de privilèges plus ou moins étendus d'émission de billets en échange du financement de la dette publique. Cependant, en même temps que leurs fonctions, leur définition a évolué.

À mesure que se développait l'usage de la monnaie scripturale émise par les différentes banques, la banque centrale est devenue la « banque des banques », c'est-à-dire l'agent de leur refinancement. De ce fait, elle exerce une action directe sur leur liquidité en leur fournissant de la monnaie centrale. Dès lors, une question se pose : cette hiérarchisation des systèmes bancaires constatée de nos jours dans tous les grands pays est-elle le résultat d'interventions exogènes de la puissance publique ou est-elle le fruit de forces endogènes, propres à l'évolution des systèmes bancaires qui se seraient eux-mêmes dotés de banques de « premier rang » ?

Le rôle de la banque centrale est aujourd'hui directement relié à l'unité et à la pérennité du système de paiements. Elle est la garante de la monnaie nationale et assure la confiance en elle. Pour cela, elle doit d'abord veiller à la stabilité de la valeur interne et externe de la monnaie : il s'agit là de l'exercice, d'une part, de la politique monétaire et, d'autre part, de celle de change. Mais elle doit aussi être le prêteur en dernier ressort, c'est-à-dire éviter les conséquences, sur le système de paiements, de crises et de défaillances bancaires en chaîne.

Ces fonctions se sont constituées progressivement et ont évolué avec le contexte dans lequel elles s'exerçaient et les instruments dont disposaient les banques centrales. Dans le cadre des systèmes financiers contemporains qui ont connu, depuis 1980, une ouverture et une libéralisation croissante, la politique monétaire doit tenir compte de nouvelles contraintes et d'une perte d'indépendance au niveau national. Aussi a-t-elle été redéfinie, au niveau européen par exemple, où elle est l'affaire de la Banque centrale européenne. La fonction de prêteur ultime est, par ailleurs, l'objet d'un débat renouvelé sur la nécessité d'élargir son champ de compétence à l'ensemble du système financier et de tenir compte de la nécessité d'une coopération internationale.

Émergence des banques centrales

Des expériences historiques différentes

Banque centrale d'Angleterre - crédits : AKG-images

Banque centrale d'Angleterre

L'histoire des banques centrales est relativement récente. Elles sont issues d'expériences spécifiques aux différents pays. Les premières furent créées en Europe afin de répondre aux besoins de financement des États. Il en est ainsi de la Banque d'Angleterre, fondée en 1694 par autorisation du Parlement. Les souscripteurs du nouvel emprunt public lancé à cette époque apportèrent leurs titres pour former le capital de la banque, chargée d'effectuer toutes les opérations bancaires. Celle-ci développa ses escomptes, notamment d'effets publics, auprès de la clientèle privée contre remise de billets, car son activité de caissier de l'État et de gestionnaire de la dette publique en favorisait la circulation. Elle fut d'abord la banque de Londres, n'ayant pas de succursales en province, où circulaient les billets des banques locales. Cependant, un système hiérarchisé se construisit progressivement, les banquiers locaux utilisant leurs relais londoniens pour effectuer la compensation grâce à leurs comptes à la Banque d'Angleterre. Rapidement, cette dernière centralisera les réserves métalliques de tout le royaume. Elle sera ainsi amenée, au fil du développement des relations interbancaires, à jouer, dès le début du xixe siècle, le rôle de banque des banques, bien que cette fonction n'ait pas été prévue à sa création.

Les banques centrales se sont[...]

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Écrit par

  • : professeur d'Université en sciences économiques, université de Paris-XII

Classification

Pour citer cet article

Sylvie DIATKINE. BANQUES CENTRALES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Banque centrale d'Angleterre - crédits : AKG-images

Banque centrale d'Angleterre

Autres références

  • AGIOS

    • Écrit par André BOYER
    • 371 mots

    En matière bancaire, ensemble des retenues opérées par le banquier, en contrepartie de l'escompte d'un effet de commerce. Les agios et l'escompte ne se confondent pas : l'escompte est le prêt accordé par une banque lorsqu'elle acquiert un effet de commerce avant son échéance ; les agios constituent...

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par Christian de BOISSIEU
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...déterminant dans la formation à court terme des taux de change, sont conditionnés par les anticipations d'évolution des taux d'intérêt et des taux de change. La hausse du taux d'escompte de la banque centrale est d'ailleurs un instrument de défense de la monnaie ambigu : elle peut être interprétée par les opérateurs...
  • ARGENTINE

    • Écrit par Jacques BRASSEUL, Universalis, Romain GAIGNARD, Roland LABARRE, Luis MIOTTI, Carlos QUENAN, Jérémy RUBENSTEIN, Sébastien VELUT
    • 37 033 mots
    • 18 médias
    ...proportion, par des titres de la dette publique en dollars – doivent couvrir, au moins à 100 %, la base monétaire, c'est-à-dire les engagements monétaires de la Banque centrale (billets et pièces, dépôts à vue des institutions financières auprès de la Banque centrale et comptes spéciaux). La Banque centrale, devenue...
  • BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE (BCE)

    • Écrit par Jézabel COUPPEY
    • 1 142 mots

    La Banque centrale européenne (B.C.E.) est entrée en fonction le 1er juillet 1998, quelques mois avant l'ultime phase de l'union monétaire (la troisième phase de l'Union économique et monétaire selon le traité sur l'Union européenne signé à Maastricht en 1992), marquée par le basculement à l'...

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Voir aussi