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TAUX D'INTÉRÊT

Les taux d'intérêt à court terme et la politique monétaire

L'essentiel de la politique monétaire des banques centrales consiste à contrôler les taux d'intérêt sur le marché monétaire. Comme les liquidités échangées sur ce marché le sont sur des périodes très courtes (principalement à moins de trois mois), les taux d'intérêt à court terme sont ainsi déterminés par les banques centrales.

Les taux du marché monétaire

La première fonction du marché monétaire est de permettre aux institutions financières d'obtenir le refinancement en liquidité ou « monnaie centrale » nécessaire à leur activité. Cette « monnaie centrale » répond à trois besoins : faire face à leurs obligations de réserves obligatoires, aux retraits en billets de leur clientèle et à la compensation entre banques dans le système des paiements interbancaires. Les banques centrales interviennent sur le marché interbancaire de façon à fournir cette liquidité aux banques.

Par exemple, la Banque centrale européenne (B.C.E.) intervient principalement de deux manières : soit en accordant (ou en acceptant) des prêts à la demande des banques, dans le cadre des « facilités permanentes », soit en conduisant des opérations dites d'open market, qui visent à gérer globalement la liquidité bancaire. Les taux directeurs de la B.C.E. correspondent à ces deux types d'intervention. Ces taux fixes sont déterminés par la banque centrale et leur changement constitue une décision importante de politique monétaire.

Les facilités permanentes permettent aux banques d'emprunter (ou de déposer) des fonds auprès de la banque centrale à un taux fixé à l'avance par la banque centrale de manière discrétionnaire. Pour obtenir de la liquidité, les banques ont recours aux facilités de prêts. Comme leur montant n'est pas contingenté et que toutes les banques peuvent les utiliser, leur taux constitue un plafond pour les taux d'intérêt interbancaire du marché au jour le jour, dit Eonia (european overnight index average). De même, comme il existe des facilités de dépôts non contingentées, leur taux d'intérêt forme un plancher pour le marché interbancaire au jour le jour. Ainsi les taux des facilités permanentes fixent les bornes d'un corridor dans lequel évoluent les taux interbancaires.

Les interventions des banques centrales sur l'open marketprennent principalement la forme de prises en pension (ou repurchase agreements ou repo). Par les prises en pension, le prêteur fournit temporairement des liquidités contre des titres, qui sont restitués à l'emprunteur à l'échéance. Ces opérations sont réalisées par appel d'offres, les fonds étant alloués aux banques proposant les taux d'intérêt les plus élevés. Le taux directeur de la B.C.E. est le taux de soumission minimal à ces appels d'offre. C'est un taux fixe, dont les variations sont décidées lors d'un Conseil des gouverneurs, en raison de la situation économique. Aux États-Unis, le taux des fonds fédéraux (federal funds) joue un rôle analogue. La décision de faire varier ce taux est l'une des plus importantes de la politique monétaire.

Dans certains pays comme les États-Unis, il existe un autre taux directeur fixé par la banque centrale, qui est le taux de réescompte. Ce mode de refinancement est octroyé à l'initiative des banques mais, contrairement aux autres avances de la banque centrale, son accès est contingenté. Aux États-Unis par exemple, le réescompte est limité aux situations de détresse bancaire, si bien que son taux n'a pas une incidence majeure mais seulement un rôle de signal.

Les banques centrales ne fixent donc que trois ou quatre taux directeurs du marché monétaire, et ces taux ne varient que de manière épisodique. Le reste des taux résultent de l'offre et la demande. Cependant, en intervenant[...]

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Écrit par

  • : conseiller scientifique, direction de la stabilité financière, Banque de France, professeur associé, université de Paris-XIII

Classification

Pour citer cet article

Virginie COUDERT. TAUX D'INTÉRÊT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AGENCES DE NOTATION

    • Écrit par Patrick JOLIVET
    • 3 415 mots
    ...crédit. En France, jusqu'au milieu des années 1980, les marchés financiers étaient cloisonnés – marchés monétaire, hypothécaire, obligataire... ; le jeu des taux d'intérêt opérait de façon relativement indépendante sur chacun d'eux, leur accès était restreint à quelques agents économiques particuliers...
  • AGIOS

    • Écrit par André BOYER
    • 371 mots

    En matière bancaire, ensemble des retenues opérées par le banquier, en contrepartie de l'escompte d'un effet de commerce. Les agios et l'escompte ne se confondent pas : l'escompte est le prêt accordé par une banque lorsqu'elle acquiert un effet de commerce avant son échéance ; les agios constituent...

  • ALLAIS MAURICE (1911-2010)

    • Écrit par Universalis, Françoise PICHON-MAMÈRE
    • 1 317 mots

    C'est un économiste français aussi brillant que peu consensuel qui s'est éteint le 9 octobre 2010 à Paris. Participant en 1947 à la première réunion de la très libérale Société du Mont-Pèlerin, partisan de l'Algérie française qui dénonçait le « génocide » commis à l'encontre...

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par Christian de BOISSIEU
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...en tête l'idée d'un niveau « normal » (variable d'un agent à l'autre et dans le temps) pour les grandeurs économiques. Considérons, à titre d'exemple, la question des anticipations de taux d'intérêt. Des anticipations régressives signifient qu'une hausse des taux d'intérêt à la période actuelle fait présager...
  • Afficher les 61 références

Voir aussi